HolocausteUne fondation veut restaurer la cantine des SS d'Auschwitz
ATS
12.4.2021 - 08:17
Une fondation polonaise souhaite restaurer une grande cantine où des gardes SS d'Auschwitz-Birkenau venaient manger et se distraire après leurs journées gorgées de crimes dans ce camp d'extermination du Troisième Reich. Le but étant de témoigner sur un lieu oublié de «l'épicentre de l'Holocauste».
12.04.2021, 08:17
12.04.2021, 08:21
ATS
Les SS y venaient aussi pour «boire un coup, assister à des cérémonies, des concerts, des fêtes, à l'ombre du monstrueux crime qu'était Auschwitz-Birkenau», raconte à l'AFP Dagmar Kopijasz, un des initiateurs du projet de restauration du bâtiment.
«Ce bâtiment était au centre de la vie familiale et personnelle des SS (...), leur servait de lieu où ils venaient oublier leur travail qui était de tuer les gens» dans cet «épicentre de l'Holocauste», rappelle M. Kopijasz.
Sa Fondation «Lieux de mémoire auxiliaire d'Auschwitz-Birkenau (FPMP)», fondée en 2013, oeuvre pour sauver de l'oubli les objets et les bâtiments se rapportant à l'histoire de l'Holocauste.
Construite en mars 1942, cette ancienne cantine se trouve à 400 mètres du célèbre portail avec l'inscription «Arbeit macht frei» (Le travail rend libre) à l'entrée de la plus grande usine de mort de la Seconde Guerre mondiale en Europe.
Elle n'était pas la seule à Auschwitz-Birkenau, composé de trois camps principaux et de près de 50 autres étendus sur des kilomètres.
Entrepôt de céréales
Après la guerre, ce bâtiment en bois, en forme de croix avec une grande salle centrale et deux autres pièces latérales et pouvant accueillir au total jusqu'à 4000 personnes, est devenu un entrepôt de céréales avant de progressivement tomber en ruines.
Bien que dévasté, «il peut être sauvé», assure M. Kopijasz, «les projets de sa restauration sont déjà prêts». Du point de vue historique, l'ancienne cantine offre un éclairage «sur la vie sociale du personnel du camp», déclare à l'AFP Pawel Sawicki, porte-parole du musée d'Auschwitz.
Le mémorial d'Auschwitz, chargé de préserver le site même de l'ancien camp, est prêt à «aider ce genre d'initiatives de sa compétence scientifique et de ses archives», a-t-il assuré.
Des gens «ordinaires»
Selon M. Kopijasz, une fois restauré, le grand bâtiment pourra accueillir des cérémonies officielles sur l'histoire du camp. Il évoque aussi l'idée d'un «mur de la honte» à l'intérieur du bâtiment, avec un projet d'exposer les noms des SS identifiés, «peut-être avec leurs photos».
Cela pourrait compléter, selon lui, «le message» de mémoire envoyé depuis le site d'Auschwitz en rappelant la banalité du mal dans cet ancien camp de la mort.
«On a réduit l'image du nazi à celle d'une bête sauvage qui ne faisait que tuer. Ce n'est pas toute la vérité. C'était aussi une personne ordinaire, un prof, un commerçant, quasiment 'notre voisin' qui a commis ces crimes, il faut le rappeler», insiste M. Kopijasz.
Faute de fonds, la Fondation qui a déjà entamé des travaux, envisage de lancer une collecte internationale. Les travaux coûteraient plus de six millions d'euros.
Quelque 7000 survivants
Le camp d'Auschwitz-Birkenau, situé dans le sud-est de la Pologne alors occupée par les nazis du Troisième Reich d'Adolf Hitler, a fonctionné entre juin 1940 et janvier 1945. Quelque 1,1 million de personnes, dont une immense majorité de juifs de différents pays européens, y ont péri, exterminées dans des chambres à gaz ou mortes de faim et d'épuisement.
Le 27 janvier 1945, le camp d'extermination et de concentration d'Auschwitz-Birkenau a été libéré par l'Armée rouge. Les soldats soviétiques avaient alors découvert quelque 7000 survivants, hagards et affamés. A Auschwitz, l'Allemagne nazie a également déporté 232'000 enfants, dont seuls 700 étaient encore vivants quand l'armée soviétique a libéré le camp.