Présidentielle en France A Besançon et Vesoul, Edouard Philippe poursuit sa route vers 2027

ATS

6.4.2024 - 21:51

«T'as voulu voir Vesoul...», lui lance une dame. «On me l'a déjà faite, celle-là», répond Édouard Philippe, amusé. Après une réunion de son parti, Horizons, vendredi à Besançon, l'ancien Premier ministre a ajouté samedi en Haute-Saône une nouvelle étape à son tour de France qui doit le conduire à la présidentielle.

L'ancien Premier ministre français (2017-2020) et maire du Havre, Edouard Philippe, ne fait aucun mystère de son intention de se présenter à l'élection présidentielle en 2027. Il a fondé un nouveau parti, nommé Horizons, en novembre 2021.
L'ancien Premier ministre français (2017-2020) et maire du Havre, Edouard Philippe, ne fait aucun mystère de son intention de se présenter à l'élection présidentielle en 2027. Il a fondé un nouveau parti, nommé Horizons, en novembre 2021.
ATS

Keystone-SDA

A la tribune de la salle Micropolis de Besançon, Édouard Philippe lit un poème de la légende de la ville, Victor Hugo. Il enchaîne sur Balzac, dont le roman Albert Savarus se déroule également dans la cité bisontine. Ce Savarus qui prévient, souligne son lecteur: «au jour des élections, je serai tout ce qu'il faudra que je sois».

Erudit, le maire du Havre n'oublie pas Stendhal, pour qui Besançon «n'est pas seulement une des plus jolies villes de France», mais aussi une cité qui «abonde en gens de coeur et d'esprit». Avant de l'écrire, l'auteur du «Rouge et le Noir» n'y était toutefois jamais allé...

Environ 700 cadres s'étaient donné rendez-vous pour cette réunion, deux ans et demi après la création d'Horizons. Au séminaire s'est ajouté une réunion publique avec la tête de liste de la majorité pour les élections européennes, Valérie Hayer.

Horizons, combien de divisions? «26'000 adhérents, 1117 comités municipaux, une cinquantaine de parlementaires» dont trois nouveaux: Alexandre Vincendet, exfiltré des Républicains, Pierre Henriet et Bertrand Bouyx dont le départ du groupe Renaissance a créé un petit psychodrame dans la majorité relative. «Et si vous voulez mon avis, ce ne sont pas les derniers», glisse Édouard Philippe.

«Pas de rivalités internes»

Un parti à l'ancienne, quand Renaissance peine encore à exister dans les territoires? «Je sais très bien que les partis, ce n'est pas populaire. Mais j'ai l'absolue conviction qu'on ne peut pas faire vivre la démocratie, ni exercer le pouvoir démocratique s'il n'y a pas de structuration politique, de parti», explique le maire du Havre.

Les partis «ne donnent pas toujours envie. Nous, on essaie. On essaie de ne pas trop se prendre au sérieux. Et on a l'immense avantage – j'espère que ça durera longtemps – de ne pas avoir de déchirures, de rivalités internes», poursuit l'ex-Premier ministre.

L'issue du Congrès d'Horizons prévu en décembre ne provoque pas de suspense insoutenable: Edouard Philippe sera reconduit à la tête du parti qu'il a créé et façonné.

Le samedi matin, le patron petit-déjeune avec les cadres des jeunes Horizons. Et ne veut pas être applaudi. «L'objectif, c'est de pouvoir recruter, détecter, former. C'est pas un truc d'apparatchik abominable: se former à l'action publique, c'est indispensable».

«Rien à cacher»

A Vesoul, le maire Alain Chrétien, Cadre d'Horizons, orchestre la visite qui passe notamment par la maison de services créée dans un ancien bâtiment militaire et quelques commerces où l'accueil est bienveillant. Un journaliste le lance sur sa popularité dans les sondages: «Je m'en cogne».

Les perquisitions cette semaine à la mairie du Havre dans le cadre d'une enquête pour des soupçons de conflits d'intérêts autour d'un marché public? «Je réponds à toutes les questions que les magistrats me poseront, je le ferai sereinement, complètement, je n'ai absolument rien à cacher dans cette histoire».

Pourquoi ces nombreux déplacements dans les territoires? «Ma grand-mère me disait: il faut accepter de perdre son temps pour en gagner». Et parfois, de ses échanges avec les habitants «sortent des pépites» destinées à nourrir son projet présidentiel.

Rude épreuve que de convaincre les électeurs sur la base d'un programme de rigueur sur les finances publiques et les retraites. «Il fait l'analyse qu'à un moment, d'ici 2027, les gens auront envie d'un discours de courage. Il a ce côté un peu churchillien», explique un de ses soutiens. Mais «il ne faudra pas que le programme soit uniquement du sang et des larmes», s'inquiète un autre.