Street art Un fantôme dans la pandémie: Banksy et le coronavirus

Silvia Kusidlo, dpa

29.12.2020

Banksy – ou plutôt sa compagne – souffre. La crise du coronavirus a également contraint le mystérieux street artist au télétravail. Malgré tout, c’est avec une pincée d’humour et beaucoup de cœur que le bon esprit de la rue réconforte les victimes et les héros de la pandémie.

Soudain, ils apparaissent comme par magie, sur le vieux mur d’un salon de coiffure ou dans le métro. Le mystérieux street artist britannique Banksy place ses œuvres dans des endroits inhabituels. Cette année, celles-ci se focalisent sur un thème central: la pandémie de coronavirus, ses héros et ses victimes. Le Royaume-Uni est l’un des pays d’Europe où l’on enregistre le plus grand nombre de décès dus au coronavirus.

L’identité de Banksy est secrète. Il serait originaire de Bristol, dans le sud-ouest de l’Angleterre, et serait arrivé à Londres à la fin des années 1990. Il s’est fait un nom avec des créations critiquant la société, abordant des thèmes tels que les sans-abris et le consumérisme. Pour s’attaquer au thème grave de la pandémie, l’artiste fait preuve d’une bonne dose d’humour.

Les médias britanniques classent sa dernière œuvre, apparue en décembre sur le mur d’une maison à Bristol, dans cette catégorie. On y voit une vieille femme qui perd son dentier en éternuant fortement. Comme la maison se trouve dans ce qui est probablement la rue la plus pentue d’Angleterre, l’éternuement de la femme semble faire s’écrouler les maisons voisines.

Des rats dans le métro

Banksy a tagué des rats dans le métro londonien pour encourager le port du masque dans le cadre de la lutte contre le coronavirus. Un des rongeurs fait du parachute avec un masque, tandis qu’un autre – sans masque – éternue et projette de la peinture contre une fenêtre.

Par malchance, les agents en charge de l’entretien ne savaient pas quel artiste avait sévi et ont tout simplement retiré les œuvres. Selon des experts en art, elles valaient plusieurs millions de livres. Une vidéo diffusée sur Instagram semble montrer Banksy en train de taguer lui-même, vêtu d’une combinaison blanche et portant un masque. «Si t’as pas de masque, t’as rien compris», a-t-il écrit.

En automne, une œuvre de Banksy est soudainement apparue sur le mur d’un salon de coiffure à Nottingham. Sur cette œuvre en noir et blanc, une fille joue au hula hoop avec un pneu de vélo. Devant elle, Banksy a placé un vélo démoli avec un seul pneu, attaché à un lampadaire. Les voisins y ont vu un message d’encouragement en pleine crise de coronavirus: Nottingham est l’une des villes britanniques les plus durement touchées par la pandémie.

Dans une clinique de Southampton, dans le sud de l’Angleterre, Banksy a laissé un tableau dédié aux héros de la crise du coronavirus avec une note: «Merci pour tout ce que vous faites. J’espère que cela illuminera un peu l’endroit.» On y voit un jeune garçon qui fait voler comme Superman une poupée d’infirmière avec une cape.

Désordre et télétravail

En pleine crise du coronavirus, Banksy a même publié sur Instagram une œuvre réalisée en télétravail. Utilisant sa technique caractéristique de pochoir, il a tagué plusieurs rats sur le mur de sa salle de bains. Les objets ont été disposés de telle sorte que les rongeurs semblaient avoir semé le désordre. «Ma femme déteste quand je travaille à la maison», a commenté l’artiste, non sans humour.

Mais qui pourrait être derrière Banksy, dont les œuvres ont déjà été accrochées sans autorisation au Louvre à Paris ou à la Tate Modern à Londres, comme venues de nulle part? De nombreuses traces mènent à un certain Robin Gunningham, un street artist originaire de Bristol. Le «Daily Mail» a tiré cette conclusion dès 2008 à l’issue de recherches approfondies. Quelques années plus tard, des chercheurs de l’université Queen Mary de Londres sont parvenus à la même conclusion en employant des méthodes issues de la criminologie. Après avoir recoupé les œuvres de Banksy avec les déplacements de Robin Gunningham, ils ont trouvé de nombreuses similitudes.

D’autres pensent que Banksy est le chanteur Robert Del Naja du groupe britannique Massive Attack, né à Bristol. Un lien aurait notamment été identifié entre les dates de tournée du groupe et l’apparition de nouvelles œuvres dans plusieurs pays. Le chanteur nie les faits mais reconnaît qu’il est un ami de l’artiste. Parmi les nombreuses autres suppositions, il se dit également que Banksy est une femme qui dirige un collectif d’artistes. Effectivement, quelle que soit l’identité de l’individu derrière tout cela, Banksy doit avoir un cercle secret d’assistants.

Quels thèmes après le coronavirus?

Si la pandémie de coronavirus vient à prendre fin durant l’année à venir, Banksy se penchera probablement sur d’autres sujets – peut-être les réfugiés? Banksy soutient un navire battant pavillon allemand qui sauve des migrants en Méditerranée.

L’artiste a financé le M.V. Louise Michel, du nom d’une figure anarchiste française, et laissé cette année une œuvre en guise de marque de fabrique sur un mur du navire. On y voit une fillette avec un gilet de sauvetage et une bouée en forme de cœur.

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