La mère de Louisa, l'une des deux jeunes Scandinaves décapitées fin 2018 au Maroc au nom du groupe Etat islamique (EI), a appelé jeudi les juges marocains à condamner à la peine de mort les accusés ayant reconnu le crime.
«Le plus juste serait de donner à ces bêtes la peine de mort qu'ils méritent, je vous le demande», a déclaré Helle Petersen dans une lettre lue par son avocat devant le tribunal antiterroriste de Salé, près de Rabat. Une ultime audience aura lieu le 18 juillet pour que les 24 accusés puissent prononcer leurs dernières paroles avant que les juges ne se retirent pour délibérer.
Louisa Vesterager Jespersen, une étudiante danoise de 24 ans, et son amie Maren Ueland, une Norvégienne de 28 ans, ont été tuées alors qu'elles campaient sur un site isolé dans le Haut-Atlas, une région montagneuse du sud du Maroc prisée des randonneurs.
Un groupe de 24 hommes soupçonnés d'être liés à ces meurtres et/ou d'appartenir à une cellule djihadiste est jugé depuis le 2 mai devant la chambre criminelle de la cour d'appel de Salé, compétente en première instance pour les affaires terroristes.
«Vie détruite»
«Ma vie a été détruite au moment où deux policiers sont venus à ma porte le 17 décembre pour m'annoncer la mort de ma fille (....) je ne sais pas à quel point elle a souffert», a déploré la mère de Louisa dans son message lu dans un silence total, en présence des accusés aux visages impassibles.
Le cerveau du groupe, Abdessamad Ejjoud, un marchand ambulant de 25 ans, a avoué avoir organisé l'expédition meurtrière avec deux compagnons. Il a également diffusé sur les réseaux sociaux des images de la décapitation et une déclaration d'allégeance à l'EI, groupe djihadiste qui n'a jamais revendiqué le double assassinat.
Younes Ouaziyad, un menuisier de 27 ans, et Rachid Afatti, 33 ans, qui avait filmé la scène avec son téléphone portable, ont également avoué leur responsabilité dans le crime. L'accusation a requis le 27 juin la peine de mort pour les trois «monstres sanguinaires».
«Circonstances atténuantes»
Des peines de prison allant jusqu'à la perpétuité ont été demandées contre les 21 autres accusés. Ceux-ci sont poursuivis pour «constitution d'une bande en vue de commettre des actes terroristes».
Les trois principaux accusés sont «victimes de leur condition sociale, de la pauvreté et de l'analphabétisme», a affirmé jeudi leur avocate Me Hafida Mekessaoui, en plaidant pour des «circonstances atténuantes». Elle a aussi demandé une expertise psychiatrique en affirmant que les trois hommes étaient des «déséquilibrés» sous influence.
Quatre avocats représentant les autres prévenus ont ensuite demandé aux juges de prononcer l'acquittement ou de retenir des circonstances atténuantes.
Un Hispano-Suisse demande l'acquittement
Sur le banc des accusés figure un Hispano-Suisse converti à l'islam. Seul étranger du groupe, Kevin Zoller Guervos a, selon le procureur, appris aux principaux suspects à utiliser une messagerie cryptée et les a «entraînés au tir». L'accusation a requis 20 ans de prison contre lui.
Son avocat Me Saad Sahli a plaidé jeudi l'acquittement car «rien ne prouve qu'il est coupable des accusations portées contre lui». Il a en outre «coupé les ponts avec Ejjoud et d'autres prévenus il y a an et demi dès qu'il a su qu'ils avaient des idées extrêmes», a-t-il poursuivi. «Kevin est comme un enfant tombé entre les mains d'assassins», a soutenu Me Sahli.
En réponse aux demandes d'indemnisation de la famille de Louisa qui réclame dix millions de dirhams (plus d'un million de francs) de dommages en invoquant la «responsabilité morale» de l'Etat, l'Agent judiciaire représentant le Maroc a pour sa part réfuté dans la matinée de jeudi toutes les «défaillances» invoquées par la partie civile. «Le risque zéro n'existe pas», a-t-il affirmé.
Des pétitions réclamant la peine de mort pour les assassins des deux touristes ont circulé sur Internet, le double assassinat ayant suscité une grande émotion. Des condamnations à la peine capitale sont toujours prononcées au Maroc, mais un moratoire sur les exécutions est appliqué de facto depuis 1993 et l'abolition de la peine capitale fait débat.
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