Harcèlement sexuelAccusé de harcèlement sexuel, Andrew Cuomo accablé par une enquête
ATS
3.8.2021 - 19:21
Populaire durant la pandémie, le gouverneur de New York Andrew Cuomo a été accablé mardi par les conclusions d'une enquête indépendante. Celle-ci l'accuse d'avoir harcelé sexuellement plusieurs femmes et institué une culture de la peur au sein de son administration.
03.08.2021, 19:21
03.08.2021, 19:56
ATS
«L'enquête indépendante a conclu que le gouverneur Andrew Cuomo a harcelé sexuellement plusieurs femmes et, ce faisant, a violé la loi fédérale et celle de l'Etat», a affirmé la procureure de l'Etat de New York, Letitia James, lors d'une conférence de presse, ajoutant qu'il y avait parmi les victimes d'"anciennes et actuelles» fonctionnaires de l'Etat.
Interrogée pour savoir s'il devait démissionner, elle a ajouté: «la décision appartient au gouverneur de l'Etat de New York. Le rapport parle pour lui-même». Néanmoins, Letitia James a précisé que l'affaire était «de nature civile et n'a pas de conséquences au niveau criminel».
Appels à la démission
«Baisers et étreintes non désirées», «commentaires inappropriés», gestes déplacés, l'énumération des actes attribués au gouverneur, en place depuis 2010 et âgé de 63 ans, est accablante. Son équipe a rapidement annoncé que le gouverneur, qui avait déjà refusé de démissionner et avait nié les accusations, répondrait à 13h.
Mais les appels à la démission n'ont pas tardé. «Le comportement du gouverneur souligné par ce rapport ne correspond pas à quelqu'un qui correspond à cette fonction», a très rapidement réagi le chef de file des démocrates à la chambre basse de l'Etat de New York, Carl Heastie, qui avait déjà lâché le gouverneur à cause de cette affaire.
«Il y a onze plaignantes dont les allégations sont exposées de manière très détaillée dans le rapport. Neuf d'entre elles sont ou étaient employées par l'Etat de New York ou une entité affiliée à l'État», a expliqué l'un des deux responsables de l'enquête indépendante, Joon Kim, qui s'exprimait aux côtés de Letitia James.
«Représailles»
Selon les conclusions de l'enquête, le gouverneur et des membres de son staff ont «aussi pris des mesures de représailles à l'encontre d'au moins une employée pour avoir témoigné».
«L'équipe exécutive du gouverneur a favorisé un environnement de travail toxique qui a rendu possible le harcèlement et une ambiance de travail hostile», a ajouté le bureau de la procureure de l'Etat. «C'était une culture où vous ne pouviez pas dire non au gouverneur», a résumé Joon Kim. Andrew Cuomo avait longuement été entendu par les enquêteurs le 17 juillet.
Homme politique expérimenté, Andrew Cuomo était devenu une figure pendant la pandémie de Covid-19, beaucoup reconnaissant sa compétence et sa poigne pour gérer la situation lorsque New York et sa région avaient été l'épicentre de la crise, au printemps 2020.
Position fragilisée
Certains avaient même poussé Andrew Cuomo, fils de gouverneur, ex-ministre du gouvernement de Bill Clinton et ami de Joe Biden, à briguer la Maison Blanche. Mais un an plus tard, sa position avait été fragilisée par les premières accusations de harcèlement sexuel.
Une ex-conseillère économique, Lindsey Boylan, avait affirmé que le gouverneur l'avait embrassée sur la bouche de façon non sollicitée et qu'il aurait suggéré qu'elle joue avec lui au «strip poker», quand elle travaillait avec lui entre 2015 et 2018. Puis une autre ex-collaboratrice, Charlotte Bennett avait affirmé que le gouverneur lui avait fait des avances qui l'avaient mise «mal à l'aise» au printemps 2020.
Quelques jours après, Anna Ruch, 33 ans, qui n'a jamais travaillé avec lui, avait affirmé au New York Times qu'il l'avait «choquée» en voulant l'embrasser contre son gré lors d'un mariage en 2019.