Adolescent tué en FrancePolicier présenté à un juge, violences lors d'une marche blanche
ATS
29.6.2023 - 18:45
Un policier français a été inculpé jeudi pour homicide volontaire et placé en détention provisoire 2 jours après la mort, près de Paris, d'un adolescent. Celle-ci a entraîné 2 nuits de violences et une marche blanche jeudi, achevée dans la confusion et des heurts.
29.06.2023, 18:45
29.06.2023, 22:31
ATS
La marche en hommage au jeune homme de 17 ans avait débuté vers 14h00 à Nanterre (département des Hauts-de-Seine, à l'ouest de Paris), où il est décédé, atteint au thorax par un tir du policier.
La mère de la victime, sur une camionnette, portant un tee-shirt «Justice pour Nahel», avait ouvert le défilé, qui a réuni 6200 personnes, selon une source policière. Elles se sont rendues sur les lieux du drame pour y observer une minute de silence.
Heurts, gaz lacrymogène
Mais la manifestation s'est terminée dans la confusion, avec des heurts, des tirs de gaz lacrymogène et de fusées d'artifice, quelques feux et du mobilier urbain détruit. Plusieurs voitures ont été incendiées, a constaté l'AFP.
Dans la matinée, le procureur de la République de Nanterre Pascal Prache a annoncé que le policier, un motard de 38 ans, allait être présenté à deux magistrats instructeurs en vue de son inculpation, précisant que le Parquet considérait «que les conditions légales d'usage de l'arme (n'étaient) pas réunies».
«Le policier déféré ce jour dans le cadre d'une ouverture d'information judiciaire pour homicide volontaire a été mis en examen de ce chef et placé en détention provisoire», a ensuite communiqué le Parquet.
«Déclarations mensongères»
Un avocat de la famille, Yassine Bouzrou, a déploré que le procureur ait «occulté la possible complicité d'homicide volontaire du second policier et les possibles faux en écritures publiques résultant des déclarations mensongères initiales du tireur, qui avait formellement affirmé que le jeune Nahel avait tenté de lui foncer dessus avec le véhicule».
Selon une vidéo authentifiée par l'AFP, un des deux policiers tenait Nahel en joue, puis a tiré à bout portant. Sa mort a été suivie d'une flambée de violences, notamment en région parisienne, encore montée d'un cran dans la nuit de mercredi à jeudi.
Violences «injustifiables»
Devant les façades de mairies noircies par les flammes, les nombreuses carcasses calcinées de voitures et l'odeur de brûlé qui flottait au petit matin dans de nombreuses villes de France, le président Emmanuel Macron a dénoncé des violences «injustifiables», contre «les institutions et la République».
Des écoles, médiathèques et commissariats ont été visés, ainsi que des bus en région parisienne. En réponse à cette situation, une ville des Hauts-de-Seine, Clamart, a annoncé jeudi l'instauration d'un couvre-feu de 21h00 à 06h00, de jeudi à lundi matin.
Par ailleurs, dans toute la région parisienne, bus et tramways, pris pour cibles dans la nuit de mercredi à jeudi, cesseront de circuler à partir de 21h00 jeudi.
«Que cela cesse»
Le chef de l'Etat a convoqué dans la matinée une cellule interministérielle de crise, pour tenter d'éviter la réédition d'émeutes qui avaient éclaté en novembre 2005 dans les quartiers populaires, après la mort de deux adolescents, électrocutés dans un transformateur alors qu'ils s'y cachaient de la police.
Le gouvernement a assuré que le déclenchement de l'état d'urgence, réclamé par certaines voix à droite, n'était «pas une option envisagée aujourd'hui».
Gérald Darmanin a annoncé la mobilisation jeudi soir de 40'000 policiers et gendarmes, dont 5'000 à Paris (contre 2.000 la nuit passée).
«Il faut que tout cela cesse», a déclaré le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti, qui s'est rendu dans une prison de la région parisienne, attaquée au mortier d'artifice par des personnes encagoulées.
Treize décès en 2022
Le drame à l'origine de l'embrasement s'est produit lors d'un contrôle de police de la voiture conduite par Nahel, connu pour des refus d'obtempérer. Le précédent lui avait valu une présentation au parquet dimanche dernier, en vue d'une convocation en septembre devant un tribunal pour enfants.
L'affaire a relancé la controverse sur l'action des forces de l'ordre en France, où un nombre record de 13 décès a été enregistré en 2022 après des refus d'obtempérer.