Affaire QuatennensLes violences conjugales plongent la gauche dans la tourmente
ATS
20.9.2022 - 20:21
Les violences faites aux femmes continuent de plonger la gauche dans la tourmente: après les critiques par Elisabeth Borne de Jean-Luc Mélenchon, la cheffe des députés Renaissance a demandé à LFI qu'Adrien Quatennens ne vienne plus dans l'hémicycle, tandis qu'EELV a dû expliquer sa gestion du cas Julien Bayou.
Keystone-SDA
20.09.2022, 20:21
ATS
Interrogée sur M. Mélenchon, la première ministre a jugé «évidemment extrêmement choquant d'avoir quelqu'un qui banalise les violences intra-familiales».
Elle ciblait la réaction, controversée jusqu'au sein de La France insoumise, de l'ex-candidat à la présidentielle au retrait de la coordination d'Adrien Quatennens, qui a avoué dimanche des violences conjugales.
Jean-Luc Mélenchon avait dénoncé dans un tweet «la malveillance policière, le voyeurisme médiatique, les réseaux sociaux», saluant en revanche la «dignité» et le «courage» de M. Quatennens. Avant de tenter de corriger le tir dans un deuxième tweet: «Une gifle est inacceptable dans tous les cas. Adrien l'assume. C'est bien».
Devant la presse en début de soirée mardi, la présidente des députés Renaissance Aurore Bergé a jugé qu'à partir du moment où Adrien Quatennens a «reconnu des violences», il n'a «pas sa place dans l'enceinte d'un hémicycle».
La députée de Paris Danièle Obono a, sur BFMTV, indiqué qu'Adrien Quatennens serait «en retrait de son travail parlementaire» mais «pas interdit d'hémicycle».
Malaise
Dans une tribune publiée dans Libération, 550 militantes féministes, encartées pour certaines dans des partis de gauche, «exigent qu'il démissionne de son mandat parlementaire, et que la cellule de LFI envisage sérieusement tous les degrés de sanctions disponibles».
Elles estiment en effet que «les agresseurs et auteurs de violences ne peuvent pas représenter nos combats politiques».
Sommées de répondre sur M. Mélenchon et la gestion de LFI, qui essuie sa troisième affaire de moeurs en un an après les affaires Coquerel et Bouhafs, des députées insoumises n'ont pas caché leur malaise en conférence de presse mardi matin.
Clémentine Autain a estimé qu'il fallait reconnaître la «complexité» de telles situations, nécessitant de respecter la présomption d'innocence des mis en cause, de prendre en compte la difficulté sur le plan «humain» de traiter le cas de «camarades» ou encore le respect des victimes.
Danièle Obono a souligné que les députés LFI allaient assister à une formation «obligatoire» sur les violences sexistes et sexuelles lors de leurs journées parlementaires de jeudi et vendredi.
D'une affaire à l'autre?
L'affaire a eu un effet domino chez les écologistes. Sandrine Rousseau a ainsi accusé lundi Julien Bayou, secrétaire national d'EELV, de «comportements de nature à briser la santé morale des femmes».
Elle a raconté avoir «reçu longuement» chez elle une ex-compagne «très déprimée» de M. Bayou qui a même tenté de mettre fin à ses jours, a-t-elle dit sur France 5..
L'éco-féministe a assuré qu'"elles sont manifestement plusieurs» à être concernées par ces comportements, évoquant une «enquête journalistique en cours».
Après une réunion du groupe écologiste à l'Assemblée nationale consacrée en partie à rien moins que son co-président, EELV a écarté l'idée que sa cellule interne sur les violences et harcèlements sexuels, «saisie en juillet 2022 pour un signalement concernant Julien Bayou», soit trop lente.
«Lorsqu'elles seront portées à sa connaissance, EELV suivra les recommandations de la cellule», a promis le parti.
La numéro 2 des Verts Sandra Regol a argué que Julien Bayou observait déjà une période de mise en retrait en attendant les conclusions de la cellule interne. M. Bayou a néanmoins prononcé le discours de rentrée puis tenu un point presse aux journées d'été du parti fin août à Grenoble.