Mort de Samuel Paty«Quatre ans après l'assassinat de mon frère, une grande colère m'habite»
AFP
16.10.2024
La sœur du professeur d'histoire-géographie Samuel Paty, Mickaëlle Paty, estime qu"'il n'y a eu ni réveil, ni sursaut" depuis l'assassinat de son frère par un islamiste radicalisé il y a quatre ans jour pour jour, dans un livre publié mercredi.
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16.10.2024, 07:39
Gregoire Galley
«Quatre ans après l'assassinat de mon frère, une grande colère m'habite. Celle d'avoir perdu du temps, faute d'avoir été entendue. Il n'y a eu ni réveil, ni sursaut, et nos ennemis ont encore gagné du terrain», affirme Mickaëlle Paty dans son livre «Le cours de monsieur Paty» (Albin Michel), co-écrit avec l'autrice Emilie Frèche.
Elle y retrace les événements ayant conduit à l'assassinat de son frère le 16 octobre 2020 près du collège où il enseignait, à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), 11 jours après avoir donné un cours sur la liberté d'expression.
«Désormais, l'alibi des caricatures ou du voile ne leur sont même plus nécessaires pour attaquer l'école, nous en avons eu la triste preuve avec Dominique Bernard. Etre prof suffit à vous mettre dans le viseur de ces intégristes», ajoute-t-elle, appelant à la mise en place d'"une réelle politique publique pour la promotion de nos valeurs, et non pas uniquement pour leur défense".
«Renoncements»
Pour elle, Samuel Paty «est mort parce que face à l'offensive islamiste, nous n'avons produit depuis des années qu'une série de renoncements qu'on croyait sans importance, mais qui, mis bout à bout, ont construit un système».
Alors que la cour d'assises spéciale de Paris va juger à partir du 4 novembre huit personnes impliquées dans l'assassinat de Samuel Paty, Mickaëlle Paty dit «attendre de ce moment judiciaire le rétablissement de la vérité sur le cours de (s)on frère, mais également la mise à nu de l'islamisme comme projet politique contre lequel nous devons nous battre».
«La situation est devenue si critique que nous ne pouvons plus nous contenter de réagir aux attaques. Il nous faut désormais nous réarmer idéologiquement», estime-t-elle. Mickaëlle Paty a saisi en juillet la justice administrative pour faire reconnaître la responsabilité de l'Etat dans l'assassinat de son frère.
Une minute de silence a été organisée lundi dans les collèges et lycées de France en mémoire de Samuel Paty et de Dominique Bernard, un autre professeur tué par un islamiste radicalisé.
Un total de 78 «perturbations et contestations» a été recensé par le ministère de l'Education nationale pendant ces temps d'hommage, selon un bilan provisoire, contre 230 «l'an dernier, au même moment».
Mort de Samuel Paty: l'attentat «aurait pu être évité» (avocate de la famille)
Si Samuel Paty «avait été placé sous protection policière», l'attentat «aurait pu être évité», a affirmé jeudi Me Virginie Le Roy, avocate d'une partie de la famille du professeur qui, un an et demi après son assassinat, porte plainte contre l'administration, qu'elle considère fautive de ne pas l'avoir protégé.