Réseaux sociauxLa désinformation passe aussi par des cartes météo!
ATS
20.7.2022 - 17:03
Les détracteurs du changement climatique ont trouvé un moyen viral pour répandre le doute sur les réseaux sociaux pendant une canicule: publier des cartes météorologiques hors contexte, laissant supposer que les prévisionnistes exagèrent sur le changement climatique en utilisant excessivement la couleur rouge.
20.07.2022, 17:03
ATS
Lors des deux récentes vagues de chaleur en Europe, des internautes de divers pays et langues ont juxtaposé de manière trompeuse des cartes météorologiques tirées de différents médias à des dates non comparables. Ces publications suggèrent en général que la couleur des cartes a été changée en rouge, par des médias ou des autorités cherchant à créer la panique.
Le service de vérification numérique de l'AFP a déconstruit plusieurs versions de ces allégations, qui sont apparues en anglais, allemand, espagnol, français, hongrois et polonais.
«Faire peur»
En France deux cartes, censées prouver que les médias veulent intentionnellement faire «peur» avec la canicule de 2022, ont été partagées plusieurs milliers de fois sur les réseaux sociaux depuis le 15 juillet.
A une carte, bien réelle, des températures en France le 17 juillet, des internautes opposent une prétendue prévision météo avec des températures similaires en 2002 mais bien moins rouge, sous-entendant que les médias exagèrent à dessein leur couverture des chaleurs extrêmes cet été.
«20 ans entre ces deux cartes... A l'époque , ils faisaient probablement moins de bourrage de crânes... vivre dans la peur, dans la crainte du lendemain... les médias font un véritable travail psychologique sur la population... et ça marche pas trop mal», affirme un internaute sur Facebook.
«Ce qui aujourd'hui est une catastrophe climatique était en 2002 une belle journée d'été...» déplore un post publié sur Facebook, le 16 juillet.
Problème, la deuxième carte date en réalité de 2019, et les cartes provenaient de sources différentes n'employant pas les mêmes dégradés et couleurs – et non, comme le prétendait la publication, d'un seul prévisionniste météo qui aurait manipulé sa palette de couleurs.
Codes couleurs
Des publications similaires ont été diffusées en mai et juin en anglais et en allemand notamment. Dans un exemple également partagé en français sur Twitter et ailleurs, deux cartes de la Suède montraient, côte à côte, des températures similaires: l'une verte datée de 1986, tandis que l'autre était orange et datée de 2022, sous-entendant qu'avec les années, les mêmes températures correspondraient à des couleurs de plus en plus alarmantes.
En réalité, une enquête numérique a révélé que les années indiquées sur les cartes n'étaient pas les bonnes, et qu'elles provenaient de différents médias utilisant, là encore, des codes couleurs différents.
Autre type de post climatosceptique viral, en Espagne, des utilisateurs ont partagé la photo d'un journal datant de 1957 qui faisait état d'un record de température de 50°C. L'article était authentique, mais des météorologues espagnols ont expliqué que la mesure de la température n'avait pas été certifiée, ni enregistrée officiellement.
Les climatologues s'accordent pour dire que les émissions de carbone dues à la combustion de combustibles fossiles par l'humanité réchauffent la planète, augmentant la fréquence et la gravité des vagues de chaleur et d'autres phénomènes météorologiques extrêmes.
Comparaisons
Avec des températures dépassant les 40°C, la vague de chaleur qui frappe la Grande-Bretagne cette semaine a également suscité des comparaisons avec l'été 1976, où la température avait atteint 35,9°C. Les experts expliquent que ce précédent ne contredit en rien l'idée que les canicules vont se multiplier.
«Bien sûr, il y a eu des vagues de chaleur dans le passé, mais la grande différence avec 1976 est l'état du reste du monde», détaille Friederike Otto, chercheuse à l'Institut Grantham pour le changement climatique de l'Imperial College de Londres. «En 1976, il y a eu une vague de chaleur (en Grande-Bretagne), en 2022, il y en a partout dans le monde, et il y en a aussi eu en 2021, 2020, et 2019».
Des vérifications détaillées des faits cités dans cet article sont disponibles sur factuel.afp.com.