«Pape de la lutherie» pas très catholique Un luthier au tribunal pour des accusations d'escroquerie

gsi, ats

16.5.2023 - 06:26

Un luthier à la renommée mondiale, désormais accusé d'être un escroc, se retrouve mardi au Tribunal d'arrondissement de Lausanne. Il lui est reproché d'avoir grugé une dizaine de personnes avec diverses opérations frauduleuses en lien avec des violons.

Il est reproché au luthier d'avoir grugé une dizaine de personnes avec diverses opérations frauduleuses en lien avec des violons. (image d'illustration)
Il est reproché au luthier d'avoir grugé une dizaine de personnes avec diverses opérations frauduleuses en lien avec des violons. (image d'illustration)
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Keystone-SDA, gsi, ats

Autrefois qualifié dans les médias de «pape de la lutherie», auteur de plusieurs ouvrages de référence, ce Neuchâtelois a déjà connu de nombreux démêlés avec la justice. Il a été condamné dans les cantons de Genève et Berne, tandis qu'une enquête a aussi été ouverte contre lui en Italie, du temps où il travaillait dans son atelier à Rome.

C'est désormais la justice lausannoise qui se penche sur plusieurs accusations, dont la principale concerne l'achat d'un Stradivarius. En 2007, le prévenu aurait réussi à convaincre un homme d'affaires vaudois dont il était l'associé, ainsi que plusieurs autres personnes, à lui verser 1,3 million de francs pour l'achat et la restauration de ce violon.

Le luthier aurait ensuite revendu l'instrument à l'insu des investisseurs, sans leur reverser leur part. Pendant plusieurs années, il a fait croire que l'opération était toujours en cours grâce à «un édifice de mensonges et de mises en scène», souligne le procureur dans son acte d'accusation.

Préjudice en millions de francs

Selon le même mode opératoire et en faisant à nouveau miroiter des reventes profitables, il serait parvenu à soutirer 1,2 million de francs supplémentaires auprès de son associé pour l'acquisition d'autres violons. Des instruments réels ou imaginaires, comme ce soi-disant «violon rouge» de Stradivarius – une dénomination inventée par le prévenu -, pour lequel il a fourni des certificats d'authenticité falsifiés à son partenaire.

L'homme d'affaires n'a jamais revu son argent et les fonds investis dans les violons ont conduit ses sociétés à la faillite. Le préjudice total a été estimé à 7,5 millions. Ce n'est qu'en 2016, après avoir été longtemps mené en bateau, qu'il a déposé plainte contre le luthier.

L'acte d'accusation mentionne l'existence d'autres victimes, lesées chacune pour plusieurs dizaines milliers de francs. Cela concerne par exemple deux personnes qui avaient confié leur violon au luthier pour qu'il les vende. Il n'aurait toutefois pas tenu ses engagements, cédant les instruments sans en informer leur propriétaire.

Pour ces différentes accusations, le luthier doit répondre d'abus de confiance, d'escroquerie par métier, de gestion déloyale et de faux dans les titres. Son procès est prévu sur deux jours au Palais de justice de Montbenon.