Septembre en or, Octobre roseQuand les mois prennent des couleurs pour sensibiliser au cancer
Relax
10.9.2024 - 09:27
(AFP) – Septembre rouge, turquoise, en or. Mars bleu, Juin vert... Dans le sillage d'Octobre rose, qui sensibilise au cancer du sein, plusieurs mois de l'année sont désormais associés à une couleur, une façon jugée simple et efficace de lever les tabous autour de la maladie.
ETX Studio
10.09.2024, 09:27
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Chaque automne, impossible de ne pas entendre parler d'Octobre rose.
L'initiative est née aux Etats-Unis en 1985. Quelques années plus tard, en 1994, le groupe Estée Lauder et le magazine Marie Claire importent en France cette campagne de sensibilisation au cancer du sein.
Pendant ce mois de l'année, des milliers de manifestations sont organisées à travers le territoire, des monuments comme la tour Eiffel se parent de rose, de nombreux acteurs se mobilisent, des prix visant à soutenir la recherche sont décernés...
Avec le recul, «on mesure l'énorme impact d'Octobre rose», constate Coralie Marjollet, présidente d'Imagyn, association qui accompagne les femmes touchées par les cancers gynéco-pelviens.
«Ca a eu le mérite de mettre le cancer du sein sur le devant de la scène et de rappeler aux femmes l'importance d'aller passer leur mammographie», déroule-t-elle.
Dans le même esprit, son association a créé en France «Septembre turquoise», il y a sept ans.
Au départ, c'est l’ancien président des Etats-Unis, Barack Obama, qui a voulu dédier en 2016 le mois de septembre à la sensibilisation au cancer de l'ovaire, dont sa mère est décédée.
- «Se faire dépister» -
L'association Imagyn importe l’initiative en France l'année suivante. Le turquoise lui est associée puisqu'il s'agit de la couleur du ruban choisie, au niveau international, pour parler du cancer de l’ovaire.
Doucement, la campagne fait parler d'elle sur les réseaux, dans les médias, dans les hôpitaux... «Plus on ose communiquer sur ces cancers, moins les femmes touchées auront honte de cette maladie, alors que les autres penseront à se faire dépister», espère Coralie Marjollet.
Au moment de la rentrée scolaire, c'est encore l'occasion pour l'association d'appuyer la vaccination contre le papillomavirus (HPV), à l'origine de nombreux cancers (col de l'utérus, vulve, vagin, ORL, anus...), qui sera de nouveau proposée au collège en 5ème cette année.
Septembre «en or» découle aussi d'un mouvement – «Gold In September» – né aux Etats-Unis en 2012, qui vise cette fois à mettre en lumière la lutte contre les cancers de l'enfant.
«Les Américains sont en avance sur la libération de la parole, on s'est dit qu'il fallait lancer ce temps fort en France car les enfants sont souvent les grands oubliés de la recherche», raconte Perrine de Longevialle, directrice de la marque et de la philanthropie de l'Institut de lutte anti-cancer Gustave-Roussy, qui a lancé le projet en 2016.
L'occasion de «donner de la visibilité à ces cancers pédiatriques», mais aussi de lever des fonds: «20 millions d'euros depuis le début de l'initiative», se félicite-t-elle.
- «On banalise» -
Septembre est également «rouge», depuis trois ans, pour sensibiliser aux cancers du sang.
Chaque année, ils touchent environ 45.000 personnes en France. «Cinq nouveaux cancers sont diagnostiqués toutes les heures», précise Karin Tourmente-Leroux, présidente de l'association «Vivre avec une NMP» (les néoplasies myéloprolifératives sont des cancers du sang rares).
Il y a trois ans, elle a lancé la première édition de «Septembre rouge» pour «sensibiliser le grand public».
«De nombreux cancers du sang ne sont pas connus, et les malades se sentent souvent seuls dans leur combat», dit-elle, espérant aussi «booster la recherche».
D'autres mois «colorés» se succèderont tout au long de l'année, comme «Mars bleu», dédié au cancer colorectal, ou «Juin vert», mois de sensibilisation au cancer du col de l'utérus.
Une profusion susceptible de brouiller les messages? Pour Mario Di Palma, oncologue à Gustave-Roussy, «les bénéfices apportés par cette communication importante et variée sont largement supérieurs aux inconvénients potentiels».
«J'ai connu des années où on ne prononçait pas le mot +cancer+», se souvient-il. «Plus on libère la parole sur le sujet, plus on banalise la maladie au bon sens du terme», juge-t-il.
Selon lui, ces moments permettent ainsi d'"aborder de nombreux aspects comme les problématiques des effets secondaires des traitements ou du retour au travail».