Quatre jours après la dernière inculpation de Donald Trump, le bras de fer opposant le ténor républicain aux autorités judiciaires s'est durci. Les procureurs ont dénoncé un post menaçant du milliardaire visant potentiellement des témoins dans le dossier.
05.08.2023, 19:00
ATS
M. Trump s'est défendu samedi de toute pression, assurant s'adresser à ses opposants politiques et non aux témoins ou aux enquêteurs qui le poursuivent pour avoir tenté d'inverser les résultats de la présidentielle 2020 et favorisé l'assaut du Capitole le 6 janvier 2021.
Dans un message publié vendredi après-midi sur son réseau social Truth Social, au lendemain de sa comparution devant un tribunal fédéral de Washington, le candidat à la Maison Blanche a déclaré en lettres capitales: «Si vous me cherchez, vous allez me trouver!».
Protéger les preuves
Quelques heures plus tard, l'équipe du procureur spécial Jack Smith a saisi la juge Tanya Chutkan, appelée à présider le futur procès de l'ex-président. Elle lui a demandé de prendre une injonction visant à protéger les preuves et les témoins de cette affaire retentissante.
Pour appuyer leur demande, les procureurs ont souligné l'habitude de Donald Trump de commenter publiquement ses déboires judiciaires: «L'inculpé a déjà fait des déclarations publiques sur des réseaux sociaux concernant des témoins, des juges, des avocats et d'autres personnes associées à des affaires judiciaires en cours contre lui.» Leur argumentaire cite précisément le message de vendredi.
L'inquiétude des procureurs est alimentée par le fait que, selon le principe du débat contradictoire, les avocats de M. Trump vont se voir communiquer toute une série de documents ayant alimenté le dossier de mise en accusation, notamment émanant du grand jury, ce panel de citoyens chargé d'enquêter et d'éventuellement recommander une inculpation dans la procédure pénale américaine.
«Effet dissuasif»
«Si l'inculpé venait à émettre publiquement des messages en utilisant des détails – ou, par exemple, des notes du grand jury – (...) cela pourrait avoir un effet dissuasif sur les témoins ou nuire à la bonne gestion par la justice de cette affaire», détaille le document signé par Jack Smith.
«L'injonction proposée cherche à empêcher la diffusion ou l'utilisation inappropriées des documents de la procédure, notamment au public», insiste le procureur, devenu la bête noire de Donald Trump.
«Liberté d'expression»
Dans un communiqué diffusé tôt samedi par son équipe de campagne, M. Trump s'est défendu de toute intimidation. Il a assuré que son message semblant comminatoire s'inscrivait dans les frontières de la «libre expression politique» et en était même un «parfait exemple». Selon lui, les mots étaient notamment «en réponse à ceux qui n'ont de républicain que le nom» ou encore «aux amoureux de la Chine».
Donald Trump, qui se dit victime d'une «chasse aux sorcières», a plaidé jeudi non coupable des quatre chefs d'accusation qui le visent. Fin août sera fixée la date du procès, le procureur Smith souhaitant voir l'affaire jugée «sans délai».
Le républicain a aussi été inculpé au pénal pour sa gestion supposée négligente de documents confidentiels de la Maison Blanche et dans celle de paiements suspects à une ancienne actrice de films X.
La juge Tanya Chutkan a donné samedi aux conseils de M. Trump jusqu'à lundi 17h00 (01h00 suisses mardi) pour faire parvenir au tribunal leur réponse à la requête du procureur Smith.