France voisineTéléphonie et géolocalisation mettent à mal la version de l'accusé
ATS
1.4.2022 - 16:18
L'étau s'est resserré vendredi autour de Nicolas Zepeda devant la cour d'assises du Doubs où il répond de l'assassinat de son ex-petite amie japonaise Narumi Kurosaki, avec une série d'expertises téléphoniques, informatiques et de géolocalisation pour le moins troublantes que la défense du jeune Chilien cherche à décrédibiliser.
Keystone-SDA
01.04.2022, 16:18
01.04.2022, 16:26
ATS
Le 6 décembre 2016, alors que la jeune femme n'a plus été vue depuis deux jours, «une personne va se connecter sur le compte Facebook de Narumi et acheter un billet de train avec sa carte. Le portable de Nicolas Zepeda est localisé au même endroit», un centre commercial de Dijon, a expliqué le commandant de police Christophe Touris.
L'enquêteur a présenté devant la cour l'ensemble des éléments de téléphonie et de géolocalisation, avant et près la disparition. «Tout ça n'est pas du hasard, ce sont des éléments matériels objectifs qui déterminent la participation active de Nicolas Zepeda dans la disparition de Narumi», a-t-il souligné.
A partir de ce 6 décembre, selon le policier, leurs comptes internet se connectent des mêmes adresses IP et selon un même itinéraire: Dijon, l'Espagne, puis une ultime fois Santiago du Chili, le 13 décembre, quand Nicolas Zepeda vient d'y retourner. Ensuite plus aucune activité virtuelle ne sera liée à Narumi.
«Ces éléments techniques ont permis d'expliquer pourquoi on a privilégié la piste de Nicolas Zepeda» plutôt qu'une autre, a résumé Me Randall Schwerdorffer, l'un des avocats de la partie civile.
Messages aus proches?
Une version vivement contestée par Me Julie Benedetti, avocate de la défense, qui a relevé que «dans l'enquête, un certain nombre d'adresses IP des comptes de Narumi ne sont pas localisées avec celle de Nicolas Zepeda», notamment au Japon.
Selon les données de téléphonie, Nicolas Zepeda aurait également surveillé son ancienne petite amie avant sa disparition, en l'espionnant sur ses réseaux sociaux dans les mois précédents.
La cour d'assises du Doubs cherche à comprendre si le Chilien s'est fait passer pour Narumi Kurosaki après sa disparition en envoyant aux proches de la jeune femme des messages via les réseaux sociaux pour laisser à penser qu'elle allait bien et était partie à Lyon.
Extradé depuis le Chili à l'été 2020 et emprisonné depuis en France, Nicolas Zepeda est accusé d'avoir tué avec préméditation Narumi Kurosaki à Besançon et de s'être débarrassé de son corps, jamais retrouvé, avant de fuir au Chili.
«Vous êtes jaloux»
Les recherches se sont concentrées sur une zone forestière du Jura de 50 km2, près de Dole, où sa voiture de location a été localisée avant et après la disparition. «On a recherché dans tous les endroits boisés, les chemins, les berges du Doubs sans retrouver le corps de Narumi», a regretté Christophe Touris, notant que cette zone n'avait été déterminée que plusieurs mois après.
«A partir du moment où ce corps n'a pas été retrouvé, vous ne pouvez pas exclure totalement que ce corps n'est pas là», a insisté l'avocate de Nicolas Zepeda, Me Jacqueline Laffont.
«Vous l'observez, vous épiez ses comptes. Vous êtes jaloux», avait lancé jeudi l'avocat général Étienne Manteaux à l'accusé au cours d'un interrogatoire long et rugueux, l'amenant à montrer de premiers signes d'énervement.
«J'ai eu la sensation qu'il vacillait»
«Vous comprenez qu'on cherche à montrer que comme vous étiez jaloux, vous auriez eu un mobile (pour la tuer, ndlr)?», lui avait ensuite demandé, avec douceur, son avocate, Me Jacqueline Laffont, renonçant à l'interroger alors qu'il montrait des signes de fatigue.
«J'ai eu la sensation qu'il vacillait (...). Ce sont de toutes petites conquêtes mais j'espère que les choses finiront par se révéler à la fin de ce procès», avait observé l'avocate de la famille de Narumi, Me Sylvie Galley.
Vendredi matin, cette dernière a demandé la projection devant la cour de photos de Narumi Kurosaki souriante, enfant, avec ses deux soeurs ou en habit traditionnel japonais, faisant monter des larmes aux yeux de la mère de l'étudiante, venue du Japon assister au procès.
Le procès de Nicolas Zepeda doit se poursuivre jusqu'au 12 avril.