Justice française Procès à Strasbourg de l'assassin présumé d'une étudiante de 20 ans

ATS

27.6.2022 - 15:28

Le procès de l'assassin présumé de l'étudiante Sophie Le Tan en 2018 près de Strasbourg s'est ouvert lundi devant les assises du Bas-Rhin. L'homme de 61 ans a reconnu avoir tué la jeune femme de 20 ans et avoir ensuite découpé son corps. Il encourt la perpétuité.

Les assises du Bas-Rhin se penchent depuis lundi sur un crime particulièrement sordide. Un homme est accusé d'avoir tué une jeune étudiante puis d'avoir démembré le cadavre qu'il a abandonné dans une forêt (photo prétexte).
Les assises du Bas-Rhin se penchent depuis lundi sur un crime particulièrement sordide. Un homme est accusé d'avoir tué une jeune étudiante puis d'avoir démembré le cadavre qu'il a abandonné dans une forêt (photo prétexte).
ATS

Keystone-SDA

L'accusé a pris place dans le box des accusés dans une atmosphère de grande tension. Effondrée, la mère de la victime a dû être évacuée de la salle au début de l'audience. Les proches de la jeune femme disent ne rien attendre de l'accusé qui a mis plus de deux ans à avouer le meurtre en 2018 de l'étudiante.

«La famille est cassée, massacrée. Elle va assister au procès et c'est une épreuve de plus», a déclaré à la presse avant l'audience l'avocat des proches de Sophie Le Tan, Gérard Welzer. «Rien ne pourra ramener Sophie, on n'attend rien de l'accusé, qui n'a pas arrêté de mentir depuis le départ», a ajouté l'avocat.

«C'est un procès qui va être difficile, dans lequel le facteur humain sera présent à chaque seconde, un procès douloureux surtout pour la famille de Sophie Le Tan», a déclaré de son côté Francis Metzger, l'un des avocats de la défense.

Deux thèses s'affrontent

Assassinat avec un piège minutieusement préparé pour attirer des jeunes femmes seules à la recherche d'un appartement ou, comme le maintient le prévenu, meurtre sous le coup de la colère après des avances refusées. Les jurés auront jusqu'au 5 juillet pour essayer de comprendre ce qui s'est passé le 7 septembre 2018 à Schiltigheim, commune limitrophe de Strasbourg.

Décrite par ses proches comme une jeune fille sans histoire, Sophie Le Tan a disparu le jour de son vingtième anniversaire. Elle s'était rendue le matin à une visite d'appartement et ses proches n'ont plus réussi à la joindre ensuite. Excluant d'emblée le scénario de la fugue, ils se sont inquiétés très rapidement.

Leurs appels sur les réseaux sociaux, parallèlement aux recherches policières, ont fait réagir d'autres étudiantes qui avaient répondu à la même annonce de location, mais n'avaient jamais vu personne arriver. L'accusé aurait épié le point de rendez-vous depuis chez lui, sans donner suite quand les jeunes femmes étaient accompagnées.

Déjà accusé de viols

Par ces témoignages et grâce à la téléphonie, la piste est rapidement remontée jusqu'à cet homme, déjà condamné pour viols en 2003 et acquitté faute de preuve dans une autre affaire de disparition en 2001. Celui qui a déjà fait face à quatre procès d'assises est interpellé le 15 septembre 2018.

Les perquisitions dans son appartement montrent d'importantes traces de sang soigneusement effacées et l'ADN de la victime sur une scie dans sa cave. Si ses explications évolueront au fur et à mesure des interrogatoires, le prévenu niera être impliqué dans la mort de Sophie Le Tan malgré les preuves accablantes, jusqu'à des aveux inattendus en janvier 2021.

Si l'accusé évoque des coups et une chute, l'état du corps de la victime n'a pas permis de déterminer la cause de la mort ni d'éventuelles violences sexuelles. «J'espère qu'il s'expliquera davantage, qu'il s'adressera à la famille, on va essayer de le mettre dans les meilleures dispositions possibles pour qu'il s'explique», a repris Pierre Giuriato, autre avocat de la défense.

Décrit comme narcissique et très sûr de lui selon des experts, l'accusé est isolé en détention provisoire à la maison d'arrêt de Strasbourg depuis trois ans et demi. Il sera interrogé sur le fond de l'affaire vendredi.