Pierre MaudetProcès en appel de Pierre Maudet: le procureur en veut davantage
tb, ats
12.10.2021 - 19:23
Le Ministère public genevois a demandé mardi lors du procès en appel de Pierre Maudet de retenir une infraction plus globale par rapport à son voyage à Abu Dhabi. Selon le procureur, l'ex-conseiller d'Etat s'est mis dans une position où il pouvait être redevable envers la Couronne émiratie.
Keystone-SDA, tb, ats
12.10.2021, 19:23
ATS
«Quand on exerce les plus hautes fonctions publiques, on ne peut pas se croire au-dessus des lois», a lancé le premier procureur Stéphane Grodecki au début de son réquisitoire devant la Chambre pénale d'appel et de révision. Selon le Ministère public, Pierre Maudet n'a toujours pas compris ce principe.
Pour rappel, l’ex-conseiller d’Etat reconverti dans la cybersécurité après sa non-élection au printemps dernier avait été reconnu coupable en première instance d'acceptation d'un avantage en lien avec son voyage en famille à Abu Dhabi. Le Tribunal de police avait estimé qu'il s'était accommodé du risque de se faire influencer dans l'exercice de ses fonctions en acceptant un tel cadeau.
Le magma
Selon le réquisitoire, Pierre Maudet s'est mis dans une position d'être redevable non seulement par rapport aux deux hommes d'affaires qui avaient rendu ce séjour possible, mais aussi par rapport à la Couronne émiratie qui avait payé ce séjour luxueux. Le Tribunal de police n'avait retenu que les liens avec les deux entrepreneurs .
L'avantage est offert à Pierre Maudet, car il est alors conseiller d'Etat: le but est d'améliorer l'image de la Couronne, insiste M.Grodecki. Pour le procureur, Pierre Maudet voulait depuis le début profiter de la vie, du soleil et du Grand Prix de F1. «Il choisit de se mettre dans un magma, car l'envie de voyager est plus forte», ajoute-t-il.
Le caractère semi-privé, semi-officiel de ce séjour défendu par Pierre Maudet est démonté par le procureur. Il estime que le programme tournait autour des cigares, des piscines et de la F1.
«On ose tout»
L'intervention des deux entrepreneurs qui ont fait jouer leurs relations pour mettre Pierre Maudet sur la liste des invités est déterminante, affirme le procureur. Sans eux, il n'y aurait pas eu de voyage. La théorie selon laquelle ces deux entremetteurs voulaient simplement aider la République est aussi mise en pièces dans le réquisitoire.
Après le voyage, les deux hommes d'affaires ont sollicité l'ex-chef de cabinet de Pierre Maudet à de multiples reprises et sur de nombreux sujets. Un sondage électoral en faveur de la campagne de Pierre Maudet et financé par leur entremise renforce cette dynamique «où on ne se refuse rien, où on ose tout», explique le procureur qui réclame des condamnations sur ce volet.
Comme en première instance, le procureur a réclamé une peine de 14 mois de prison avec sursis à l'encontre de Pierre Maudet ainsi qu'à l'encontre de son ex-chef de cabinet Patrick Baud-Lavigne qui l'accompagnait à Abu Dhabi. S'agissant des deux entrepreneurs, il a demandé une peine de 12 mois avec sursis pour Magid Khoury et de 8 mois avec sursis pour d'Antoine Daher.
En février dernier, le Tribunal de police avait condamné Pierre Maudet à 300 jours-amendes avec sursis. Le Tribunal de police avait estimé que l'ex-conseiller d'Etat s'était accommodé du risque de se faire influencer dans l'exercice de ses fonctions en acceptant le séjour à Abu Dhabi estimé à 50'000 francs.
L'ex-chef de cabinet avait été condamné à 360 jours-amendes pour avoir participé à ce voyage, pour instigation à abus d'autorité et violation du secret de fonction. Les deux entrepreneurs, soit Magid Khoury et Antoine Daher, ont écopé respectivement de 240 et 180 jours-amendes avec sursis pour avoir octroyé un avantage dans le but de s'assurer la bienveillance d'un conseiller d'Etat.
Le procès en appel se poursuit mercredi avec les plaidoiries des avocats des quatre prévenus. Ils plaideront tous l'acquittement.