«Mort pour rien» Ils tuent pour un bruit de scooter: 4 personnes jugées à Colmar

ATS

9.10.2024 - 17:22

Le crime avait défrayé la chronique à l'été 2022: quatre accusés ont comparu mercredi devant les assises du Haut-Rhin pour l'assassinat d'un jeune Afghan à Colmar, après une banale altercation au sujet du bruit d'un scooter.

Le drame était survenu à Colmar à l'été 2022 (illustration).
Le drame était survenu à Colmar à l'été 2022 (illustration).
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«Nous voulons que justice soit rendue pour mon cousin, mort pour rien du tout, lui qui ne cherchait jamais les problèmes... Mes amis et moi avons confiance en la justice française», a déclaré à l'AFP un parent de la victime avant le début du procès qui se déroule jusqu'à vendredi devant les assises du Haut-Rhin.

L'audience s'est ouverte sous le régime de la «publicité restreinte», équivalent d'un huis clos, le principal accusé étant mineur au moment des faits.

Le dimanche 14 août 2022, Abdul Qayyum Ahmadzai, réfugié afghan de 27 ans, en France depuis 2016, rend visite à des proches dans un quartier de la cité alsacienne.

Cet employé du constructeur automobile Stellantis, à Mulhouse, et ses amis afghans sont réunis au bas d'un immeuble lorsqu'ils sont importunés par le bruit d'un scooter et demandent au conducteur et à son passager, deux jeunes de 17 et 18 ans, de s'éloigner.

Tueur à 17 ans

Selon l'ordonnance de mise en accusation, des insultes fusent, peut-être quelques coups, puis le jeune duo part... avant de revenir avec deux à cinq amis, mais aussi un pistolet pointé par l'adolescent de 17 ans en direction des Afghans, qu'il aurait tenté en vain d'utiliser au cours de la rixe.

Le petit groupe s'éloigne, puis l'homme de 18 ans débloque l'arme avant de la rendre au garçon de 17 ans. Celui-ci fait feu à une distance de 24 mètres, atteignant mortellement Abdul Qayyum Ahmadzai au thorax. Le réfugié était marié et père de quatre enfants.

Le pistolet, de calibre 7,65 mm, n'a jamais été retrouvé.

Suspect relâché

A l'issue d'une traque d'une dizaine de jours, le tireur et son ami ayant manipulé l'arme sont arrêtés: l'un aux abords d'un hôtel de Sarcelles (Val-d'Oise), l'autre dans un immeuble de 15 étages à Colmar, cerné par une centaine de policiers.

Renvoyés devant la cour d'assises des mineurs, le tireur – niant toute intention homicide et préméditation – et celui qui a remis en service le pistolet sont poursuivis pour assassinat, violences en réunion et détention illégale d'arme. Deux de leurs amis, âgés de 20 et 21 ans au moment des faits, répondent de complicité d'assassinat et de violences en réunion.

Le mineur au moment des faits encourt 20 ans de réclusion, voire 30 ans si l'excuse de minorité est écartée. Les trois autres risquent la perpétuité.

Après une erreur de procédure ayant entraîné la libération du tireur en septembre 2023, celui-ci est retourné en prison un an plus tard à la suite d'une condamnation pour de nouveaux faits, d'outrage, de rébellion et de dégradation.

«Nous n'avons toujours pas compris comment l'individu ayant reconnu le tir mortel avait pu sortir de prison un an après les faits», a déploré le cousin de la victime, dont l'épouse et les enfants vivent toujours en Afghanistan.

La femme de la victime est «sans ressources et sans possibilité pour le moment de venir en France. Tout a été stoppé par le décès de son mari», a commenté son avocate, Florence Tokic.

«Désolé»

Philippe-Henry Honneger, avocat du jeune homme qui a reconnu être l'auteur du tir, assure que ce dernier est «désolé (...) que les choses en soient arrivées là».

«C'est un garçon qui répète n'avoir jamais voulu que cela aboutisse à ce drame, qui avant tout s'en veut», a déclaré l'avocat.

Michaël Wacquez, avocat de l'homme qui a reconnu avoir manipulé l'arme avant de la remettre à l'adolescent, a indiqué que son client a «toujours contesté toute préméditation et toute intention homicide».

«Son étiquette de co-auteur pose question juridiquement et méritera d'être discutée devant la cour d'assises», a-t-il souligné.

ATS