ProcèsL'ex-municipal veveysan Girardin ne voit pas de conflits d'intérêt
nt, ats
27.4.2021 - 15:37
Keystone-SDA, nt, ats
27.04.2021, 15:37
ATS
Le procès de Lionel Girardin, accusé de gestion déloyale, s'est ouvert mardi devant le Tribunal de l'Est vaudois à Vevey (VD). Au terme de la matinée, le prévenu ne voit pas de conflits d'intérêt dans le fait d'avoir attribué des mandats à sa propre société.
Les faits reprochés tournent essentiellement autour de la fondation Apollo active dans le logement social et que Lionel Girardin présidait bénévolement. Créée en 2010 à Vevey, elle a étendu dès 2014 son activité à d'autres communes (Montreux, Aigle, Yverdon, La Tour-de-Peilz).
De cette première matinée d'audience, il ressort que beaucoup d'éléments que Lionel Giradin estimait aller de soi «pour le bien de la fondation Apollo» n'ont pas été protocolés. Au vu des réponses floues de l'accusé, difficile pour la Cour de savoir si le Conseil de Fondation était au courant des diverses décisions liées à OP.
Parmi elles, l'engagement par Lionel Girardin de sa propre société, Operation Project (OP), et de son épouse comme prestataire externe de la Fondation Apollo. Il a entre autres attribué à OP sans appel d'offres la gestion des ressources humaines d'Apollo, qui a été attribuée à sa femme.
A signaler que le coût annuel de la gestion RH par employé est alors passé de 315 francs en 2013 à 1708 francs en 2017. L'acte d'accusation évoque un montant de plus de 50'000 francs au total.
Lionel Girardin dit en avoir informé le conseil de fondation. Mais plusieurs membres ne s'en souviennent pas ou l'ont appris par la presse, rappelle le procureur Christian Buffat. «Vous êtes le seul à dire que c'était clair pour tout le monde», relève la présidente.
L'ex-municipal socialiste ne voit aucun conflit d'intérêt, a-t-il expliqué à la présidente du tribunal. Et il le referait. Tout au plus reconnaît-il que l'attribution de ce mandat aurait dû être protocolée clairement.
Nouveaux locaux
Par la suite, la Fondation s'est agrandie et a cherché de nouveaux locaux, trop grands. Lionel Girardin a alors proposé de louer des espaces de coworking. Là encore, il affirme que l'information avait passé. C'est la société OP qui est la première locataire pour un loyer de 600 francs par mois.
Certains n'ont pas compris, a relevé la présidente. Dans les procès-verbaux, il est fait mention de sous-location.
Et sous-location
Alors qu'Apollo dispose déjà de très grands locaux, Lionel Girardin loue au nom de la fondation des locaux de la ville à la rue du Simplon 38 pour du coworking. Le loyer de 2600 francs est financé par Apollo. «On a commencé avec peu, mais les activités ont grandi», justifie le prévenu.
La gestion du coworking est externalisée de la Fondation Apollo pour être confiée à Operation Project. Le tribunal essaie de comprendre le pourquoi de l'organisation de cette reprise par la société du prévenu.
Pour Lionel Girardin, l'extension de cette activité s'inscrit dans la logique de trouver des ressources pour la fondation. «A aucun moment, il n'y a eu l'idée de prétériter ses intérêts». Il y a vu «une vraie opportunité d'obtenir des fonds par une activité annexe».
Encore une option stratégique pas discutée et pas évoquée pour la moitié du conseil, a souligné le procureur. Lionel Girardin a nouveau répété à nouveau que c'était clair dans sa tête.
Opérationnel et stratégique
Quant au fait d'être rémunéré par le biais d'une autre entreprise alors que le conseil de fondation travaille bénévolement, Lionel Giradin dit faire la différence entre opérationnel et stratégique.
En fin de matinée, la présidente a encore relevé qu'à chaque fois qu'une décision a été prise en faveur d'Operation Project, elle l'a été par Lionel Giradin.
Les débats se poursuivent dans l'après-midi. La syndique de Vevey Elina Leimgruber assiste à l'audience.
L'ex-municipal socialiste est accusé de gestion déloyale des intérêts publics, subsidiairement gestion déloyale. Il lui est reproché d'avoir empoché 74'000 francs en favorisant sa propre société au détriment de la Fondation Apollo qu'il dirigeait et qui aurait perdu 90'000 francs dans l'affaire.