Justice – NE Prison à vie requise au tribunal de Boudry

ATS

20.3.2019 - 18:39

Le drame s'était produit dans la nuit du 4 au 5 août 2017 dans cette maison des Verrières (archives).
Le drame s'était produit dans la nuit du 4 au 5 août 2017 dans cette maison des Verrières (archives).
Source: KEYSTONE/LAURENT GILLIERON

Assassinat pour le Ministère public, crime passionnel pour la défense: le Tribunal criminel de Boudry (NE) devra trancher au sujet du double homicide des Verrières d'août 2017. Le prévenu encourt la prison à vie lors d'un verdict qui sera rendu vendredi à 14h00.

Ce quinquagénaire a comparu mercredi matin pour avoir tué son ancienne compagne et le nouvel ami de celle-ci aux Verrières (NE), village du Val-de-Travers situé à la frontière avec la France. Il les avait abattus avec une arme de poing dans l'appartement de son ex-concubine avant de se rendre sans résistance à la police.

Mercredi au Tribunal criminel du Littoral et du Val-de-Travers, le procureur Marc Rémy a décrit «la froideur de l'exécution» des victimes au cours de cette nuit du 4 au 5 août 2017. «Le prévenu n'a pas parlé, il a tiré», a-t-il dit. Il a relevé que la femme n'avait pas été tuée sur le coup et que l'accusé était venu l'achever «entre 10 et 12 minutes» plus tard. «Cela montre une absence totale de scrupules», a estimé le représentant du Ministère public.

Le procureur a rapporté une «escalade de la violence» depuis le moment où le prévenu a compris que son ancienne compagne avait un nouvel amant, deux jours avant le crime. «Il y a eu une violence verbale, puis physique, puis des menaces de mort», a-t-il expliqué.

Double assassinat

Le procureur a aussi affirmé que le prévenu, contrairement à son récit, était venu attendre ses victimes le soir du drame. Il a par ailleurs estimé que l'alcool consommé ce soir-là par l'accusé n'altérait pas sa responsabilité pénale.

Au terme de son réquisitoire, le représentant du Ministère public a conclu qu'il fallait retenir la thèse du double assassinat. Il a requis une peine privative de liberté à vie.

Le procureur a été suivi par les avocats des parties plaignantes. Ceux-ci ont tour à tour fait état d'un crime «cruel», d'un mobile «futile» et «odieux» ainsi que d'une personnalité «narcissique, sans aucune empathie» chez le prévenu.

«Par désespoir»

De son côté, la défense a reconnu la «faute lourde» de l'accusé. Mais selon elle, il s'agit d'un crime passionnel, et non d'un assassinat. «Mon mandant a agi par désespoir. Il espérait toujours refaire sa vie avec cette femme. Quand il a compris qu'il y avait un autre homme, tout s'est écroulé», a noté l'avocate du prévenu. «C'est un amant éconduit et un père qui a eu peur de perdre ses deux enfants» qui a agi de la sorte, a-t-elle ajouté.

La défense a aussi contesté la préméditation du crime. Elle a nié le fait que le prévenu soit venu attendre ses victimes le soir du drame, mais aussi remis en cause les menaces qui auraient été proférées les jours précédents.

Avant le réquisitoire et les plaidoiries, l'accusé a pu revenir mercredi matin sur son acte. Le quinquagénaire, actuellement détenu à la prison de Gorgier (NE), a expliqué qu'il n'avait que des souvenirs flous. «Je n'arrive pas à faire le point dans ma tête. Il y a plein de trous noirs», a-t-il affirmé. Il a souvent répété «Je ne sais pas» aux questions qui lui étaient posées.

Problème d'alcool

L'accusé a assuré que la victime était «la femme de (sa) vie», et qu'il avait toujours espéré revivre avec elle et leurs deux enfants. «Je suis désolé pour tout le mal que j'ai fait», a-t-il dit avant de fondre en larmes.

Rentier AI au moment du crime, il a décrit un quotidien familial chaotique avec son ex-compagne, entaché par de gros problèmes d'alcool. «Nous étions deux alcooliques», a-t-il reconnu.

«L'alcool a rongé ce couple et l'a emporté dans l'enfer», a commenté l'avocate de la défense. «Entre la précarité sociale, les difficultés financières et l'alcool, on est un peu comme dans un roman d'Emile Zola», a noté le procureur.

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ATS