«Pas vraiment une tête d'affiche» New York: un poil à gratter au béret rouge dans la course à la mairie

ATS

17.10.2025 - 07:45

Candidat républicain pour la mairie de New York aux municipales du 4 novembre, Curtis Sliwa n'a a priori aucune chance de remporter ce bastion démocrate. Pour autant, il refuse de céder à ceux qui le pressent d'abandonner pour éviter une victoire du très à gauche Zohran Mamdani, favori des sondages.

FICHIER - Curtis Sliwa, candidat républicain à la mairie de New York, s'exprime lors d'une veillée organisée par le New York Young Republicans Club en l'honneur de Charlie Kirk au Madison Square Park, le vendredi 12 septembre 2025, à New York. (AP Photo/Kena Betancur, Fichier)
FICHIER - Curtis Sliwa, candidat républicain à la mairie de New York, s'exprime lors d'une veillée organisée par le New York Young Republicans Club en l'honneur de Charlie Kirk au Madison Square Park, le vendredi 12 septembre 2025, à New York. (AP Photo/Kena Betancur, Fichier)
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Personnage familier des New-Yorkais depuis la fin des années 1970, reconnaissable à son éternel béret rouge, ce natif de Brooklyn de 71 ans affirme s'être vu récemment proposer sept emplois différents, le plus alléchant à 10 millions de dollars annuels, en échange d'un retrait de sa candidature.

«Un emploi fictif, avec chauffeur, SUV», raconte-t-il à l'AFP sur un trottoir de Manhattan, entre deux photographies avec des passants. «Et cela aurait probablement continué encore et encore si je n'avais pas prévenu: 'La prochaine personne qui me rencontre ou m'appelle pour une offre de ce genre, j'irai voir les autorités'. Et ça s'est arrêté là».

Troisième homme dans les sondages avec 15% d'intentions de vote (selon le plus récent), le républicain est loin derrière l'ex-gouverneur démocrate Andrew Cuomo (33%), qui concourt en indépendant, et le vainqueur de la primaire démocrate Zohran Mamdani, venu de l'aile gauche du parti, qui caracole en tête (46%).

Un retrait du républicain arrangerait tous ceux, notamment dans certains milieux d'affaires, qui s'inquiètent de voir un socialiste revendiqué gagner la mairie et poussent à la création d'une coalition anti-Mamdani rangée derrière M. Cuomo.

«Amour-haine» avec Trump

Le retrait le mois dernier du maire sortant Eric Adams a servi cette cause: celui-ci n'a pas encore donné de consignes de vote, mais est très critique de M. Mamdani.

Curtis Sliwa, lui, promet qu'il ne se retirera pas, malgré les propositions mirobolantes ou les menaces, qui l'ont conduit à renforcer sa sécurité.

Et ce ne sont pas non plus les railleries d'un autre New-Yorkais célèbre, le président américain Donald Trump, qui vont le faire changer d'avis. Le milliardaire a dit du républicain qu'il n'était «pas vraiment une tête d'affiche», moquant sa passion pour les chats abandonnés qu'il recueille avec son épouse.

«J'entretiens une relation d'amour-haine avec Donald Trump depuis 30 ans. Je ne me présente pas pour lui, mais pour sauver cette ville». Quant aux moqueries sur les chats: «Les amoureux des animaux viennent me soutenir en masse», assure-t-il.

Celui qui se définit comme «un républicain populiste défenseur des travailleurs, pas des milliardaires» a créé en 1979 les «Anges Gardiens», un groupe de volontaires ("milice», disent ses détracteurs) patrouillant dans le métro de New York, très dangereux à l'époque.

Admiration pour un adversaire

L'ancien directeur d'un McDonald's du Bronx a sa part d'ombre: il a reconnu plusieurs fois avoir menti pour valoriser son groupe, admettant avoir fabriqué ou dramatisé certains de leurs exploits. Et, en 1992, il a failli mourir sous les balles de tueurs envoyés par le fils d'un célèbre parrain de la mafia, une affaire jamais totalement élucidée.

Depuis les années 1990, il a une longue carrière d'animateur radio, interrompue pour se présenter une première fois à la mairie en 2021. Il avait alors obtenu près de 28% des voix face à Eric Adams.

Aujourd'hui, il espère probablement «un bouleversement dans la campagne», pense le politologue Costas Panagopoulos (Northeastern University), «qui le placerait en position d'influence, en 'faiseur de roi' capable d'obtenir des concessions de ses adversaires, voire un poste au sein d'une future administration municipale».

Mais, au-delà de toute considération stratégique, Curtis Sliwa dissimule à peine son admiration pour l'un de ses adversaires et son aversion pour l'autre.

«Personne ne savait vraiment qui était Zohran Mamdani, mais il est allé sur le terrain avec ses partisans et ils ont mené une campagne offensive pour décrocher les voix. Andrew Cuomo, lui, était dans les Hamptons [une région huppée, ndlr] avec ses amis milliardaires... c'est vraiment dur d'aimer ce gars».