Le patron d'Apple Tim Cook défend le modèle économique de l'App Store comme profitable pour tous, y compris les développeurs
Le procès en droit de la concurrence intenté par l'éditeur du jeu phénomène Fortnite à la marque à la pomme doit se conclure lundi
Tim Cook, le patron d'Apple, arrive au tribunal d'Oakland, le 21 mai 2021 en Californie
Fin avril, l'Union européenne, saisie d'une plainte de Spotify, a estimé qu'Apple avait bien "faussé la concurrence" pour évincer ses rivaux, notamment grâce à des commissions "très élevées" dont ses propres applications sont de facto exemptées
Sans le contrôle d'Apple sur les applis mobiles, ce serait le «bazar», assure le patron du groupe - Gallery
Le patron d'Apple Tim Cook défend le modèle économique de l'App Store comme profitable pour tous, y compris les développeurs
Le procès en droit de la concurrence intenté par l'éditeur du jeu phénomène Fortnite à la marque à la pomme doit se conclure lundi
Tim Cook, le patron d'Apple, arrive au tribunal d'Oakland, le 21 mai 2021 en Californie
Fin avril, l'Union européenne, saisie d'une plainte de Spotify, a estimé qu'Apple avait bien "faussé la concurrence" pour évincer ses rivaux, notamment grâce à des commissions "très élevées" dont ses propres applications sont de facto exemptées
Epic Games réclame un système plus ouvert pour les applications mobiles, mais l'App Store, l'incontournable plateforme de téléchargement sur les iPhone, deviendrait alors «un grand bazar» selon Tim Cook, le patron d'Apple, qui a défendu bec et ongles son modèle économique vendredi.
Le procès en droit de la concurrence intenté par l'éditeur du jeu phénomène Fortnite à la marque à la pomme doit se conclure lundi, après trois semaines de débats techniques pour déterminer si Apple abuse de sa position dominante ou non.
Et, conséquemment, si le lucratif fonctionnement des plateformes numériques utilisées par des milliards de personnes doit être revu de fond en comble.
Epic Games a demandé à la juge Yvonne Rogers de déclarer que les règlements d'Apple enfreignent les lois antitrust.
Une telle décision forcerait la firme à autoriser des magasins alternatifs et à simplifier l'accès aux appareils mobiles pour les développeurs d'application.
Dans ce scénario, «nous ne pourrions plus garantir la protection de la confidentialité et de la sécurité» des données des utilisateurs, a assuré Tim Cook.
Sans le processus de vérification des applications, l'App Store deviendrait «un grand bazar aux effets délétères», a-t-il ajouté. «Ce serait aussi terrible pour les développeurs, qui ont besoin que le magasin soit un lieu sûr et de confiance».
Le patron témoignait pour la première fois dans le procès qui se tient dans un tribunal d'Oakland, une ville de la baie de San Francisco.
Apple «profite»
Les deux sociétés s'affrontent depuis août, quand Epic Games a rompu son contrat avec Apple. Sa mise à jour de Fortnite offrait aux joueurs un moyen de contourner le système de paiement de l'App Store, et ainsi échapper au prélèvement automatique d'une commission de 30%.
Apple avait immédiatement éjecté le jeu de la plateforme, et l'éditeur avait engagé des poursuites.
Epic Games voit dans l'App Store un «jardin emmuré» ("walled garden"). Cette métaphore critique des grandes plateformes désigne leurs écosystèmes, où elles peuvent fixer les règles, privilégier leurs propres produits, attirer et «piéger» les utilisateurs et les développeurs, qui n'ont pas d'alternatives s'ils veulent accéder à ce marché juteux.
Le géant de l'électronique compte un milliard d'iPhone actifs dans le monde, et l'App Store propose 1,8 million d'applications.
Tim Cook a répété que les joueurs pouvaient accéder à Fortnite ailleurs (sur les consoles ou PC, par exemple).
Il a aussi défendu l'interdiction faite aux développeurs d'afficher un lien dans leurs applis vers d'autres moyens de paiement pour des abonnements, des jetons pour les jeux ou d'autres services numériques.
«Ce serait comme si Best Buy faisait de la publicité pour le magasin Apple Store dans la rue d'en face», a-t-il remarqué.
Mais la juge a estimé que les jeux vidéo «subventionnent» les autres programmes, en payant systématiquement la commission sur les transactions dans les jeux, alors que de nombreuses autres applications, comme celles des banques, n'en payent pas.
«Cela semble disproportionné», a-t-elle dit à Tim Cook. «Je comprends bien qu'Apple ramène des utilisateurs aux jeux. Mais après cette première interaction, c'est le développeur qui garde les joueurs intéressés. Apple ne fait qu'en profiter».
«Rien à voir avec l'argent»
Le procès est suivi de près par l'industrie car il pourrait définir, sur le long terme, le modèle économique des applications mobiles.
De nombreux autres éditeurs se plaignent de la «taxe Apple» et différents régulateurs américains enquêtent sur les pratiques du groupe, souvent considéré comme juge et partie sur sa plateforme.
Fin avril, l'Union européenne, saisie d'une plainte de Spotify, a estimé qu'Apple avait bien «faussé la concurrence» pour évincer ses rivaux, notamment grâce à des commissions «très élevées» dont ses propres applications sont de facto exemptées.
Depuis le 1er janvier 2021, Apple applique un taux réduit de 15% pour les nouveaux venus et les développeurs ayant réalisé moins d'un million de dollars de revenus (après commission) l'année précédente.
Une mesure prise pour les aider pendant la pandémie, mais aussi pour tenter d'apaiser les régulateurs, a reconnu Tim Cook vendredi.
Epic Games a insisté pendant le procès sur les profits immenses que l'App Store génère pour la société de Cupertino.
Selon les avocats du studio, l'App Store réalise des marges proches de 80%. Un calcul contesté par Apple, mais les détails financiers sont restés confidentiels.
«Nous mettons l'utilisateur au centre de tout ce que nous faisons», a affirmé Tim Cook. «Cela n'a rien à voir avec l'argent».