Faits divers Quand Staline sort des eaux, une ville russe se déchire

AFP

6.7.2019 - 08:57

Capture d'image d'une vidéo de l'AFPTV le 6 juillet 2019 montrant Stanislav Stafeïev, militant communiste, travaillant à la restauration d'une statue de Staline à Koussa, une petite ville russe dans les montages de l'Oural
Capture d'image d'une vidéo de l'AFPTV le 6 juillet 2019 montrant Stanislav Stafeïev, militant communiste, travaillant à la restauration d'une statue de Staline à Koussa, une petite ville russe dans les montages de l'Oural
Source: AFP

Koussa, dans les montagnes de l'Oural, est une petite ville russe sans histoires. Mais quand une statue de Staline a été découverte au fond d'un étang, un débat féroce sur l'héritage du dictateur a rouvert de vieilles divisions.

En 2018, à l'occasion de travaux d'entretien ayant fait baisser les eaux de l'étang, les habitants de cette ville de 18.000 habitants ont remarqué une imposante statue du dirigeant soviétique.

Personne ne sait comment cette statue en béton s'est retrouvée là. Stanislav Safeïev, un militant communiste, en a entendu parler quand un photographe a posté sur Internet un cliché du monument, reposant sur le quai près duquel il a été retrouvé.

Avec l'aide d'autres activistes, ce membre du mouvement patriotique «Essence du temps» l'a récupérée et transportée chez lui pour la restaurer. Selon lui, réinstaller la statue permettrait «d'améliorer la compréhension et la connaissance de cette période de l'histoire».

Mais il rencontre «une pression énorme» des autorités locales, qui ont d'autres projets pour Staline.

Iouri Lyssiakov, le chef du conseil municipal de Koussa, veut que la statue trouve une place dans un musée qui «décrirait l'histoire de ce personnage et de la découverte et la restauration» de la statue.

De toute façon, ajoute-t-il, les variations extrême du climat à Koussa, de -40°C l'hiver à +40°C l'été, abimeraient la structure de béton de la sculpture.

Dans la ville, le débat fait rage entre les partisans d'un musée et ceux désirant la voir érigée dans l'espace public.

Maria Tarynina, 69 ans, est née quelques années seulement avant la mort du dictateur, en 1953. Pourtant, le souvenir de Staline est bien vivant pour elle: «C'est peut-être lié à ma jeunesse, quand Staline et Lénine étaient des leaders (...), je suis pour sa restauration».

D'autres se souviennent que les répressions staliniennes ont tué des millions de Soviétiques. «Il a fait beaucoup pour le pays, pour l'Union soviétique. Mais il y a plus qu'assez de preuves qu'il a mal agi envers ses concitoyens», assène Irina Aksionova, 39 ans.

Comme la plupart des villes russes, Koussa possède déjà une statue de Lénine. Les statues de Staline ont, pour leur part, été démantelées après la dénonciations des crimes de Staline par le dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev en 1956.

Mais le débat qui s'est emparé de Koussa fait écho aux ambivalences et aux oublis de la société russe vis a vis de Staline. L'an passé, un sondage révélait que la moitié des Russes âgés de 18 à 24 ans n'avaient jamais entendu parler des répressions staliniennes.

Dans un autre sondage, publié cette année, 70% des Russes disaient approuver le rôle du dictateur dans l'histoire.

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