Violences en Suède Une tournée anti-islam pour brûler le Coran fait 40 blessés

ATS

18.4.2022 - 21:25

La police suédoise a porté lundi à 40 blessés, dont 26 policiers, le bilan des graves violences survenues dans plusieurs villes du pays dans le sillage d'une «tournée» d'un groupe d'extrême droite voulant brûler le Coran. Plus de quarante personnes ont été arrêtées.

Des contre-manifestants se tiennent près d'un bus de police en feu dans le parc Sveaparken à Orebro, en Suède, le 15 avril 2022, où Rasmus Paludan, chef du parti d'extrême droite danois «Ligne dure», avait obtenu une autorisation pour un rassemblement le Vendredi saint.
Des contre-manifestants se tiennent près d'un bus de police en feu dans le parc Sveaparken à Orebro, en Suède, le 15 avril 2022, où Rasmus Paludan, chef du parti d'extrême droite danois «Ligne dure», avait obtenu une autorisation pour un rassemblement le Vendredi saint.
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La gestion de cette tournée anti-islam a également suscité la condamnation de plusieurs pays musulmans: après l'Irak et l'Arabie Saoudite, la diplomatie turque a déploré lundi «l'hésitation à empêcher des actes provocateurs et islamophobes (...) sous couvert de liberté d'expression». Une manifestation a eu lieu devant l'ambassade de Suède en Iran.

Des premières contre-manifestations contre la venue en Suède du chef du parti danois anti-islam «Ligne dure», Rasmus Paludan, avaient dégénéré jeudi déjà dans les villes suédoises de Norrköping et Linköping. Les scènes d'émeutes s'étaient ensuite propagées durant le week-end à plusieurs autres villes, où M. Paludan devait passer.

La police suédoise considère avoir été la cible principale de ce qu'elle a qualifié d'"émeutes violentes». Une vingtaine de ses véhicules ont été incendiés ou endommagés. «Beaucoup de choses suggèrent que c'était la police qui était la cible principale, plutôt que les organisateurs», a déclaré lors d'une conférence de presse Jonas Hysing, commandant des opérations spéciales.

Retour au calme lundi

«On a essayé de tuer des policiers», s'est ému à ses côtés le chef de la police du pays, Anders Thornberg. «Des individus criminels ont profité de la situation pour faire preuve de violence» et ce «sans rapport avec les manifestations», a-t-il également affirmé.

La police suédoise suspecte aussi une influence de l'étranger, mais aucun pays n'a été désigné. La journée de lundi a été marquée par un retour au calme, avec le départ de Suède de M. Paludan, rentré au Danemark.

Plus de quarante personnes, dont plusieurs mineurs, ont été arrêtées dans ces affrontements survenus également à Malmö, Örebro et à Rinkeby, une banlieue de la capitale Stockholm. Les violences ont culminé dimanche lorsque la police avait dû tirer des coups de feu de semonce à Norrköping, blessant trois personnes par balle, selon elle du fait de ricochets.

Protestations du monde arabe

Du Danemark à la Belgique en passant par la France, Rasmus Paludan est coutumier ces dernières années de projets de mettre le feu à des exemplaires du Coran, généralement dans des quartiers immigrés à forte population musulmane.

Les évènements sont souvent interdits par la police, mais parfois tolérés au nom de la liberté de manifestation malgré les vives tensions provoquées par les rassemblements, comme jeudi en Suède. Ces autorisations suscitent l'incompréhension du monde arabo-musulman.

«Les viles attaques en Suède contre notre livre saint, le Coran, montrent que les leçons du passé n'ont pas été apprises», a affirmé le ministère turc des Affaires étrangères sur Twitter. Il a déploré que des «crimes de haine soient ouvertement tolérés sous couvert de liberté d'expression».

La diplomatie irakienne avait convoqué dimanche le chargé d'affaires suédois, dénonçant d'un acte «provocateur pour les sentiments des musulmans et offensant pour ce qu'ils ont de sacré». L'Arabie saoudite avait également «condamné les agissements de certains extrémistes en Suède et leurs provocations contre les musulmans», selon son agence officielle.