En pleine vague de Covid ?Virologue : «Nous avons maintenant un agent pathogène de plus»
Andreas Fisher/Trad
2.10.2023
Selon la virologue Isabella Eckerle, la vague de Covid était attendue depuis longtemps. Avec une forte circulation de la grippe, le système de santé risque une fois de plus d'atteindre ses limites.
Andreas Fisher/Trad
02.10.2023, 07:42
Andreas Fisher/Trad
Payer soi-même 150 francs pour un test PCR ? Tout le monde ne peut ou ne veut pas se le permettre. De nombreuses infections au Covid ne sont donc pas détectées et ne figurent pas dans les statistiques.
La situation épidémiologique actuelle en Suisse laisse présager une vague automnale inévitable.
«Après une phase de plusieurs semaines en juin et juillet au cours de laquelle il n'y a pratiquement pas eu de cas, nous constatons à nouveau une augmentation du nombre de malades du Covid depuis la fin du mois d'août», confirme Isabella Eckerle, interrogée par blue News.
Le responsable est le variant EG.5 et ses dérivés, également appelé «Eris», qui est particulièrement efficace pour contourner l'immunité existante, explique la virologue de l'Université de Genève.
«Une recrudescence des infections n'est pas à exclure», déclare quant à lui l'Office fédéral de la santé publique (OFSP). L'autorité suit de près l'évolution du processus infectieux, en analysant notamment la charge virale et les variants viraux dans les eaux usées.
L'évolution des variants, les consultations dans le secteur ambulatoire et la charge de morbidité dans les hôpitaux font également l'objet d'un suivi.
«Nous avons un agent pathogène de plus»
Depuis la mi-août, l'OFSP observe une légère tendance à la hausse dans certaines stations d'épuration, accompagnée d'une légère augmentation des hospitalisations. Interrogé par blue News, le porte-parole Simon Ming souligne toutefois expressément que «les valeurs actuelles sont encore trop faibles pour indiquer une augmentation claire».
Isabella Eckerle porte un jugement différent : «Il semble que la vague Covid soit déjà en cours, alors que l'influenza, c'est-à-dire la vraie grippe, ne circule pas encore dans l'hémisphère nord».
Outre le SRAS-CoV-2, toute une série d'autres virus respiratoires circuleraient également. Mais quel est le degré de préparation des autorités et du système de santé ? La Suisse doit-elle s'attendre à une nouvelle surcharge ? «La responsabilité des soins de santé incombe aux cantons», répond brièvement l'OFSP.
La virologue donne plus de détails : «Une forte circulation simultanée du SRAS-CoV-2, du VRS (virus respiratoire syncytial), de la grippe et d'autres virus respiratoires peut mettre à rude épreuve le système de santé : non seulement par des infections aiguës, mais aussi, par exemple, par une augmentation de l'occurrence des infections ultérieures». Un autre aspect est la perte de personnel en cas d'infections nombreuses.
«Tous ces facteurs ont poussé le système de santé à la limite lors des hivers marqués par une forte circulation de la grippe, avant même la pandémie. Aujourd'hui, un autre agent pathogène vient s'ajouter à cette situation», prévient Isabella Eckerle.
Les cantons doivent effectuer des tests
Toux, écoulement nasal, enrouement : tous les rhumes ne sont pas des infections causées par le Covid. Bien entendu, seul un test permet d'y voir clair. Or, depuis le 1er janvier 2023, le gouvernement fédéral ne prend plus en charge les coûts des tests de dépistage du virus.
La décision du Parlement, explique le porte-parole de l'OFSP, a pour conséquence que la Confédération n'a plus défini de stratégie de dépistage à l'échelle nationale pour les analyses dans l'intérêt de la santé publique. Il appartient désormais aux cantons d'imposer ou de promouvoir les tests.
«Pour la majorité de la population, le test PCR n'a pas de conséquences médicales, explique Isabella Eckerle. Mais on peut toujours s'examiner soi-même avec un test rapide», ajoute-t-elle. D'autant plus que les experts considèrent comme acquis qu'ils reconnaîtront également de nouveaux variants du virus.