FéminismeUne lettre de lecteur dans La Liberté suscite la controverse
hs, ats
13.4.2021 - 19:35
Plusieurs associations ont dénoncé mardi devant les locaux du journal La Liberté à Fribourg la publication d'une lettre de lecteur qu'elles qualifient de banalisation de la culture du viol. Dans un éditorial, le rédacteur en chef Serge Gumy exprime ses «profonds regrets» pour cette «erreur d'appréciation».
13.04.2021, 19:35
ATS
Des inscriptions à la craie comme «La honte doit changer de camp» étaient dessinées sur le sol devant le siège du titre. Au total, entre 20 et 30 personnes s'étaient regroupées devant l'entrée en brandissant des pancartes dénonçant les atteintes à la dignité des femmes.
L'appel à cette manifestation a notamment été lancé par le collectif Grève féministe Fribourg, Extinction Rebellion et l'association de sensibilisation au harcèlement de rue Mille Sept Sans. La lettre de lecteur, publiée lundi et intitulée «Aux jeunes filles en fleurs», a provoqué de vives réactions sur les réseaux sociaux.
Dans un communiqué, ces collectifs disent attendre du journal La Liberté la garantie que des mesures soient prises afin de lutter contre la banalisation de la culture du viol. Ils demandent aussi la publication d'un article approfondi sur cette problématique.
«Les collectifs se concerteront sur la suite à donner si La Liberté ne donne pas suite à nos revendications», a expliqué à Keystone-ATS Catherine Friedli, membre du collectif Grève féministe Fribourg.
«Entière responsabilité»
Après avoir défendu, sur la page Facebook du quotidien, la publication du texte au nom de la liberté d'expression, Serge Gumy a présenté mardi soir ses «profonds regrets». «Je suis notamment désolé envers celles et ceux qui ont été révulsés de sentir le corps de jeunes filles ainsi sexualisé», écrit le rédacteur en chef dans un éditorial en ligne, relevant que de nombreux lecteurs ont fait part de leur réprobation à la suite de cette publication.
«A ne lire cette lettre que sous l’angle strict de la légalité, qui nous sert de boussole dans le traitement des milliers de missives reçues par année, nous avons sous-estimé l’évolution des sensibilités sur le sujet et commis par là-même une erreur d’appréciation dont j’assume l’entière responsabilité comme rédacteur en chef. Avec le recul, je l’admets, nous n’aurions pas dû publier cette lettre.»
Serge Gumy rejette cependant l'accusation proférée à l'encontre du journal de banaliser la culture du viol, voire de faire l'apologie de la pédophilie. «La Liberté condamne les violences faites aux femmes ainsi que les abus sur les enfants, sans ambiguïté», ajoute le rédacteur en chef. Le journal s'engage à «redoubler de vigilance à l'avenir», mais continuera dans le même temps à défendre la liberté d'expression, celle de ses journalistes et de ses lecteurs.