Des militants de l'organisation écologiste Just Stop Oil ont aspergé de peinture mercredi les monolithes du célèbre site préhistorique anglais de Stonehenge. Celui-ci s'apprête à accueillir des milliers de visiteurs pour le solstice d'été.
Une vidéo circulant sur les réseaux sociaux montre deux hommes se précipitant vers les pierres massives formant un cercle sur ce site du sud-ouest de l'Angleterre, projetant à l'aide de bombes un nuage de poudre orange dans leur direction, tandis que des personnes tentent de les repousser.
Just Stop Oil, qui réclame la fin de l'exploitation des énergies fossiles d'ici à 2030, a revendiqué l'action, vivement condamnée par les responsables politiques de tous bords à l'approche des législatives du 4 juillet.
Amidon de maïs
Le groupe connu pour ses actions spectaculaires très controversées a souligné avoir utilisé de la peinture en poudre fabriquée à partir d'amidon de maïs. Cette dernière «partira bientôt avec la pluie mais pas la nécessité urgente d'une action gouvernementale efficace pour atténuer les conséquences catastrophiques de la crise climatique et écologique», a-t-il expliqué sur X.
Dans un communiqué, la police du Wiltshire a dit avoir été alertée vers 12h00 et avoir arrêté deux personnes «soupçonnées de dégradation du monument». Just Stop Oil a identifié les activistes arrêtés comme Niamh Lynch, un étudiant de 21 ans de la ville universitaire d'Oxford et Rajan Naidu, 73 ans, de Birmingham.
Fêtards et néo-druides
Construit par étapes entre environ 3000 et 2300 ans avant Jésus Christ, Stonehenge est l'un des monuments mégalithiques préhistoriques les plus importants du monde par sa taille, son plan sophistiqué et sa précision architecturale.
Le célèbre ensemble est aligné sur l'axe du soleil lors des solstices d'été et d'hiver. Ses pierres dressées en mystérieux cercles attirent chaque année, le 21 juin, des milliers de personnes – curieux, adorateurs du soleil et néo-druides – au lever du soleil pour les fêtes païennes du solstice.
Stonehenge est le «cercle de pierres préhistorique le plus sophistiqué au monde d'un point de vue architectural» selon l'Unesco, qui l'a classé au patrimoine mondial en 1986.
Enquête
Le site reste ouvert au public, a précisé l'association English Heritage, chargée de sa gestion, précisant «enquêter pour déterminer l'étendue des dégâts».
L'archéologue Mike Pitts, auteur d'un livre sur Stonehenge, a expliqué à la BBC que la surface des pierres était «sensible» et «couverte d'inscriptions préhistoriques pas complètement étudiées» ainsi que d'organismes végétaux fragiles comme du lichen. «C'est donc potentiellement assez inquiétant», a-t-il estimé.
«Acte de vandalisme honteux»
Le Premier ministre Rishi Sunak a dénoncé «un acte de vandalisme honteux à l'encontre de l'un des monuments les plus anciens et les plus importants du Royaume-Uni et du monde».
Le gouvernement conservateur sortant est vent debout contre les actions coup de poing de Just Stop Oil, qui, ces derniers temps, a également vandalisé des oeuvres d'art, perturbé des compétitions sportives ou interrompu des spectacles.
En mai, deux octogénaires ont endommagé la vitrine protégeant la Magna Carta, texte de 1215 établissant que le roi et son gouvernement ne sont pas au-dessus des lois et considéré comme fondateur de la démocratie moderne, exposé à la British Library à Londres.
«Eliminer les fossiles d'ici à 2030»
Ces dernières années le gouvernement a durci la loi encadrant le droit de manifester pour tenter d'empêcher ces agissements, sans grand succès.
Le chef des travaillistes Keir Starmer, favori pour devenir Premier ministre après les législatives du 4 juillet, a qualifié Just Stop Oil de «pathétique». Cet ancien directeur du parquet général a estimé sur X qu'il fallait lui opposer «toute la force de la loi».
Just Stop Oil s'est félicité que le Labour se soit engagé, contrairement aux conservateurs, à ne plus accorder de nouvelles licences d'exploitation de pétrole et gaz au Royaume-Uni, qui dispose de réserves notamment en mer du Nord.
«Cependant, nous savons tous que ce n'est pas suffisant», a estimé l'organisation, réclamant au «prochain gouvernement de signer un traité juridiquement contraignant visant à éliminer progressivement les combustibles fossiles d'ici à 2030».