Volcan Nyiragongo Volcan Nyiragongo: des habitants de retour à Goma

ATS

1.6.2021 - 16:40

L'activité a notablement repris depuis deux jours à Goma, ville de l'est de la République démocratique du Congo (RDC), évacuée le 27 mai par crainte d'une nouvelle éruption du volcan Nyiragongo, alors que la ville reste néanmoins une «zone rouge», selon les autorités.

Sur ordre des autorités, les habitants de Goma avaient évacué la ville le 27 mai vers les régions environnantes. Près de 400'000 personnes ont été déplacées.
Sur ordre des autorités, les habitants de Goma avaient évacué la ville le 27 mai vers les régions environnantes. Près de 400'000 personnes ont été déplacées.
KEYSTONE

Mardi en fin de matinée, le centre-ville était embouteillé, tandis que des piétons circulaient presque comme à l'ordinaire, au milieu des klaxons et de la poussière. Une partie des magasins et commerces a rouvert ses portes, mais banques et administrations restent closes.

Les imposants 4X4 des ONG ont fait leur retour dans les rues de la ville. Devant l'hôpital général, taxis-moto et véhicules roulaient, désormais complètement indifférents aux fissures ouvertes sur la chaussée ces derniers jours par les tremblements de terre. L'activité était cependant moindre hors du centre-ville.

Ces séismes à répétition, qui fissuraient il y a encore une semaine les façades des maisons et ont fait s'effondrer plusieurs bâtiments, ne se font quasiment plus ressentir.

Sur ordre des autorités, les habitants de Goma avaient évacué la ville le 27 mai vers les régions environnantes. Près de 400'000 personnes ont été déplacées.



Françoise Habimana avait fui au Rwanda avec ses trois enfants, jusqu'à Kigali dans une famille d'accueil. Elle a choisi de rentrer ce mardi, expliquait-elle à l'AFP à la «petite barrière», l'un des postes-frontière entre les deux pays, où des dizaines de familles remplissaient les formalités auprès des services de migration pour revenir au pays.

«J'ai jugé mieux de revenir aujourd'hui», a déclaré une autre Congolaise de retour, Béatrice Wakandwa. «Vivre seul au Rwanda, c'était un peu difficile, même si on a été bien accueilli. Je n'ai pas le choix, arrivera ce qui arrivera, je préfère revenir à Goma avec ma famille».

Selon un responsable de la Direction congolaise des migrations (DGM), 705 déplacés sont revenus du Rwanda vendredi, 729 samedi, et ils étaient 111 lundi dans la matinée.

Danger permanent

A l'image de ce qui se passe à la frontière rwandaise, des déplacés reviennent de Saké (ouest) et Rutshuru (nord), mais ce sont des retours par famille, il n'y a pas de retour en masse. Les autorités n'ont donné aucune statistique sur ces mouvements.

Selon le HCR, 350'000 personnes ont actuellement besoin d'une aide humanitaire d'urgence. Beaucoup ont été accueillis dans des familles, mais certains ont trouvé refuge dans des églises et des écoles, notamment à Saké (30 à l'ouest de Goma), où 120'000 déplacés ont été recensés. L'accès à une eau propre y est particulièrement crucial dans cette région où le choléra est endémique.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a entamé des distributions de vivres à Sake, mais également à Minova (dans la province voisine du Sud-Kivu) et Rutshuru, les trois zones principales où sont localisés les déplacés.

Toujours en phase rouge

Mardi, la cellule de crise mise en place par les autorités de la province du Nord-Kivu (dont Goma est la capitale) a estimé que «nous demeurons toujours dans la phase rouge», et que donc les populations des quartiers menacés (10 sur 18) n'étaient pas supposées revenir dans la ville. La plupart des habitants avaient fui la ville le 25 mai à l'aube, dans le plus grand désordre et la panique, après l'ordre surprise des autorités pour évacuer.

«Les données scientifiques de ce jour font état de 71 tremblements de terre enregistrés, dont la majorité n'a pas été ressentie par la population. Une légère baisse de la sismicité a été observée comparativement à la journée d'hier; cependant, le danger est permanent», selon cette cellule de crise.

«Nous recommandons donc à la population de rester vigilante, à l'écoute des informations et d'observer strictement les mesures arrêtées par les autorités provinciales car nous demeurons toujours dans la phase rouge», a souligné la cellule de crise.

Lundi soir, le Rwanda a estimé qu'il n'y avait pas de «risque imminent» de libération de gaz létal du lac Kivu, un scénario catastrophe redouté après l'éruption soudaine du Nyiragongo le 22 mai au soir.

L'activité sismique et volcanique du Nyiragongo, notamment des tremblements de terre avec fissures, s'est poursuivie pendant près d'une semaine, faisant craindre une possible nouvelle éruption de lave, y compris au coeur de Goma.

ATS