Couvre-feux Covid-19 en Floride, manifestations contre le racisme: les Etats-Unis célébraient samedi leur fête nationale dans une atmosphère singulière et un climat tendu.
Les festivités du 4 juillet, traditionnellement marquées par des parades, fanfares, barbecues et grands feux d'artifice dans une ambiance bon enfant ont été revues à la baisse à travers le pays. Un «hommage à l'Amérique» devait malgré tout être rendu par le président Donald Trump dans la capitale fédérale de Washington, à partir de 18h40 locales (00h40 dimanche en Suisse).
En dépit de la pandémie de coronavirus, le National Mall, l'immense esplanade où se dressent musées et monuments officiels et ses alentours restaient ouverts et accessibles au public pour un feu d'artifice annoncé comme «monumental». Un défilé aérien d'appareils de la Seconde Guerre mondiale et un show de la patrouille des Blue Angels étaient attendus, sous un soleil de plomb.
300'000 masques
Pour l'occasion, l'administration dit avoir prévu la distribution de 300'000 masques. Donald Trump devait s'exprimer depuis la Maison Blanche lors d'une cérémonie à laquelle ont été invités des Américains «en première ligne» face à la pandémie, en particulier du monde de la santé mais aussi des forces de police et de l'armée.
«La distanciation sociale sera observée et des masques et des désinfectants pour les mains seront distribués», a précisé à l'AFP Judd Deere, porte-parole de la Maison Blanche. Une grande partie du centre-ville était déjà bouclée dans la matinée, a constaté l'AFP.
Mais les célébrations du Jour de l'indépendance, lorsqu'en 1776 treize colonies britanniques proclamèrent leur séparation de la couronne britannique et fondèrent les Etats-Unis d'Amérique, risquent cette année d'avoir un goût amer.
Rassemblements contre le racisme
Pays le plus endeuillé par la pandémie de coronavirus, l'Amérique est aussi animée depuis la mort de l'Afro-Américain George Floyd, par un mouvement historique contre le racisme, comparable au mouvement des droits civiques des années 60. Partout dans le pays, des rassemblements étaient prévus pour la justice, l'égalité raciale et contre le gouvernement Trump.
A Washington, une vingtaine de collectifs ont appelé à manifester, notamment devant le monument en mémoire d'Abraham Lincoln, depuis lequel Martin Luther King avait prononcé son discours «I have a dream», en 1963.
Candidat démocrate à la présidentielle de novembre, Joe Biden a appelé dans un message vidéo à s'unir pour surmonter «plus de 200 ans de racisme systémique». «Notre pays a été fondé sur une idée, celle que nous naissons tous égaux. Nous n'avons jamais été à la hauteur de cette idée», a déclaré l'ancien vice-président de Barack Obama.
«Désordre violent»
Donald Trump, qui brigue un second mandat, a dénoncé vendredi soir dans un discours très sombre «le désordre violent» dans les rues, et des «années d'endoctrinement extrême dans l'éducation, le journalisme et d'autres institutions culturelles.»
En plein débat sur les statues mises à terre par des manifestants antiracistes, il a dénoncé, depuis l'imposant monument du Mont Rushmore, «une campagne visant à effacer notre histoire, diffamer nos héros, supprimer nos valeurs et endoctriner nos enfants». Dans son discours, le tempéteux milliardaire n'a que brièvement évoqué la pandémie qui a fait près de 130'000 morts sur le sol américain.
Dans un contraste saisissant avec l'Europe, des records de contaminations sont battus quotidiennement aux Etats-Unis. Devant l'ampleur de la crise sanitaire, le maire du comté de Miami-Wade, le plus peuplé du pays avec près de 2,7 millions d'habitants, a décrété vendredi un couvre-feu à partir de 22h00 locales. A Atlanta, Nashville, les concerts ou feux d'artifice ont été annulés. Une cérémonie virtuelle remplace les célébrations prévues dans la ville texane de Houston, foyer de l'épidémie dans le grand Etat du Sud.