Climat Accord trouvé à la conférence de Katowice

ATS

16.12.2018 - 01:24

Le coup de marteau du président de la conférence, le Polonais Michal Kurtyka, a été accueilli par une standing ovation.
Le coup de marteau du président de la conférence, le Polonais Michal Kurtyka, a été accueilli par une standing ovation.
Source: Compte twitter @UNFCCC

La communauté internationale a doté samedi l'accord de Paris sur le climat des outils qui lui donneront vie. Mais elle ne s'est pas engagée à faire plus et plus vite contre le réchauffement climatique malgré l'urgence.

Préparé pendant trois ans et finalisé ces 14 derniers jours - et quelques nuits - de négociations tendues, ce "mode d'emploi" d'une centaine de pages fixe notamment les modalités de suivi des actions nationales. Une flexibilité a été accordée aux pays en développement.

Au total, vingt décisions et directives qui précisent la mise en œuvre de l'accord de Paris ont été adoptées par les délégations de 196 pas. Pour les représentants de la Suisse, l'ensemble de ces dispositions est suffisant pour garantir la transparence nécessaire au développement d'une action efficace dans le domaine climatique, s'est félicité l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) dans un communiqué.

Interrogé par l'agence de presse Keystone-ATS, M. Perrez se dit satisfait, mais pas euphorique. Le chef de la délégation suisse se félicite en particulier que des règles juridiquement contraignantes aient été adoptées par tous les Etats pour clarifier les réductions d'émissions de CO2 auxquelles les pays développés et les pays en voie de développement ont dû adhérer. "C'est un grand succès", selon lui.

Des règles extrêmement pratiques ont en outre été trouvées pour l'examen technique, a-t-il ajouté. Ces règles prévoient que les pays soumettent tous les deux ans un rapport expliquant leurs actions, soumis à l'évaluation d'experts, mais sans pouvoir ouvrir la voie à des sanctions.

"Une bonne nouvelle"

Ce manuel d'utilisation "est suffisamment clair pour opérationnaliser l'accord de Paris et c'est une bonne nouvelle", a de son côté commenté la ministre espagnole de l'environnement Teresa Ribera. "Dans les circonstances actuelles, continuer à construire notre bâtiment est déjà une réussite", a-t-elle ajouté, même si elle aurait aimé des "messages beaucoup plus forts" sur l'ambition.

Le WWF Suisse parle pour sa part d'un résultat "bon et important". La conférence "a comblé les attentes avec un bon manuel", ajoute-t-il dans un communiqué.

Il regrette toutefois qu'un chapitre important reste ouvert: les règles pour les réductions d'émissions de gaz à effet de serre faites à l'étranger. La Suisse mise énormément sur l'achat de certificats d'émission, au lieu de tenter de réduire ses émissions de gaz à effet de serre chez elle, ajoute le WWF Suisse.

Blocage brésilien

Les discussions sur ce point ont bloqué pendant des heures samedi la conclusion des travaux, le Brésil menant la contestation. Ce sujet très technique vise à empêcher que des réductions d'émissions soient comptées deux fois, lorsque celles-ci sont incluses à la fois par le pays concerné et par le pays acheteur. Le coeur de ce point a été retiré du texte adopté.

Les travaux sur ces règles se poursuivront l'année prochaine, souligne l'OFEV. Avec le Groupe de l'Intégrité Environnementale qu'elle dirige, la Suisse s'est fortement engagée pour que des règles "robustes" soient établies dans ce domaine et a refusé une proposition qui aurait conduit à un affaiblissement des éléments définis dans l'accord, ajoute-t-il.

Plus globalement, la décision finale de la COP24 "répète la demande de mise à jour" des engagements d'ici 2020, déjà formulée dans l'accord de Paris. Elle "insiste sur l'urgence d'une ambition accrue", sans calendrier.

Financement

Le financement des politiques climatiques est l'autre préoccupation des pays pauvres, notamment la manière dont va s'organiser la montée des fonds promis par le Nord à partir de 2025.

Alors que les pays du Nord ont promis de passer leur aide climat à 100 milliards de dollars par an d'ici 2020, quelques pays comme l'Allemagne ont annoncé de nouvelles contributions, notamment au Fonds vert. Et la Banque mondiale a promis 200 milliards de dollars pour la période 2021-2025.

"Mais il est clair qu'il faudra aller au-delà et faire davantage d'annonces concrètes pour convaincre les pays en développement qu'ils seront soutenus dans leurs efforts pour la transition bas carbone", souligne David Levaï, de l'institut des relations internationales (IDDRI).

L'accord de Paris vise à limiter la hausse de la température mondiale à moins de deux degrés Celsius par rapport à l'époque préindustrielle. Il y a quelques semaines, les scientifiques du GIEC tiraient la sonnette d'alarme: dans un monde à +2 degrés, les impacts seraient bien plus importants que dans un monde à +1,5 degré, limite idéale de l'accord.

Mais pour rester sous +1,5 degré, il faudrait réduire les émissions de CO2 de près de 50% d'ici 2030 par rapport à 2010, alors que les engagements actuels des Etats annoncent un monde à +3 degrés, avec son lot de tempêtes, sécheresses, inondations...

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