France «Sécurité globale»: les rassemblements ne font pas le plein

ATS

30.1.2021 - 18:53

Quelques milliers de personnes ont manifesté contre la loi de sécurité globale samedi après-midi à Paris
Quelques milliers de personnes ont manifesté contre la loi de sécurité globale samedi après-midi à Paris
ATS

Les rassemblements contre la proposition de loi «Sécurité globale» n'ont pas fait le plein samedi à travers la France. Le projet de loi est combattu depuis novembre par les défenseurs des libertés publiques et syndicats de journalistes

«La mobilisation est compliquée avec le Covid mais pour autant beaucoup estiment qu'il s'agit d'une loi liberticide», a assuré à l'AFP Dominique Besson-Milord, secrétaire départementale de la CGT, à Rennes, où 800 personnes se sont rassemblées, selon la préfecture.

«On sait bien qu'au bout d'un moment, il y a moins de monde», a pour sa part analysé Paul Garrigues, coprésident de la Ligue des droits de l'Homme (LDH) de Dijon, au milieu de quelques centaines de manifestants.

«C'est le 10e événement, et les gens ne lâchent pas, c'est déjà ça», a voulu retenir Jean Latasse, militant d'Amnesty International à Strasbourg, où 300 personnes étaient présentes selon la police.

«Le plus important, c'est d'acter notre présence. Même si on n'est pas beaucoup, il faut montrer qu'on est là», a renchéri Frédéric, qui a manifesté à Lille avec 800 personnes, selon la préfecture.

«Convergence des luttes»

Dans le viseur des manifestants, le texte sur la «Sécurité globale» présenté cet automne, et notamment son article 24 qui pénalise la diffusion malveillante d'images de membres des forces de l'ordre.

Une mesure défendue par le gouvernement pour qui elle vise à protéger les policiers victimes d'appels à la haine et au meurtre sur les réseaux sociaux, mais qui empêcherait selon ses détracteurs de filmer les forces de l'ordre en intervention et de documenter les violences policières.

Le collectif «#StopLoiSécuritéGlobale» a été lancé par des syndicats de journalistes et la Ligue des droits de l'Homme.

Il est soutenu par les représentants du monde de la culture, mis à rude épreuve par la pandémie de Covid, et par les teufeurs adeptes des «free parties» techno, qui s'estiment visés par une répression policière abusive après la rave de Lieuron (Ille-et-Vilaine) au Nouvel An.

«Aujourd'hui c'est le summum de la convergence des luttes: loi sécurité globale, fichage, violences policières, monde de la culture et étudiant délaissés et en souffrance, sanctions trop élevées sur le monde de la free party», s'est exclamée Marion, membre du collectif de teufeurs Maskarade et participante du rassemblement à Paris.

Mais à Bordeaux, la fusion de deux rassemblements distincts, celui contre la Sécurité globale et celui, plus important, pour les free-parties, a laissé perplexes certains participants, qui se demandaient aux côtés de qui exactement ils manifestaient.

Canons à eau

Dans la capitale, où des «gilets jaunes» partis de la place de la Nation ont rejoint le mouvement place de la République, les manifestants étaient quelques milliers au plus fort de l'après-midi.

Vers 17h00, une heure avant le couvre-feu imposé par le Covid, des heurts ont éclaté entre une cinquantaine de jeunes, principalement de la mouvance ultra gauche, et les forces de l'ordre, alors que les organisateurs avaient annoncé la dispersion.

Après des jets de projectiles, les forces de l'ordre ont utilisé des canons à eau. La place a finalement été évacuée vers 17h30.

«On est sur un maintien de la mobilisation jusqu'en mars au moment du passage du texte devant le Sénat», a assuré Vincent Lanier, secrétaire général du Syndicat national des journalistes (SNJ).

Le collectif «#StopLoiSécuritéGlobale» cible également les articles 21 et 22, sur l'usage des caméras-piétons et des drones par les forces de l'ordre.

Il s'oppose aussi au «nouveau schéma national du maintien de l'ordre» (SNMO), régulièrement invoqué par les forces de l'ordre pour limiter la couverture médiatique des manifestations.

Depuis le début de l'examen de la proposition de loi, le nombre de manifestants, parmi lesquels figurent souvent des «gilets jaunes», a varié d'un mois à l'autre.

La plus importante journée de mobilisation, le 28 novembre, avait rassemblé 500'000 personnes dans le pays selon la coordination, 133'000 selon le gouvernement.

Retour à la page d'accueil