Procès en appel de MazanGisèle Pelicot face à un dernier accusé, qui dit s'être fait «piéger»
ATS
6.10.2025 - 15:51
Un an après le procès en France des viols de Mazan, qui a retenti dans le monde entier, Gisèle Pelicot est à nouveau confrontée à partir de lundi à un de ses agresseurs présumés. Il s'agit du seul à avoir maintenu son appel contre sa condamnation.
Viols de Mazan: ouverture du procès en appel
Un an après le retentissement mondial du procès dit des "viols de Mazan", Gisèle Pelicot va reprendre le chemin du tribunal, cette fois à Nîmes, et cette fois face à un seul accusé. Parmi les 51 hommes jugés à Avignon, un seul a finalement fait appel
03.10.2025
Keystone-SDA
06.10.2025, 15:51
06.10.2025, 16:06
ATS
Dans une veste rose, soutenue par Florian, l'un de ses fils, elle est arrivée souriante au tribunal sous les applaudissements mais sans faire de déclaration. Cette mère de famille avait été violée pendant une dizaine d'années chez elle par des dizaines d'inconnus à l'instigation de son mari, qui la droguait préalablement.
Cinquante accusés avaient comparu en première instance lors d'un procès fleuve où de lourdes peines avaient été prononcées. La décision de Gisèle Pelicot de témoigner à visage découvert avait fait d'elle une icône féministe à travers le monde.
Gisele Pelicot arrive à la cour d'appel chargée d'examiner le recours d'un homme contestant sa condamnation, moins d'un an après le verdict historique rendu dans un procès pour viol sous drogue qui a bouleversé la France, lundi 6 octobre 2025 à Nîmes, dans le sud de la France. (AP Photo/Lewis Joly)
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Condamné en première instance à neuf ans de prison, l'accusé ayant maintenu son appel, Husamettin Dogan, un ex-ouvrier du bâtiment de 44 ans qui comparaît libre, encourt à nouveau 20 ans de réclusion.
Lundi, il est entrée au tribunal dissimulé derrière une casquette, un masque et des lunettes, marchant en s'appuyant sur une béquille. La pression sur lui est forte car, à l'inverse du premier procès où les 50 accusés avaient défilé à la barre pendant quatre mois, il concentre sur lui seul l'intérêt médiatique.
Devant le palais, des soutiens à Gisèle Pelicot brandissaient des pancartes comme «Ras le viol» ou «Violeurs, la honte». Une poignée de «Tricoteuses Hystériques», collectif féministe, étaient également installées avec leurs pelotes de laine et des slogans sur tricot. «Nous sommes là pour soutenir Gisèle Pelicot, qui est la victime de ce procès, mais également montrer que les associations féministes, les femmes, qui, je le rappelle, sont 52% de l'électorat français, se battent pour leurs droits», explique à l'AFP Vigdis Morisse-Herrera.
«Nouvelle vie»
Plus de 100 journalistes du monde entier sont à nouveau accrédités pour ce procès. L'accusé devra s'exprimer pour dire s'il reconnaît ou non les faits qui lui sont reprochés, à savoir des «viols aggravés» sur Mme Pelicot, la nuit du 28 juin 2019 au domicile du couple à Mazan (Vaucluse).
Il «maintient qu'il n'a jamais eu l'intention de violer qui que ce soit», a indiqué un de ses avocats, Jean-Marc Darrigade, précisant qu'il pensait participer à une soirée libertine consentie et s'est fait «piéger» par l'époux, Dominique Pelicot, dont la victime a divorcé depuis.
Reconnu comme étant le «chef d'orchestre» des viols, Dominique Pelicot a été condamné à 20 ans de prison. Après avoir été au centre du premier procès, il comparaîtra en tant que témoin mardi après-midi.
Gisèle Pelicot «aurait vraiment préféré se concentrer sur sa nouvelle vie et sur son avenir. Mais elle doit en passer par là parce que c'est la condition pour vraiment tourner la page. Donc elle y va et elle est combative», assure à l'AFP l'un de ses avocats, Antoine Camus. A la différence de la première audience, on sera cette fois, comme c'est le plus fréquent, dans «une configuration où une victime seule fait face à son son violeur seul», relève-t-il.
Icône féministe
Gisèle Pelicot, 72 ans, a été érigée en icône féministe il y a un an pour avoir clamé que «la honte doit changer de camp», refusant que le procès en première instance se déroule à huis clos. Un geste éminemment politique «pour que toutes les femmes victimes de viol se disent +Madame Pelicot l'a fait, on peut le faire+», selon Me Camus.
L'accusé sera confronté de nouveau aux vidéos des faits, filmés et méticuleusement archivés par Dominique Pelicot, sur lesquelles on le voit notamment pénétrer à plusieurs reprises la victime, endormie et ronflant.
Pour Gisèle Pelicot, qui sera soutenue durant le procès par son fils Florian, «il n'y a pas de petit viol», insiste Me Camus. «Elle a besoin que la justice lui dise +Madame, tous les viols que l'on a vus sur les vidéos, oui, ce sont bien des viols+».