L'ancienne star de la Silicon Valley Elizabeth Holmes, reconnue coupable de fraude en janvier, doit être fixée sur son sort vendredi, près de vingt ans après avoir fondé sa startup Theranos qui promettait une révolution des diagnostics de santé.
La fondatrice de la startup Theranos Elizabeth Holmes, à Laguna Beach (Etats-Unis), le 21 octobre 2015
Elizabeth Holmes, fondatrice de la startup Theranos, à San José (Etats-Unis) le 22 novembre 2021
Theranos: la star déchue Elizabeth Holmes doit connaître sa peine vendredi - Gallery
La fondatrice de la startup Theranos Elizabeth Holmes, à Laguna Beach (Etats-Unis), le 21 octobre 2015
Elizabeth Holmes, fondatrice de la startup Theranos, à San José (Etats-Unis) le 22 novembre 2021
Le parquet a requis quinze ans de prison contre l'ancienne dirigeante de 38 ans, et veut qu'elle restitue 800 millions de dollars à ses victimes.
«Aveuglée par l'ambition», Elizabeth Holmes «a escroqué des centaines de millions de dollars à des dizaines d'investisseurs» et a «mis des patients en danger», a justifié la procureure Stephanie Hinds, reprochant à la patronne déchue de ne pas assumer sa responsabilité.
La défense a plaidé pour une peine maximale d'un an et demi.
Elizabeth Holmes ne représente pas un danger pour la société, elle n'a pas tiré de bénéfices financiers de cette affaire et ne mérite donc pas de passer des années en prison pour avoir échoué dans son «projet ambitieux», ont justifié ses avocats.
«Mme Holmes est punie chaque jour pour son délit, depuis des années et pour le reste de sa vie», ont-ils noté dans leur argumentation remise à la cour mardi. Et «il n'y a pas de raison de croire qu'elle dirigera une entreprise cotée en Bourse à l'avenir», ont-ils continué.
Belle histoire
Elizabeth Holmes a fondé Theranos en 2003, à 19 ans seulement, dans l'idée de fabriquer un outil de diagnostic sanguin rapide, indolore et moins cher que ceux des laboratoires traditionnels.
A l'aide d'un récit et d'une apparence très travaillés, elle était parvenue en quelques années à gagner la confiance de sommités et à lever des fonds auprès de prestigieux investisseurs attirés par le profil de cette jeune femme, une rareté dans le monde masculin des ingénieurs californiens.
«Je pensais que ce serait le prochain Apple», avait résumé pendant le procès Adam Rosendorff, qui fut un temps le directeur du laboratoire de l'entreprise.
L'histoire était belle. Enfant, elle avait horreur des piqûres. Elle voulait donc inventer une machine qui réaliserait des centaines de diagnostics sanguins à partir d'une seule goutte de sang, prélevée sur le bout du doigt.
Le magnat des médias Rupert Murdoch, l'ancien secrétaire d'Etat Henry Kissinger et Jim Mattis, ministre de la Défense de Donald Trump, ont un temps été convaincus par le projet d'Elizabeth Holmes.
A son apogée, l'entreprise était valorisée près de 10 milliards de dollars.
Mais en 2015 le scandale éclate au grand jour lorsque le Wall Street Journal révèle que la machine n'a jamais fonctionné.
Enceinte
Elizabeth Holmes, maman d'un petit garçon et actuellement enceinte, devrait essayer de repousser sa date d'incarcération si elle était condamnée à de la prison ferme vendredi.
Quand les procureurs ont demandé quinze ans de prison, ses avocats ont comparé la situation de leur cliente à celle d'autres personnes condamnées pour fraude, comme Jeffrey Skilling, l'ancien directeur général d'Enron, qui avait «écopé d'une peine inférieure».
Enron était «une entreprise cotée en Bourse dont la faillite, l'une des plus importantes de l'histoire, a entraîné la perte des économies et investissements de dizaines de milliers de personnes, y compris les employés», ont-ils souligné, et M. Skilling en avait tiré «au moins 42 millions de dollars (...) après avoir démissionné».
«Mme Holmes n'a jamais vendu ses actions pour récupérer de l'argent même si elle en a eu l'occasion», ont-ils ajouté.
Le juge Edward Davila, qui a présidé au très médiatique procès de quinze semaines fin 2021, a rejeté la semaine dernière sa demande d'un nouveau procès.
L'ancienne patronne avait déposé en septembre une demande de révision mettant notamment en avant le revirement d'un témoin clé, Adam Rosendorff, qui s'est rendu à son domicile cet été et s'y est entretenu avec son compagnon, William Evans, pour exprimer des regrets.
Mais les propos de M. Rosendorff ne contestaient pas les conclusions de l'enquête, seulement la présentation des faits à l'audience, et ils étaient très vagues, a fait valoir le magistrat.
Ramesh «Sunny» Balwani, l'ancien compagnon d'Elizabeth Holmes et directeur des opérations de Theranos, a été jugé séparément et a également été reconnu coupable de fraude. Sa peine doit être prononcée le 7 décembre.
AFP