La cour suprême israélienne a donné mercredi soir sa bénédiction à un gouvernement d'union entre le premier ministre Benyamin Netanyahou et son rival Benny Gantz, mettant fin à la plus longue crise politique du pays. Les deux hommes doivent prêter serment le 13 mai.
La cour suprême, saisie par une partie de l'opposition et des ONG, devait se prononcer sur la légalité de l'accord de gouvernement et notamment sur la possibilité pour Benyamin Netanyahou de diriger le pays malgré son inculpation pour corruption.
Or, la plus haute juridiction du pays a annoncé tard en soirée son rejet, à «l'unanimité» des onze juges, de l'ensemble des plaintes contre l'accord qui faisait toutefois l'objet de débat dans la nuit de mercredi à jeudi à la Knesset, le Parlement israélien.
«Nous n'avons trouvé aucune raison légale empêchant la formation d'un gouvernement par le premier ministre Netanyahou [...!, mais cette conclusion à laquelle nous sommes parvenus ne diminue en rien la gravité des charges contre le premier ministre» sortant, ont indiqué les juges.
Netanyahou maintenu
Ce gouvernement «d'union et d'urgence» prévoit le maintien de Benyamin Netanyahou à la tête du gouvernement pour 18 mois, suivi ensuite de Benny Gantz pour une période équivalente, ainsi qu'un programme pour l'annexion de pans de la Cisjordanie occupée par Israël.
L'accord a surpris une partie de la classe politique. Il a été fustigé par des ONG locales qui l'ont contesté jusqu'à la cour suprême. Pour elles, M. Netanyahou ne peut diriger le prochain gouvernement en raison de ses ennuis avec la justice et des dispositions de l'accord violent les lois fondamentales, l'équivalent de la constitution en Israël.
Lors des audiences dimanche et lundi, diffusées en direct sur les chaînes locales, les juges au visage camouflé par des masques sanitaires ont suggéré une série de changements à l'accord. Aussitôt, les camps Netanyahou et Gantz sont retournés à la table pour modifier ici une virgule, là une clause, ailleurs une disposition.
La Knesset, le Parlement israélien, a indiqué qu'environ 1000 demandes de modifications avaient été formulées. Et dans la nuit de mercredi à jeudi les députés votaient et débattaient toujours d'aspects de l'accord.
Coronavirus
Mais l'approbation de l'accord par les parlementaires ne devrait pas poser de problèmes outre mesure, car le Likoud (droite) de Benyamin Netanyahou et la formation centriste «Bleu-Blanc» de Benny Gantz disposent avec leurs alliés respectifs d'une majorité de sièges au Parlement.
Les deux dirigeants n'ont d'ailleurs pas attendu la fumée blanche de la Knesset pour annoncer la prestation de serment du prochain gouvernement le 13 mai prochain et ainsi mettre un terme à plus de 16 mois d'une saga politique brodée de rebondissements.
Après ces mois de crise, Benny Gantz avait accepté de former une coalition avec son rival, malgré son inculpation, afin de permettre à Israël de traverser la pandémie due au coronavirus qui a désormais contaminé environ 16'000 personnes, dont 235 sont décédées, et fait bondir le chômage de 3,4% à 27%.
Mais ces dix derniers jours, Benyamin Netanyahou a multiplié les annonces de déconfinement, ce qui fait dire à l'opposition que la nécessité pour cet accord n'est plus d'actualité.
«Une mère célibataire avec deux enfants, qui vit dans un appartement loué et a perdu son emploi se retrouvera à la rue le mois prochain», a déclaré Yaïr Lapid, ex-allié de Benny Gantz hostile à l'accord. «C'est à cela que nous devrions nous attaquer, et non pas à quel politicien obtient quel emploi».
La pandémie avait forcé le report à la fin mai du procès de Benyamin Netanyahou pour corruption, abus de confiance et malversations dans une série d'affaires. Si ce dernier conserve son titre de premier ministre, il deviendra toutefois le premier chef de gouvernement en fonction de l'histoire d'Israël à comparaître dans son procès pour corruption.
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