Procès Nicolas Zepeda Un flot de questions et des larmes

ATS

31.3.2022 - 21:42

Nicolas Zepeda encourt la réclusion criminelle à perpétuité pour meurtre avec préméditation. Le procès doit se poursuivre jusqu'au 12 avril (image d'illustration).
Nicolas Zepeda encourt la réclusion criminelle à perpétuité pour meurtre avec préméditation. Le procès doit se poursuivre jusqu'au 12 avril (image d'illustration).
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Au troisième jour de son procès à Besançon, où il répond de l'assassinat de Narumi Kurosaki, Nicolas Zepeda a maintenu que l'étudiante japonaise était vivante après leurs «belles retrouvailles». Il a toutefois versé quelques larmes face à un flot de questions sur ses incohérences.

Keystone-SDA

Le Chilien de 31 ans a assuré jeudi devant la cour d'assises du Doubs avoir quitté la résidence universitaire de la jeune femme de 21 ans au terme de ces «belles retrouvailles» de trente heures, le 6 décembre 2016, jour de la disparition de l'étudiante.

Pourtant, après ces retrouvailles, il n'a jamais contacté Narumi, ni sa famille. «Pourquoi?», a attaqué l'un des avocats des parties civiles, Randall Schwerdorffer. «Vous aviez peut-être raison de ne pas l'appeler, si elle ne pouvait pas répondre. On n'appelle pas un mort».

Mensonges

Le Chilien de 31 ans, qui clame son innocence et répondait jusque là d'une voix ferme et assurée, n'a pas achevé sa phrase, épongeant quelques larmes.

Plus tôt, Sylvie Galley, l'avocate de la famille de Narumi, avait demandé à l'accusé s'il lui «arrive de mentir». Elle évoquait les messages prétendument envoyés par l'étudiante après sa disparition mais attribués à M. Zepeda par les enquêteurs. D'étranges messages avec un énigmatique «merci de t'en soucier» en français, répété à plusieurs reprises.

«Je n'ai pas l'intention de mentir, j'essaie de faire toujours ce qui est correct», a répondu l'accusé, imperturbable, après un moment de silence.

Interrogé sur sa venue à Besançon où Narumi Kurosaki étudiait depuis l'été 2016 alors qu'ils avaient rompu à l'automne, Nicolas Zepeda a répondu la plupart du temps d'un air assuré, quitte à esquiver et à reprendre les interprètes qui assurent une traduction simultanée des débats.

Jalousie

«Cette enquête n'est pas exhaustive», a-t-il critiqué. Mais pour l'accusation, les choses sont claires: il n'a pas supporté la rupture et a étouffé Narumi avant de se débarasser de son corps, jamais retrouvé, dans une forêt du Jura.

Cherchant à écarter l'idée de retrouvailles houleuses, son avocate, Jacqueline Laffont, a produit devant la cour des photos des deux jeunes, souriants, lors de la soirée du 4 décembre.

«C'était une joie réciproque de vous retrouver?», a-t-elle demandé à son client. «Effectivement», a répondu le jeune l'homme, réfutant par la suite avoir fait preuve d'une «jalousie excessive».

Une jalousie à l'égard notamment des autres garçons que côtoyait l'étudiante. Dans une vidéo enregistrée le 7 septembre 2016 et diffusée à l'audience, le Chilien pose ses «conditions», mais affirme qu'elles resteront «sans effet» si elles s'y plie. Menaçant, il ajoute qu'elle doit «payer un petit coût pour ce qu'elle a fait». Une sorte de «journal intime», a balayé Nicolas Zepeda.

Qu'a pu ressentir Narumi Kurosaki en recevant cette vidéo? «Vous semblez ne pas répondre à la question», s'agace le président de la cour après plusieurs tentatives. «Vous la surveillez et vous lui imposez d'être une 'meilleure fille'», insiste Me Galley face à un accusé qui cède à l'énervement en fin d'audience.

«Narumi avait peur»

En visioconférence depuis Tokyo, les jeunes femmes qui étudiaient avec Narumi Kurosaki en 2016 à Besançon, ont confirmé jeudi «qu'elle avait un problème avec son ex-petit ami».

«Narumi avait peur de lui», a confié Kaori Nishida. «Il lui avait dit qu'il viendrait la retrouver en France, elle ne savait pas quoi faire», a abondé Miharu Kimura. «Elle était très embêtée».

Celle-ci remarquera, quand la chambre de Narumi sera ouverte quelques jours après sa disparition, qu'il manquait une valise, ainsi qu'une couverture: «J'ai eu le sentiment que quelque chose de lugubre était arrivé».

L'avocat général Etienne Manteaux a aussi noté l'absence de serviettes de toilette, avant d'évoquer une possible mort par strangulation.

Nicolas Zepeda encourt la réclusion criminelle à perpétuité pour meurtre avec préméditation. Le procès doit se poursuivre jusqu'au 12 avril.