Procès à Yverdon Trio condamné pour un accident de grue

ATS

25.11.2019 - 18:14

Un ouvrier avait perdu la vie en 2016 sur un chantier à Villars-le-Grand (VD): un accident de grue lui a été fatal (photo d'illustration).
Un ouvrier avait perdu la vie en 2016 sur un chantier à Villars-le-Grand (VD): un accident de grue lui a été fatal (photo d'illustration).
Source: KEYSTONE/PETRA OROSZ

La justice vaudoise a rendu son verdict lundi dans l'affaire de l'accident de grue qui a été fatal à un ouvrier en 2016 à Villars-le-Grand (VD). L'entrepreneur, le contremaître et le grutier écopent de peines avec sursis.

Le Tribunal correctionnel de l’arrondissement de la Broye et du Nord vaudois à Yverdon-les-Bains a condamné cet entrepreneur de 60 ans à 18 mois de prison, avec sursis de quatre ans, principalement pour l’homicide par négligence de l’un de ses ouvriers de 50 ans sur un chantier à Villars-le-Grand. Il a également été reconnu coupable d'instigation à induction de la justice en erreur.

Forte personnalité, l'entrepreneur est apparu» arrogant et détaché» lors du procès. Il tolérait que ses ouvriers pilotent la grue sans avoir de permis ad hoc bien que la Suva lui en ait fait le reproche à six reprises. L'homme ne se trouvait pas sur le chantier au moment de l’accident.

«Face à de telles carences répétées de sécurité, un accident de cette gravité était inéluctable. Après le drame, l’accusé a pensé à ses seuls intérêts pour éviter d’assumer des manquements qu’on lui reprochait depuis des années. Il ne s’est même pas rendu à l’enterrement de son ouvrier», a souligné Donovan Thesaury, président du Tribunal. «Si la manœuvre avait été faite par un grutier formé, l’issue fatale aurait été évitée».

Fausses accusations

Le contremaître, âgé de 54 ans, a écopé de 12 mois de prison avec sursis de deux ans pour homicide par négligence, dénonciation calomnieuse, entrave à l’action pénale et instigation à induction de la justice en erreur. Sous pression de son patron, il avait accusé le grutier diplômé d’être aux commandes de la grue à sa place lors de l’accident.

Lors de l’enquête et des débats, il a «louvoyé et ergoté» pour préserver son patron. Il est toutefois apparu affecté par la disparition de son collègue et a proposé un dédommagement à la famille de la victime.

Le grutier de 47 ans, qui est aussi le neveu de l’entrepreneur et qui s’était accusé de l’accident, écope de 180 jours-amendes à 40 francs, avec sursis de deux ans, pour induction de la justice en erreur et entrave à l’action pénale.

Le Ministère public avait requis contre les trois hommes d'origine portugaise respectivement 24 et 18 mois d’emprisonnement ferme et 270 jours-amende. Au civil, l’entrepreneur et son contremaître devront verser conjointement 15’000 francs à la mère du défunt, 15'000 francs à son père et 7'500 francs à son frère.

Chute du chargement

Pour mémoire, à l’instigation de ce patron, les trois hommes avaient inventé une version des faits moins accablante pour celui-ci et pour les assurances. Le jour du drame, le contremaître avait utilisé la grue, alors qu’il n’était pas titulaire du permis ad hoc.

Ce faisant, il avait fait basculer son lourd chargement mal arrimé sur deux palettes vers son collègue. Grièvement blessé, cet homme, lui aussi est Portugais, est décédé le soir-même.

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