Des membres de la clinique équine "Clinequine" se préparent à anesthésier un cheval, à Marcy-l'Etoile près de Lyon, le 20 novembre 2018
Des vétérinaires et membres de l'équipe de Clinéquine, le 20 novembre 2018 à Marcy-l'Etoile, le 20 novembre 2018
Le directeur de la clinique et chirurgien Olivier Lepage opère un cheval le 20 novembre 2018
Un CHU 5 étoiles pour chevaux aux portes de Lyon
Des membres de la clinique équine "Clinequine" se préparent à anesthésier un cheval, à Marcy-l'Etoile près de Lyon, le 20 novembre 2018
Des vétérinaires et membres de l'équipe de Clinéquine, le 20 novembre 2018 à Marcy-l'Etoile, le 20 novembre 2018
Le directeur de la clinique et chirurgien Olivier Lepage opère un cheval le 20 novembre 2018
Ici, on veille sur des stars mais... dans des box. Et dans le bloc opératoire de ce CHU pour chevaux, tout est surdimensionné: table supportant une tonne, sondes et cathéters géants, champs stériles et poches de perfusion XXL.
"Quelque 1.500 chevaux sont hospitalisés chaque année dans notre clinique, auxquels s'ajoutent ceux en ambulatoire", explique à l'AFP le professeur Olivier Lepage, au cœur du centre d'urgence et de soins intensifs de la Clinéquine, créée en 1998 sur le campus vétérinaire de 44 hectares de Vetagro Sup, à Marcy-l'Étoile, près de Lyon.
"Nous avons des patients qui valent de 3 à 4 millions d'euros", dit-il. Mais stars des hippodromes ou anonymes, "le traitement est le même", relève ce chirurgien de renommée internationale.
En moyenne, sur l'année, "nous recevons une urgence par jour. Nous sommes l'un des rares centres d'urgence pour chevaux en Europe". Deux pros sont de garde chaque nuit pour les accueillir, avec un pic d'activité entre 23H00 et 04H00.
Des moniteurs vidéo permettent de surveiller chaque "chambre". Le centre dispose également de box doubles de néonatalogie, pour la mère et son petit.
Vetagro Sup, l'une des quatre écoles vétérinaires françaises, est la première en nombre de cas traités et de spécialités.
"Ici, nous avons la volonté de ne pas diviser enseignement, recherche et clinique", renchérit Isabelle Desjardins, spécialiste en médecine interne équine, lors d'un TP. Étudiants, internes et résidents sont tout ouïe.
Au bloc, les gestes chirurgicaux ne diffèrent guère de ceux d'une opération humaine. Si ce n'est par le nombre d'intervenants et la position du patient, les quatre jambes en l'air ! On dit jambes pour le meilleur ami de l'homme.
Quant à l'anesthésie d'animaux frôlant ou dépassant les 800 kilos, c'est une séquence spectaculaire.
Ainsi, cet hongre (mâle castré) de 8 ans, anesthésié avant une intervention par arthroscopie, est installé debout dans une salle aux murs capitonnés. Caresses, mots doux l'encouragent.
Six personnes le tiennent contre le mur afin d'amortir sa chute quand il s'endormira. Soulevé alors avec un treuil, il est transporté sur une table roulante jusqu'au bloc opératoire voisin.
Le chirurgien s'affaire sur une articulation antérieure tandis qu'à la tête de l'animal veillent les anesthésistes.
- Clientèle européenne -
Cet hôpital, avec plateau technique de pointe, IRM, échographie, scanner... fonctionne 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. Seul bémol, un déficit de spécialistes en imagerie. "Le public paye beaucoup moins que le privé !", reconnaît le Pr Lepage.
"Nous manquons aussi en France d'infirmières vétérinaires, pourtant indispensables".
La clientèle, parfois très riche, "vient de 400 kilomètres à la ronde, jusqu'en Suisse, Italie ou Espagne". Et les patients sont très divers: "du cheval de trait au cheval +tondeuse à gazon+, d'obstacle, de course mais aussi, poneys, ânes...". Voire même, récemment, un ours du zoo de Lyon !
Avec plus d'un million de chevaux, Auvergne-Rhône-Alpes est la deuxième région équine derrière la Normandie, où dominent les chevaux de course. France et Grande-Bretagne abritent le plus de races.
"On a connu ces 25 dernières années des avancées formidables. Avant, on euthanasiait les chevaux" blessés, relève le chirurgien, devant un animal au bassin fracturé.
"On a une médecine aussi pointue que celle des humains", assure-t-il. Arthrose, maladies musculaires, chirurgie, médecine régénérative, cellules souches... Vétérinaires et médecins, "on a plein de choses à s'apprendre" en recherche appliquée. "Le cheval est un modèle très intéressant".
La France doit toutefois rattraper son retard par rapport aux États-Unis ou au Canada. Vetagro a d'ailleurs "des liens avec leurs grandes universités", souligne le Pr Lepage, formé notamment à Montréal.
Parmi les pathologies les plus fréquentes aux urgences, les coliques, mortelles chez le cheval. "On a six heures maximum devant soi".
Puis viennent traumatologie, hémorragie aiguë, chirurgie endovasculaire - Marcy en est le centre de référence -, mais aussi dermatologie, cardiologie...
La formation ici se déroule aussi en anglais. En 2018, 77% des 160 élèves de première année sont des filles. Dix-huit étudiants venant de 13 pays ont également suivi la "Summer School" équine cet été. Certains, telle la Mexicaine Andrea Villanueva, prolongent l'aventure comme interne.
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