Ouvert au public Sous un immeuble de Rome une «boîte archéologique» dormait

AFP

7.5.2021 - 11:53

Vu de l'extérieur, cet immeuble du centre de Rome ne paye pas de mine et pourtant il cache dans son sous-sol un véritable trésor: les vestiges d'une maison de l'époque romaine, avec de somptueuses mosaïques.

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Dans le vestibule de l'édifice datant des années 1950 et situé au pied de l'Aventin, l'une des sept collines de la capitale italienne, une résidente chargée de sacs de courses tient gentiment la porte. Mais il faut s'aventurer un peu plus avant et descendre une volée d'escalier pour arriver au saint des saints, dissimulé derrière une banale porte en métal gris.

C'est là que sont exposées des mosaïques datant du début de notre ère, découvertes lors de fouilles archéologiques préventives lancées à l'occasion de la transformation en immeuble d'habitation de cet ex-siège de la Banque nationale du Travail, rachetée par la banque française BNP Paribas.

«Nous nous trouvons ici à l'intérieur d'une «boîte archéologique» (...), une structure architecturale ayant deux fonctions: mettre à l'abri les mosaïques et permettre au public d'y avoir accès» sur le site même de leur découverte, explique à l'AFP Roberto Narducci, archéologue à la direction des biens culturels de Rome.

Lieu exceptionnel ouvert au public

Les fouilles ont commencé en 2014 et se sont achevées en 2018, un travail long et complexe d'un point de vue technologique.

Le nez chaussé de lunettes et les pieds campés devant une mosaïque où une vigne délicate et ses petites grappes courent sur un fond blanc, l'archéologue tient à souligner le caractère exceptionnel du lieu qui ouvre vendredi ses portes au public. «Ici nous nous trouvons à l'intérieur d'un immeuble privé (...) précisément là où était prévue la création de huit garages», raconte-t-il en souriant. 

Parfum de magie

Adieu les garages! «Il y a eu un accord avec le propriétaire, en l'occurrence à l'époque la banque BNP Paribas, qui a financé les travaux», se réjouit le scientifique. Il a aussi participé à la création du contenu multimédia qui transforme, grâce aux jeux de lumière et à une bande sonore ponctuée de chants d'oiseau, la visite archéologique en plongeon dans la vie d'une «domus» romaine.

Sous les yeux des visiteurs, les murs se revêtent de peintures aux couleurs vives rappelant celles des villas pompéiennes, les pans manquants des mosaïques se reconstituent comme par miracle. Cette machine à remonter le temps fait faire un bond de plus de deux mille ans en arrière, à l'endroit précis où les habitants de cette somptueuse maison romaine foulaient les mosaïques renaissant aujourd'hui sous nos yeux.

C'est sans doute ce choix audacieux de ne pas tout transférer dans un musée désincarné qui donne à cette «boîte archéologique» un parfum de magie. «Nous avons eu la possibilité d'étudier plusieurs strates de mosaïques qui se sont superposées les unes sur les autres au fil des siècles, six au total: d'un point de vue scientifique, cela arrive très rarement», souligne M. Narducci.

Les copropriétaires sont fiers

Grâce à l'étude d'une surface de plus de 2.000 m2, les archéologues ont en outre pu «mettre au jour plusieurs trésors remontant jusqu'au VIIIème siècle avant JC, notamment les vestiges d'une construction militaire, peut-être une tour de garde» dont les fondations sont encore visibles. 

Et les copropriétaires de l'immeuble, comment réagissent-ils face à cette présence insolite sous leurs pieds? Selon Roberto Narducci, ils sont «fiers de se trouver un tel cadre», régi par une convention entre la direction des biens culturels et la copropriété prévoyant une ouverture au public limitée aux premier et troisième vendredis de chaque mois, toujours sous la supervision d'un guide.

«C'est vrai que nous nous trouvons à l'intérieur d'un immeuble d'habitation, mais nous sommes aussi sur un site archéologique où les objets appartiennent à l'Etat», résume Roberto Narducci.

(Informations et réservations: https://www.scatolaarcheologica.it/en/)