Russie Un opposant emprisonné pour le partage d'un clip de Rammstein

ATS

29.4.2021 - 22:11

La justice russe a condamné jeudi à deux ans et demi de prison un militant d'opposition. Il est accusé d'avoir diffusé de la «pornographie» en partageant un clip du groupe de métal allemand Rammstein, a déclaré à l'AFP son avocat.

Concert de Rammstein. (image d'illustration)
Concert de Rammstein. (image d'illustration)
KEYSTONE

Andreï Borovikov, 32 ans, un ancien responsable du bureau de l'opposant d'Alexeï Navalny à Arkhanguelsk, a été condamné à huis clos par le tribunal Lomonossovski de cette ville du nord-ouest de la Russie.

Son avocat, Andreï Kytchine, a précisé à l'AFP que M. Borovikov, qui dénonce des poursuites politiques, allait faire appel. Celui-ci avait partagé en 2014 sur le réseau social VKontakte, l'équivalent russe de Facebook, le clip de la chanson «Pussy» (2009) de Rammstein.

L'un des versions de cette vidéo, non-censurée, montre de véritables scènes sexuelles parodiant des films pornographiques et entrecoupées d'images du chanteur du groupe faisant mine de prononcer un discours politique.

Andreï Borovikov a depuis supprimé la vidéo et on ignore quelle version il avait diffusée. Une enquête avait été ouverte contre lui en septembre dernier pour «diffusion de pornographie sur internet». Le Parquet avait requis trois ans de prison ferme.

«Absolument absurde»

Dans un communiqué, l'ONG Amnesty International a qualifié mercredi l'affaire d'"absolument absurde» et a estimé que M. Borovikov était «uniquement puni pour son militantisme et non pour ses goûts musicaux».

Cette condamnation intervient au moment où les bureaux régionaux d'Alexeï Navalny en Russie ont annoncé leur auto-dissolution face à la menace d'être déclarés «extrémistes».

M. Navalny, 44 ans, est en prison depuis mi-janvier. Il avait été arrêté à son retour d'Allemagne où il avait passé près de cinq mois en convalescence pour se remettre d'un empoisonnement dont il accuse le Kremlin.

Depuis, les autorités ont intensifié les pressions sur ses partisans. Quasiment tous ses collaborateurs ont été assignés à résidence ou condamnés à de courtes peines de prison et plusieurs ont quitté la Russie.

Une militante LGBT russe est également jugée en ce moment, en Extrême-Orient, pour «diffusion de pornographie». Selon ses soutiens, Ioulia Tsvetkova, 27 ans, est poursuivie pour avoir publié sur internet des caricatures féministes montrant de femmes nues ou dénudées.