Condamné pour escroquerie Une expulsion en Libye? Ce prédicateur suisse a peur pour sa sécurité

zc, ats

12.6.2024 - 15:24

Condamné en première instance pour escroquerie et discrimination raciale, l'ancien prédicateur laïc Abu Ramadan se bat depuis mercredi contre son expulsion, devant la Cour suprême du canton de Berne. Ce Libyen de 70 ans établi à Nidau, près de Bienne, rejette les accusations et souhaite continuer à vivre en Suisse.

Le prédicateur libyen Abu Ramadan rejette les accusations de discrimination raciale et d'escroquerie à l'aide sociale lors de sa comparution devant le tribunal régional à Bienne.
Le prédicateur libyen Abu Ramadan rejette les accusations de discrimination raciale et d'escroquerie à l'aide sociale lors de sa comparution devant le tribunal régional à Bienne.
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Un retour dans son pays d'origine, la Libye, n'est pas envisageable, a affirmé Abu Ramadan en ouverture de l'audience d'appel. Il ne pourrait pas y vivre en sécurité. Il a assuré éprouver beaucoup de respect et de reconnaissance pour la Suisse, qui l'a accueilli comme demandeur d'asile en 1998 alors qu'il fuyait le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.

La majeure partie de sa famille vit en Suisse et il y a de nombreux amis, a-t-il relevé. L'homme a perdu son statut de réfugié fin 2017.

Aide sociale en question

Le septuagénaire comparaît devant la Cour suprême après avoir fait appel de la condamnation en première instance pour escroquerie et discrimination raciale. En 2022, le tribunal régional de Bienne l'avait condamné à 14 mois de prison avec sursis, peine assortie d'une expulsion de six ans.

Selon la cour, il avait perçu illégalement 45'000 francs d'aide sociale parce qu'il avait dissimulé des revenus provenant de pèlerinages. En outre, il avait incité à la haine envers les personnes d'autres confessions dans une mosquée de Bienne. L'affaire avait été rendue publique en été 2017 par un reportage de l'émission «Rundschau» de la télévision suisse alémanique.

Sermon «contre les corrompus»

Mercredi, Abu Ramadan a de nouveau rejeté les accusations. Dans le cadre de son activité bénévole à la mosquée, des flux financiers ont certes eu lieu entre les pèlerins, lui et les organisateurs de voyages. Mais tout s'est déroulé dans les règles, lui-même n'ayant pas profité financièrement de ces évènements, a-t-il souligné.

Il a également rejeté l'accusation de discrimination raciale. Le sermon incriminé portait sur la corruption. Il n'a fait que dénoncer les corrompus parmi les juifs et les membres d'autres religions.

Abu Ramadan a, selon ses propres dires, prononcé plus de 300 sermons en tant que laïc. Aujourd'hui, il ne se rend plus à la mosquée que pour prier.

Voyages réguliers en Libye

L'ancien prédicateur aurait déjà dû comparaître en novembre dernier. L'audience avait toutefois été annulée, Abu Ramadan ayant fait valoir un effondrement psychique après les graves inondations en Libye.

Par le passé, Abu Ramadan s'est régulièrement rendu en Libye, la dernière fois, selon ses dires, après ces inondations catastrophiques de 2023. Ce n'est qu'avec de grandes difficultés qu'il a pu ensuite quitter le pays, a-t-il expliqué.

Le jugement de la Haute Cour est attendu vendredi.

zc, ats