Santé mentaleUn jeune sur dix souffre d'un trouble mental dans le monde
Relax
6.2.2024 - 16:26
(ETX Daily Up) – La santé mentale, nouveau mal du siècle? Le diagnostic est posé, et les études et rapports se succèdent pour le confirmer. La population mondiale va mal, et c'est d'autant plus le cas au sein des générations les plus jeunes. C'est ce que révèle un nouvel état des lieux qui estime à 293 millions le nombre d'enfants, d'adolescents et de jeunes adultes âgés de 5 à 24 ans vivant avec un trouble mental dans le monde, soit un jeune sur dix.
ETX Studio
06.02.2024, 16:26
Relax
«Il est urgent de transformer la santé mentale et les soins qui lui sont consacrés». C'est par ces termes que l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a présenté en juin 2022 un rapport sur la santé mentale de la population mondiale. L'autorité sanitaire, qui estimait alors à près d’un milliard le nombre de personnes – parmi lesquelles 14% des adolescents – vivant avec un trouble mental en 2019, «exhort[ait] les décideurs et les défenseurs de la santé mentale à intensifier leur engagement et leur action pour que changent les attitudes, les mesures et les approches à l’égard de la santé mentale, de ses déterminants et des soins qui lui sont consacrés». Deux années plus tard, le constat semble toujours aussi alarmant, au regard tout du moins des données publiées aux échelles mondiale et nationale.
Une équipe de chercheurs universitaires basée au Canada et au Brésil s'est penchée sur le sujet, et fournit un nouvel état des lieux spécifiquement axé sur les enfants et les adolescents. Publiées dans la revue JAMA Psychiatry, leurs conclusions alertent sur le fait que «la période allant de l'enfance au début de l'âge adulte implique une susceptibilité accrue à l'apparition de troubles mentaux». Parmi les principaux résultats de cette étude, qui repose sur les données de l'enquête 2019 Global Burden of Disease, figure la «forte prévalence des troubles mentaux chez les enfants et les adolescents».
Plus d'une personne âgée de 5 à 24 ans sur dix, soit 293 millions d'individus, vit avec un trouble mental pouvant être diagnostiqué dans le monde. «Environ un cinquième de toutes les incapacités liées à la maladie (toutes causes confondues) était attribuable aux troubles mentaux dans cette population. En outre, cette tranche d'âge représente environ un quart de la charge de morbidité liée aux troubles mentaux sur l'ensemble de la vie», peut-on lire dans l'étude. Plus de 30 millions des enfants et adolescents sont atteints d'un trouble lié à l'usage de substances. Dans le détail, la prévalence moyenne pour les troubles mentaux est estimée à 6,8% pour les 5-9 ans, à 12,4% pour les 10-14 ans, à 13,96% pour les 15-19 ans, et à 13,63% pour les 20-24 ans.
«Nous trahissons nos enfants»
Les conclusions de cette étude font écho à un rapport récemment publié par The Academy of Medical Sciences, qui appelle à «une action urgente» en faveur de «la santé défaillante des enfants» au Royaume-Uni. Les experts en santé infantile à l'origine de ces travaux font état «de problèmes de santé majeurs», dont la mortalité infantile, l'obésité, et la santé dentaire, et estiment le coût de l'inaction en faveur de la santé des enfants à au moins 16 milliards de livres sterling par année.
Parmi les grands enseignements de ces travaux, figure la baisse des taux de survie des nourrissons, «pires que dans 60% des pays similaires», mais aussi une multiplication par trois du nombre d'enfants vivant dans l'extrême pauvreté entre 2019 et 2022, une hausse de la demande de services de santé mentale pour enfants, et le fait que plus d'un cinquième des enfants âgés de 5 ans sont en surpoids ou obèses. Autre constat, les taux de vaccination ont dégringolé, au point de se situer désormais sous les seuils de sécurité de l'Organisation mondiale de la Santé, estiment les auteurs.
«Chaque enfant a droit à une enfance sûre et saine. Il est honteux que le Royaume-Uni n’y parvienne pas. Les décès d’enfants augmentent, la survie des nourrissons est à la traîne par rapport aux pays comparables et les problèmes de santé physique et mentale évitables affligent nos plus jeunes citoyens. La science est claire: nous trahissons nos enfants. Si la santé des bébés et des jeunes enfants n’est pas une priorité urgente, nous condamnons beaucoup de personnes à une vie en moins bonne santé et à un potentiel perdu. Il est temps d'agir», explique la professeure Helen Minnis, co-présidente du rapport.
Quid de la France?
«En 2023, la santé mentale des jeunes reste dégradée», indiquait Santé publique France en octobre dernier. D'après les données rendues publiques, les cas de dépression ont fortement augmenté chez ces jeunes générations au cours des dernières années. Les 18-24 ans étaient 20,8% à être concernés par ces types de troubles, contre 11,7% en 2017. Le constat est le même chez les jeunes âgés de 17 ans pour les symptômes anxio-dépressifs sévères, passant de 4,5% en 2017 à 9,5% en 2022.
«En septembre 20233, les passages aux urgences pour geste et idées suicidaires, troubles de l’humeur (épisodes dépressifs notamment) et troubles anxieux, ainsi que les actes médicaux SOS Médecins pour angoisse ont augmenté chez les enfants de moins de 18 ans et en particulier les 11-17 ans, comme habituellement en période de rentrée scolaire. Dans ces tranches d’âges, les niveaux observés restaient élevés mais comparables à ceux des années 2021 et 2022, à l’exception des passages pour idées suicidaires chez les 11-17 ans (niveaux supérieurs aux années précédentes)», peut-on lire dans cette étude.