Faits divers Psychodrame chez les Johnson sur fond de Brexit

AFP

6.9.2019 - 16:04

Comme s'il n'avait pas assez d'ennuis avec sa majorité, le Brexit et des élections, Boris Johnson a dû faire face à l'humiliante défection de son frère Jo, fervent pro-européen comme le reste d'une famille haute en couleur.

«Toi aussi, Jo!«, fait dire la presse populaire britannique au Premier ministre au lendemain de la démission du gouvernement de son frère cadet, comme César réalisant à l'heure de la mort qu'il a été trahi par son fils Brutus.

«Déchiré entre la loyauté familiale et l'intérêt national», Jo Johnson, député conservateur, a clairement choisi le second.

«Il n'a pas pu avaler la ligne dure de Boris sur le Brexit et a quitté le gouvernement, mettant à rude épreuve son fragile contrôle du pouvoir et déclenchant un psychodrame existentiel dans la famille Johnson», résume le journal conservateur Daily Mail.

Un énième psychodrame, à vrai dire, au sein d'un clan familial habitué aux rivalités fraternelles et aux féroces querelles sur fond de Brexit.

Si la famille Johnson n'est certes pas la seule au Royaume-Uni déchirée par le Brexit, elle se distingue par de fortes personnalités. Elle captive, dans un pays qui adore les sagas familiales, comme en témoigne le succès des séries mélodramatiques comme Downton Abbey.

Jeu de famille

D'abord, il y a le père. Stanley Johnson, 79 ans, écrivain et ex-politicien tory, dont le CV est une profession de foi européenne: il fut parmi les premiers fonctionnaires britanniques à Bruxelles, membre du Parlement européen et de la Commission. Même s'il a brusquement changé d'avis sur le Brexit: anti en 2016 puis pro en 2017.

Grande gueule et blagueur comme Boris, il est apparu en 2018 dans une série de TV-réalité et d'aventure intitulée «I'm a Celebrity... Get Me Out of Here!» («Je suis une célébrité... Sortez moi de là!). Ca ne s'invente pas...

Il y a la mère, Charlotte Fawcett, 77 ans, une artiste-peintre. La couple a divorcé en 1977 et elle s'est remariée avec un universitaire américain avant d'être veuve en 1996. Sur les photos de famille, entourée du mari et de quatre garnements, on la sent un peu fatiguée.

Vient la soeur, Rachel, journaliste chevronnée de 53 ans, ex-star de la télé-réalité. La même tignasse blonde, la même énergie.

Elle, elle ne met pas son drapeau européen dans la poche.

«Je pense que nous sommes plus forts à l'intérieur de l'UE et que l'UE est plus forte avec nous», confiait-elle à l'AFP en mai dernier à Bath (sud-ouest de l'Angleterre).

«Je ne veux pas que mes petits-enfants me demandent: +Mamie, qu'as-tu fait lorsque Nigel Farage (l'eurodéputé europhobe et chef du parti du Brexit: ndlr) est arrivé à la tête du pays?+», plaidait-elle encore.

Candidate pro-UE aux élections européennes, elle fut largement battue.

«Le roi du monde»

Il y a ses trois frères: l'aîné, bien sûr, Alexander Boris de Pfeffel Johnson, dit «BoJo», 55 ans, qui voulait être «le roi du monde» et est devenu Premier ministre à la place.

Le second, le discret Leo, 51 ans. Présentateur radio et expert en innovations technologiques. Lui a échappé à la politique et n'est ni blond ni tory.

Enfin Jo, 47 ans, le petit dernier, devenu l'assassin de son frère aîné dans une extraordinaire pièce de théâtre politique.

«Au moins quelqu'un s'entend bien avec son frère», ironise le tabloïd The Sun en affichant à sa Une la photo de la princesse Charlotte, la petite fille de Harry et Kate, tout sourire à côté de son frère George le jour de la rentrée scolaire jeudi.

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