Nicolas Sarkozy Un agenda judiciaire qui donne le vertige

AFP

12.2.2024

Bismuth, financement libyen, attribution du Mondial au Qatar... Outre le dossier Bygmalion dans lequel la cour d'appel de Paris doit rendre sa décision mercredi, l'ex-président Nicolas Sarkozy est cité ou mis en cause dans plusieurs dossiers.

L’ex-président Nicolas Sarkozy est cité ou mis en cause dans plusieurs dossiers.
L’ex-président Nicolas Sarkozy est cité ou mis en cause dans plusieurs dossiers.
IMAGO/ABACAPRESS

AFP

L'affaire des «écoutes» en cassation

Nicolas Sarkozy a été condamné en appel le 17 mai 2023 à trois ans d'emprisonnement, dont un an ferme à purger sous bracelet électronique, pour corruption et trafic d'influence dans l'affaire dite des écoutes (ou affaire Bismuth). Une confirmation des peines prononcées en première instance en 2021.

L'ex-président a été reconnu coupable d'avoir tenté, avec son avocat Thierry Herzog, d'obtenir d'un haut magistrat, Gilbert Azibert, des informations couvertes par le secret, voire une influence, sur un pourvoi en cassation qu'il avait formé dans l'affaire Bettencourt. En échange: la promesse d'un soutien pour l'obtention d'un poste à Monaco. Nicolas Sarkozy s'est pourvu en cassation et une récente décision du Conseil constitutionnel pourrait ouvrir la porte à un nouveau procès.

Procès sur le financement libyen

Nicolas Sarkozy sera également jugé en 2025, notamment pour corruption, soupçonné avec son entourage d'avoir noué un pacte avec le régime du dictateur libyen Mouammar Kadhafi pour financer sa campagne présidentielle victorieuse de 2007, ce qu'il nie en bloc.

Il partagera le banc des prévenus avec douze autres personnes, dont trois de ses anciens ministres : Claude Guéant et Brice Hortefeux, ex-ministres de l'Intérieur et proches de Nicolas Sarkozy, et Éric Woerth, ex-trésorier de la campagne présidentielle suspecte.

Rétractation de Takieddine

L'ex-président a aussi été mis en examen, en octobre dernier, dans l'enquête sur de possibles manœuvres frauduleuses pour écarter les soupçons de financement libyen.

L'opération - appelée «Sauver Sarkozy» par l'un des autres mis en cause - aurait notamment consisté à obtenir la rétractation des accusations proférées contre l'ancien chef de l’État par le sulfureux intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine en échange d'une possible rémunération.

La justice soupçonne dix protagonistes d'avoir participé à cette opération, dont la reine des paparazzis Mimi Marchand et l'intermédiaire Noël Dubus, déjà condamné pour escroquerie.

D'autres enquêtes en cours

Ses lucratives activités de conseil en Russie font, par ailleurs, l'objet d'une enquête préliminaire du parquet national financier (PNF) sur un possible trafic d'influence.

Selon Mediapart, qui a révélé l'information, cette enquête a été ouverte à l'été 2020. Elle vise à déterminer si Nicolas Sarkozy «se serait adonné à des activités de lobbying potentiellement délictuelles» pour le compte d'oligarques russes.

La justice enquête aussi depuis 2019 sur l'attribution controversée du Mondial-2022 au Qatar. Au cœur des soupçons figure un déjeuner tenu en 2010 entre Nicolas Sarkozy, alors président de la République, deux hauts dirigeants qataris et Michel Platini, à l'époque patron de l'UEFA.

Mis hors de cause

L'ex-président a bénéficié d'un non-lieu dans plusieurs dossiers: celui sur des voyages en jet privé, qui avaient fait naître des soupçons d'abus de biens sociaux parce qu'ils étaient payés par la société de l'un de ses proches, ou encore dans l'enquête sur le règlement par l'UMP de pénalités dues aux irrégularités financières de sa campagne de 2012.

La justice a également abandonné ses poursuites dans l'affaire des dons octroyés à l'UMP par la richissime héritière du groupe L'Oréal Liliane Bettencourt (décédée en 2017), où il a été brièvement mis en examen pour abus de faiblesse.

Immunité présidentielle

Par ailleurs, quatre ex-membres du premier cercle de Nicolas Sarkozy ont été condamnés en janvier 2022 dans l'affaire dite des sondages de l’Élysée, facturés sans appel d'offres entre 2007 et 2012.

L'ancien secrétaire général de la présidence et ex-ministre Claude Guéant, condamné à un an d'emprisonnement dont huit mois ferme, a fait appel. L'ancien chef de l'État, couvert par l'immunité présidentielle, qui prévaut pour les actes accomplis en cette qualité, n'a jamais été mis en cause dans ce dossier.