Anxiété, dépression,...Voici les effets que la crise climatique peut produire sur notre cerveau
Relax
8.4.2024 - 15:33
(ETX Daily Up) – Les événements climatiques extrêmes tels que des ouragans peuvent laisser des traces dans le cerveau des humains... et ce même avant la naissance! C'est ce que démontre la littérature scientifique depuis ces quinze dernières années.
ETX Studio
08.04.2024, 15:33
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On sait que la crise climatique peut provoquer de l'anxiété, voire des épisodes dépressifs. Mais le stress provoqué par la survenue d'événements climatiques extrêmes, qui ne cessent de s'amplifier, pourraient avoir d'autres impacts sur la santé mentale des individus, et plus précisément être à l'origine de troubles neurologiques. C'est en tout cas ce que s'applique à démontrer depuis 15 ans Yoko Nomura, professeure en psychologie et en psychiatrie au Queens College et à l'école de médecine Icahn du Mount Sinai. Alors qu'elle enquêtait sur le stress prénatal depuis 2009, la chercheuse new-yorkaise a décidé de donner une nouvelle direction à ses travaux, lorsque l'un des ouragans les plus dévastateurs de l'histoire a frappé la côté Est des États-Unis. C'était en octobre 2012 et cet événement climatique est désormais connu sous le nom «d'ouragan Sandy».
Parmi les femmes de la cohorte féminine étudiée par Yoko Nomura, 690 étaient enceintes. La chercheuse a alors eu l'idée d'intégrer la survenue de cet ouragan à la liste des critères d'événements stressants (au même titre qu'un divorce ou une perte d'emploi). L'objectif était de comprendre comment les facteurs de stress environnementaux peuvent modifier l'expression des gènes et influencer le risque de troubles neuro-comportementaux spécifiques chez l'enfant, tels que l'autisme, la schizophrénie ou encore le trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Yoko Nomura a donc cherché à savoir si le stress prénatal lié à la traversée d'un événement climatique extrême pouvait avoir des conséquences sur le cerveau des enfants à naître, comparé à ceux conçus avant ou après l'ouragan Sandy.
Des risques accrus d'anxiété, de dépression et de TDAH
Et il se trouve que son intuition était juste, puisque son étude a abouti à la conclusion que les enfants exposés in utero à l'ouragan présentent aujourd'hui un risque plus important de développer des troubles psychiatriques. Les filles qui ont été exposées à Sandy pendant la période prénatale ont notamment vu leur niveau d'anxiété multiplié par 20 et de dépression multipliée par 30 plus tard dans leur vie, comparé à celles qui n'ont pas été exposées. «Chez les garçons, les risques de TDAH et de troubles des conduites ont été respectivement multipliés par 60 et 20», estime l'étude, initialement publiée en 2017, puis actualisée en 2022, avec un suivi annuel sur les enfants conçus pendant l'ouragan Sandy, âgés en moyenne de 3 ans. «Il est nécessaire d'accorder plus d'attention à la compréhension des facteurs spécifiques liés aux parents, à l'enfant et à l'environnement qui expliquent ce risque accru et d'élaborer des stratégies d'atténuation», conclut l'équipe de Yoko Nomura.
Les travaux de cette chercheuse ne sont pas les seuls à mentionner un lien entre les événements climatiques et les conséquences sur la santé mentale. Une étude américaine, publiée en février 2024, a notamment démontré que les incendies de forêt seraient associés à une augmentation de 6,3% des visites aux urgences liées aux troubles anxieux graves, en particulier chez les femmes et les personnes âgées. En septembre 2023, une autre recherche (également réalisée aux États-Unis) a révélé que les hausses des températures provoquées par le dérèglement climatique pourraient avoir entraîné l'augmentation des visites à l'hôpital liées à la consommation d'alcool et de drogues.