L'exploitante, le client et l'employée au tribunal Argovie: la maison close «proposait» des prostituées mineures

SDA

17.2.2025 - 09:58

La justice argovienne enquête sur un scandale de maison close : outre la gérante, plusieurs clients et employés doivent répondre de leurs actes devant le tribunal. Ils sont accusés d'avoir employé des mineurs.

Deux prostituées mineures travaillaient dans une maison close argovienne. Le ministère public accuse désormais l'exploitante de la maison close, deux réceptionnistes et plusieurs clients. (Image symbolique)
Deux prostituées mineures travaillaient dans une maison close argovienne. Le ministère public accuse désormais l'exploitante de la maison close, deux réceptionnistes et plusieurs clients. (Image symbolique)
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Le ministère public argovien a requis une peine de quatre ans de prison contre la gérante d'une maison close du district de Baden. La sexagénaire hongroise est accusée d'avoir proposé ses services à deux prostituées mineures dans son établissement.

Selon un communiqué publié lundi, le ministère public reproche à la femme d'avoir été au courant de l'âge des adolescentes dès leur entrée clandestine en Suisse et de les avoir parfois expressément proposées comme mineures.

Au terme de l'enquête, le ministère public accuse donc la gérante de la maison close de traite d'êtres humains qualifiée et d'encouragement répété à la prostitution de mineurs. Devant le tribunal, elle demandera, en plus de la peine de prison, une expulsion de dix ans.

Deux réceptionnistes condamnées

La gérante de la maison close est considérée comme la principale accusée - mais elle n'est pas la seule à avoir dû répondre de ses actes devant les autorités pénales. Deux réceptionnistes de la maison close ont déjà été condamnées définitivement pour encouragement multiple à la prostitution dans le cadre d'une procédure abrégée.

Selon le communiqué, les deux Hongroises, âgées de 36 et 45 ans, étaient "responsables des rendez-vous et des arrangements de services dans l'établissement". Elles ont été condamnées à des peines de prison avec sursis de 14 et 16 mois ainsi qu'à des expulsions de cinq ans.

Accusations contre plusieurs clients

Le ministère public argovien a également enquêté sur plusieurs clients. Un Suisse de 44 ans, qui avait demandé de manière ciblée une prostituée mineure, devra prochainement répondre devant la justice d'actes sexuels avec des mineurs contre rémunération. Selon l'accusation, il risque une peine de prison avec sursis de huit mois ainsi qu'une interdiction d'exercer une activité.

Cinq autres clients de maisons closes ont déjà été condamnés par ordonnance pénale définitive à des peines pécuniaires avec sursis et à des amendes de 250 à 2500 francs. Ils doivent en outre verser des indemnités pour tort moral à la victime et prendre en charge les frais de procédure.

Sur la base des preuves, le ministère public est parti du principe qu'il devait être évident pour les clients que les prostituées étaient des mineures.

Un loverboy attire une adolescente en Suisse

En avril 2023, des informations sont parvenues de la population selon lesquelles une adolescente mineure de Hongrie travaillait dans la maison close du district de Baden, indique le communiqué du ministère public. Les autorités ont alors trouvé une jeune fille de 16 ans et l'ont placée dans un cadre protégé.

La mineure, qui vivait dans des conditions très difficiles dans son pays d'origine, aurait été recrutée et manipulée de manière ciblée par la méthode du loverboy. Un homme lui aurait promis le grand amour, l'aurait rendue dépendante et attirée en Suisse - puis l'aurait mise en contact avec l'exploitante de la maison close.

Selon l'enquête, l'adolescente a dû servir environ 70 hommes dans la maison close entre janvier et mars 2023. Les autorités ont en outre découvert une autre victime mineure qui avait travaillé pendant trois jours comme prostituée pour l'accusée principale.

Selon les indications du ministère public argovien, le loverboy présumé séjourne à l'étranger. Les autorités locales ont entre-temps ouvert une enquête contre lui et contre un intermédiaire, ajoute le communiqué.