Violences conjugales Quatennens condamné à quatre mois avec sursis

ATS

13.12.2022 - 16:03

Condamné mardi à quatre mois de prison avec sursis notamment pour des «violences» sur son épouse, Adrien Quatennens a été dans la foulée radié pour quatre mois de son appartenance au groupe LFI. Le parti tente de clore une affaire l'empoisonnant depuis septembre.

L'audience d'homologation, qui s'est tenue à huis clos, n'a pas permis de connaître le détail des faits pour lesquels M. Quatennens est condamné (archives).
L'audience d'homologation, qui s'est tenue à huis clos, n'a pas permis de connaître le détail des faits pour lesquels M. Quatennens est condamné (archives).
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Keystone-SDA

Cette condamnation judiciaire «est un avertissement solennel qui ne l'empêche pas de réintégrer l'Assemblée et de poursuivre son mandat électif», a réagi son avocate, Me Jade Dousselin, à la sortie de l'audience, précisant que son client s'exprimerait «dans les prochaines heures».

A l'issue d'une longue réunion, le groupe des députés Insoumis a en tout cas annoncé dans un communiqué sa «radiation temporaire du groupe parlementaire LFI-Nupes pour une durée de quatre mois à compter d'aujourd'hui et jusqu'au 13 avril 2023».

Stage de responsabilisation

Un retour sera ensuite possible, «conditionné à l'engagement de suivre un stage de responsabilisation sur les violences faites aux femmes auprès d'associations féministes».

Une décision que regrette la cheffe des députés écologistes Cyrielle Chatelain: «La décision que l'on attend, c'est la démission d'Adrien Quatennens, qui ne peut pas siéger avec la Nupes».

La Nupes va-t-elle se fissurer sur cette affaire? D'autres parlementaires de cette alliance de gauche appellent aussi à la démission du député, qui s'est mis en retrait de la coordination de LFI en septembre.

«Un député condamné pour violences conjugales ne peut pas siéger. Il doit démissionner. Par respect pour les femmes, pour nos combats et les valeurs que nous défendons», a tweeté la députée Sandrine Rousseau, finaliste de la primaire écologiste en 2021.

«C'est une décision judiciaire sérieuse, une peine conséquente, grave, (...) est-il en situation de défendre la cause commune qui est la nôtre, y compris la cause des féministes?», a interrogé le député communiste Sébastien Jumel.

Pour Sophie Taillé-Polian, députée représentante des écologistes dans l'intergroupe Nupes, «c'est un plaider-coupable et il a quand même eu quatre mois avec sursis, donc on peut imaginer que les faits sont avérés et lourds».

«S'il avait été socialiste, je peux vous dire qu'il aurait été exclu», a déclaré pour sa part Arthur Delaporte (PS).

Le groupe LFI a expliqué qu'il tentait de concilier «la décision de justice prise après enquête, le principe féministe de prendre au sérieux la parole des femmes, une volonté de gradation des sanctions» et le fait qu'"Adrien Quatennens est d'ores et déjà mis en retrait de son activité parlementaire depuis trois mois».

Jugé en comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC ou «plaider-coupable"), le député, en jean bleu et doudoune noire, était présent lors de l'homologation par un juge de sa peine, qu'il avait préalablement acceptée sur proposition du parquet.

Son épouse, avec qui il est engagé dans une procédure de divorce conflictuelle, était également présente, accompagnée d'un avocat.

Huis clos

M. Quatennens est condamné pour «violences sans incapacité commises par conjoint» entre octobre et décembre 2021, ainsi que pour «envoi régulier et malveillant de messages» à son épouse entre août et septembre 2022. Il devra également verser 2000 euros de dommages et intérêts.

Selon son avocate, il lui est reproché une gifle «il y a plus d'un an dans un contexte extrêmement tendu», ainsi que «des SMS répétés, dont M. le juge homologateur a reconnu aujourd'hui devant nous qu'ils n'avaient aucun caractère harcelant, malveillant ou menaçant».

L'audience d'homologation, qui s'est tenue à huis clos, n'a cependant pas permis de connaître le détail des faits pour lesquels M. Quatennens est condamné.

Son retour rapide dans l'arène politique avait déjà été mis à mal par un communiqué fin novembre de son épouse à l'AFP, évoquant des «violences physiques et psychologiques» exercées depuis «plusieurs années» par son mari.

Jean-Luc Mélenchon, qui avait dans un premier temps affiché son soutien à son poulain, provoquant l'ire des militants féministes et une crise à LFI, ne s'est pas exprimé sur le sujet depuis les nouvelles accusations de Céline Quatennens.

Militantes féministes

L'intéressé, lui, «compte revenir», mais il se pliera aux «conditions soumises par le groupe», avait affirmé son entourage avant sa condamnation.

M. Quatennens est arrivé au tribunal par une porte dérobée, évitant les journalistes, ainsi que quatre militantes du collectif féministe #NousToutes, présentes pour réclamer sa démission.

Une dizaine d'élus et militants LFI s'étaient également rassemblés dans un froid glacial afin de le soutenir.

«On ne peut pas le comparer à des gens qui tabassent leur femme, qui mettent du GHB dans des verres», avait déclaré le maire LFI de Faches-Thumesnil, Patrick Proisy.