Europe Les domaines skiables européens entre inquiétude et espoir

dpa/jka

21.12.2020

Un panneau détaille la réglementation en matière de lutte contre le coronavirus à Airolo (canton du Tessin): jusqu’à présent, la Suisse résiste à la pression venue des pays voisins en ne fermant pas ses domaines skiables.
Un panneau détaille la réglementation en matière de lutte contre le coronavirus à Airolo (canton du Tessin): jusqu’à présent, la Suisse résiste à la pression venue des pays voisins en ne fermant pas ses domaines skiables.
Keystone

«Complet» – tel est généralement le mot en vogue dans les stations de ski des Alpes durant les fêtes. Mais la pandémie de coronavirus contrecarre aujourd’hui les projets de vacances pour de nombreuses semaines précieuses. Malgré tout, l’optimisme est de mise à certains endroits.

A de nombreux endroits, les Alpes ont rarement été aussi couvertes de neige à cette époque de l’année – un cadre idéal pour les sports d’hiver. Mais en ces vacances de Noël, le tourisme est pratiquement inexistant en raison des restrictions de voyage liées à la pandémie de coronavirus.

Les semaines de Noël et du Nouvel An rapportent généralement 20% à 30% du chiffre d’affaires de la saison hivernale. L’espoir repose sur les semaines qui suivront. Voici un tour d’horizon des pays alpins:

1
Italie

Par un décret, Rome a décidé le 3 décembre de fermer les domaines skiables jusqu’au 6 janvier, entre autres mesures. Cette décision affecte principalement les exploitants des domaines skiables des régions du nord de l’Italie, à savoir le Trentin-Haut-Adige, la Vénétie et la Vallée d’Aoste.

Celles-ci affichent souvent complet pendant les vacances en hiver, selon Federturismo, la fédération italienne de l’industrie du voyage et du tourisme, qui ne prévoit aucun afflux de vacanciers italiens ou étrangers. Des restrictions de voyage strictes sont en vigueur jusque début janvier. Les visiteurs étrangers devront s’attendre à une quarantaine, conformément aux dispositions du décret.

Outre les exploitants des domaines skiables, les fermetures concernent les hôtels, les restaurants, les sociétés de transport et les écoles de ski. Le tourisme hivernal représente un chiffre d’affaires d’environ 11 milliards d’euros (environ 12 milliards de francs) sur une saison – dont un tiers est réalisé entre début décembre et l’Epiphanie, début janvier –, selon l’association, qui s’attend ainsi à une baisse de 70% du chiffre d’affaires dans le secteur.

2
Autriche

Les Länder tels que Tyrol sont extrêmement dépendants du tourisme hivernal – et en particulier des vacanciers allemands. Cela vaut également à Ischgl, une station qui a fait la une des journaux en mars 2020 après être devenue un point chaud de la propagation du virus. La saison traditionnellement longue, qui s’étire jusque début mai, semble être un de ses atouts. Une grande partie des 240 kilomètres de pistes du domaine skiable se trouve à plus de 2000 mètres d’altitude. «Cette saison, la longue saison pourrait être un avantage», affirme Andreas Steibl, directeur de l’office du tourisme, qui espère recevoir des skieurs au printemps.

Pour assurer une sécurité maximale cette fois-ci, explique-t-il, la station prendra des précautions à partir du 24 décembre, date à laquelle les remontées mécaniques reprendront du service en Autriche, du moins pour les locaux. Les hôtels et restaurants ne rouvriront pas avant le 7 janvier.

Saalbach-Hinterglemm et ses 20 000 lits d’hébergement fondent leurs espoirs sur un bon mois de février. Compte tenu des semaines de vacances en Allemagne, aux Pays-Bas et en Autriche, il s’agit traditionnellement du deuxième mois le plus important après les vacances de Noël. «Nous avons vu cet été à quelle vitesse le tourisme se redresse», affirme Karin Pasterer, porte-parole de l’association touristique locale. Selon elle, la perte presque totale de l’afflux de vacanciers pour Noël et le Nouvel An est certes un coup dur, «mais tout le monde en tire le meilleur parti».

3
Suisse

Jusqu’à présent, nous résistons à la pression venue des pays voisins en ne nous arrêtant pas de skier à Noël. Mais la pression sur les domaines skiables s’accroît, si bien que les directeurs des hôpitaux zurichois ont déconseillé la semaine dernière d’aller skier dans la situation actuelle. Rares sont ceux qui s’attendent pour autant à une bonne saison. Les hôtels et les fournisseurs de forfaits de ski ne voient que très peu de clients venus de l’étranger, en partie parce que de nombreux pays imposent des mesures de quarantaine strictes aux personnes qui rentrent d’un voyage.

Zermatt et Aletsch Arena tablent sur des pertes de 25% à 30% cet hiver. Le domaine skiable Arosa-Lenzerheide, dans les Grisons, espère s’en tirer à bon compte étant donné que traditionnellement, 80% de ses touristes viennent de Suisse. Cependant, les touristes locaux n’ont pas non plus compensé la perte de clients étrangers cet été: le nombre de nuitées a reculé de 40%.

La prévente de forfaits de ski tourne au ralenti à de nombreux endroits. L’espoir repose toujours sur les visiteurs spontanés et ceux qui viennent pour une journée. Les remontées mécaniques du Titlis, en Suisse centrale, tirent leur épingle du jeu avec un nombre record de forfaits de ski prévendus, avec une hausse de près de 40%: «C’est la meilleure saison que nous ayons jamais eue sur le plan des ventes», a déclaré au «Luzerner Zeitung» Urs Egli, directeur marketing de l’exploitant des remontées mécaniques.

4
France

En France, les remontées mécaniques resteront fermées au moins jusqu’au 7 janvier, ce qui attise la colère dans les hauts lieux touristiques de Savoie tels que Chamonix ou Les 3 Vallées. Nombreux sont ceux qui ont critiqué une décision disproportionnée du gouvernement, dans la mesure où les mesures d’hygiène seraient respectées sur place. La plus haute cour administrative française a vu les choses différemment: le Conseil d’Etat a rejeté une plainte déposée par les domaines skiables et le secteur du tourisme. Selon l’institution, la pandémie de coronavirus justifie une fermeture pendant les vacances de Noël.

Le gouvernement français entend désormais épauler le secteur sur le plan financier en lui allouant une aide de 400 millions d’euros (environ 430 millions de francs) et en accordant une indemnisation à hauteur de 70% des charges fixes des remontées mécaniques. Afin d’empêcher les Français de skier à l’étranger pendant les fêtes, des mesures de quarantaine strictes sont prévues pour les personnes qui reviennent de vacances au ski.

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