Gaza Israël mène une opération «ciblée» dans l'hôpital al-Chifa

ATS

15.11.2023 - 04:15

L'armée israélienne mène mercredi une opération «ciblée» contre le Hamas dans l'hôpital al-Chifa, le plus important de la bande de Gaza. Des milliers de personnes s'entassent dans cet établissement considéré comme un site militaire par Israël et les Etats-Unis.

Plusieurs milliers de personnes s'entassent sur le site de l'hôpital al-Chifa, encerclé par l'armée israélienne.
Plusieurs milliers de personnes s'entassent sur le site de l'hôpital al-Chifa, encerclé par l'armée israélienne.
ATS

«Les forces de défense israéliennes mènent une opération ciblée et de précision contre le Hamas dans un secteur spécifique de l'hôpital al-Chifa», a indiqué tôt mercredi l'armée dans un communiqué en anglais.

L'armée israélienne dispose sur place «d'équipes médicales et de personnes parlant arabe qui ont été entrainées spécifiquement pour cet environnement sensible et complexe et ce dans le but qu'aucun tort ne soit causé aux civils utilisés par le Hamas comme boucliers humains», a-t-elle ajouté sans préciser ses cibles. Un haut responsable du Hamas a déclaré à l'AFP voir des «chars» et des «commandos» dans le complexe de l'hôpital.

«Je suis dans l'hôpital et je vois des dizaines de soldats et de commandos aux urgences et à la réception et il y a des chars qui sont entrés dans le complexe de l'hôpital», a déclaré à l'AFP Youssef Abul Reesh, un haut responsable du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, appelant l'ONU et la communauté internationale à intervenir «immédiatement» pour mettre fin à cette opération.

Au moins «179 corps» enterrés mardi

Plusieurs milliers de personnes, malades, personnels et civils déplacés par la guerre qui fait rage depuis le 7 octobre, s'entassent sur le site de l'hôpital al-Chifa, qui était encerclé par l'armée israélienne. Le directeur de l'hôpital a déclaré qu'au moins «179 corps» avaient été enterrés mardi dans une fosse commune.

«Il y a des corps qui jonchent les allées du complexe hospitalier et les chambres frigorifiées des morgues ne sont plus alimentées» en électricité, a raconté à l'AFP Mohammed Abou Salmiya, avant l'opération israélienne dans cet hôpital du centre de Gaza-ville. Dans la nuit de mardi à mercredi, le ministère de la Santé dans la bande de Gaza avait indiqué avoir été notifié par l'armée israélienne de son intention de mener une opération dans cet hôpital au coeur du conflit entre le Hamas et l'armée israélienne.

«Nous tenons l'occupation (nom donné par le Hamas à Israël, ndlr), la communauté internationale, les Etats-Unis entièrement responsables de la sécurité des milliers de membres des équipes médicales, des blessés, déplacés dans l'enceinte. Nous mettons en garde contre un massacre à l'hôpital», avait indiqué le ministère.

«Feu vert» de Washington?

L'armée israélienne estime que l'hôpital al-Chifa abrite des infrastructures stratégiques du Hamas, qui se sert selon elle de la population comme de «boucliers humains». Renchérissant sur des affirmations de son allié israélien, la Maison Blanche a assuré mardi que le Hamas et l'autre groupe islamiste palestinien du Jihad islamique avaient «un centre de commandement et de contrôle depuis l'hôpital al-Chifa».

«Nous tenons l'occupation (nom donné par le Hamas à Israël, ndlr) et le président Biden entièrement responsables de l'assaut du complexe médical de al-Chifa» par l'armée israélienne, a indiqué dans un communiqué le Hamas. Washington avait appelé ces derniers jours son allié israélien à la retenue à propos de l'hôpital al-Chifa.

«L'adoption par la Maison Blanche et le Pentagone du faux récit de l'occupation selon lequel la résistance utilise le complexe médical al-Chifa à des fins militaires a donné le feu vert à l'occupation pour commettre davantage de massacres contre les civils», a affirmé le Hamas, organisation classée «terroriste» par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël.

«Au cours des dernières semaines, nous avons indiqué à plusieurs reprises que l'utilisation continue de l'hôpital al-Chifa à des fins militaires par le Hamas allait mener à la fin de sa protection en regard du droit international», a déclaré le porte-parole de l'armée israélienne Daniel Hagari peu avant l'opération.

L'armée israélienne a dit avoir «fait savoir aux autorités compétentes de Gaza que toutes les activités militaires au sein de l'hôpital devaient cesser dans les 12 heures» mais que cela «n'avait malheureusement pas été le cas».

Marche pour les otages

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque du Hamas d'une ampleur et d'une violence jamais vues depuis la création d'Israël en 1948. Environ 1.200 personnes ont été tuées, selon les autorités israélienne, en grande majorité des civils massacrés ce jour-là. Et quelque 240 personnes ont été enlevées et ramenées à Gaza, selon l'armée.

En représailles, Israël a juré d'"anéantir» le mouvement islamiste, au pouvoir à Gaza. L'armée pilonne sans relâche le petit territoire palestinien assiégé et a lancé une opération terrestre le 27 octobre. Les bombardements israéliens ont tué 11'320 personnes, majoritairement des civils, parmi lesquels 4650 enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Le Forum des familles d'otages et disparus ont réclamé dans un communiqué que le gouvernement «approuve un accord (mardi) soir pour ramener à la maison tous les otages de Gaza». Une centaine de proches d'otages, leurs portraits imprimés sur des tee-shirt noirs, ont entamé un peu plus tôt une marche de 63 kilomètres de Tel-Aviv à Jérusalem, jusqu'au bureau de M. Netanyahu.

Des sources officielles égyptiennes ont dit à une télévision proche des services de sécurité que le chef du Mossad, le renseignement israélien, était au Caire «pour discuter d'une trêve humanitaire et du dossier de l'échange de prisonniers».

Dimanche, le Premier ministre israélien avait évoqué la possibilité d'un accord pour libérer des otages. Mais le Hamas avait par la suite accusé Israël de «tergiverser» pour la libération. «Je veux dire aux dirigeants et aux décideurs: nous avons perdu patience. Nous voulons que nos familles et nos proches reviennent maintenant», a déclaré Merav Leshem Gonen, une mère d'otage.

ATS