Calomnié ?Tariq Ramadan veut faire payer un journaliste
mf, ats
13.10.2023 - 14:36
Un journaliste de l'hebdomadaire français Le Point comparaissait, vendredi, devant la Chambre pénale d'appel et de révision de Genève, accusé d'avoir calomnié l'islamologue Tariq Ramadan. En première instance, le prévenu avait été acquitté. L'affaire a été gardée à juger.
Keystone-SDA, mf, ats
13.10.2023, 14:36
13.10.2023, 15:47
ATS
Un article paru en novembre 2018 dans l'hebdomadaire est à l'origine du conflit. Il évoquait un rapport que le Conseil d'Etat genevois avait commandé à deux experts. Le dossier contenait des témoignages de quatre anciennes élèves de Tariq Ramadan à l'époque où il était enseignant à l'école genevoise.
Un sous-titre de l'article indiquait que l'islamologue avait entretenu des relations sexuelles avec certaines de ses élèves, âgées de 15 à 18 ans. Pour Tariq Ramadan, cette assertion est fausse. Il l'a répété vendredi aux juges. «Les élèves mineures ont dit n'avoir pas eu de rapports sexuels» avec lui.
Aux yeux de Tariq Ramadan, il s'agit d'une contrevérité voulue de la part du journaliste. Il a accusé ce dernier de le traquer depuis longtemps dans le but de le faire tomber. Il le soupçonne aussi d'avoir été rémunéré, pour nuire à sa réputation, par Alp Services SA, une compagnie suisse travaillant notamment pour le compte des Emirats arabes unis.
Devant les juges, le journaliste a avoué connaître Alp Services SA. Il a toutefois affirmé n'avoir pas touché un centime de l'entreprise pour écrire son article dans Le Point. Les relations se limitaient, selon lui, à des échanges d'informations. La société d'investigation le défrayait parfois pour des déplacements ou des repas.
Entre les mains du MPC
Le président du tribunal, lorsqu'il a interrogé le prévenu, a passé rapidement sur le volet Alp Services, se limitant à quelques questions et demandant aux parties de faire de même. Le magistrat a en effet indiqué que l'entreprise faisait l'objet d'une procédure ouverte par le Ministère public de la Confédération.
L'avocat du journaliste Nicolas Capt a admis que l'article publié dans Le Point n'était pas exempt de reproche. Il a toutefois rappelé que le juge de première instance avait estimé que le sous-titre contesté, où sont évoquées des relations sexuelles, pouvait inclure les élèves mineures ayant subi des attouchements sexuels.
Que ces comportements pouvaient être qualifiés de relations sexuelles au sens large. L'avocat a plaidé la bonne foi de son client et demandé son acquittement. Tariq Ramadan, de son côté, a demandé la condamnation du journaliste pour calomnie et le versement d'un franc symbolique pour tort moral.