CoronavirusAfrique: la pandémie fera plus de victimes de malaria que du Covid
sn, ats
30.11.2020 - 01:01
La pandémie va faire cette année plus de victimes de la malaria que du Covid-19, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Elle anticipe entre 40'000 et 50'000 décès supplémentaires de cette pathologie en raison des perturbations liées au coronavirus.
Selon les estimations dévoilées lundi à Genève par l'OMS, l'étendue de ces perturbations est encore incertaine. Si l'accès aux soins diminue de 15%, 28'000 décès supplémentaires devraient être observés. Avec un recul de 50%, ils seraient alors 90'000.
L'OMS estime toutefois probable que les victimes additionnelles seront un peu plus de 40'000 et viendront s'ajouter aux 390'000 déjà anticipées. Mais au début de la pandémie, l'OMS alertait sur la menace d'un doublement des décès.
Depuis, les effets de la pandémie sur les soins et la prévention ont pu être atténués malgré les perturbations sur l'approvisionnement. «Des dizaines de milliers de personnes ont été sauvées», a affirmé à la presse le directeur du programme mondial sur la malaria à l'OMS, Pedro Alonso. Mais le taux de mortalité pour mille habitants exposés reste très supérieur aux objectifs.
Vaccin dans trois Etats
En revanche, la vaccination testée dans trois pays a pu se poursuivre. Celui-ci permet de réduire l'infection dans 40% des cas. Plus de 500'000 enfants l'ont reçu. D'autres vaccins sont candidats mais n'ont pas encore atteint les tests cliniques de phase 3.
La situation reste très préoccupante dans les pays où cette maladie est endémique, a fait remarquer de son côté la directrice de l'organisation pour l'Afrique Matsidhiso Moeti. «Chaque année, elle fait perdre 1,3%» à l'économie de la région, un chiffre qui va s'étendre avec le Covid-19, selon elle.
Un tiers de femmes enceintes sont infectées dans des dizaines de pays. Les enfants sont aussi très affectés. Le directeur général de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus appelle les dirigeants africains et des autres régions à de nouveaux efforts.
Cette année, le taux d'incidence devrait s'établir à 56 pour mille habitants exposés, loin de l'objectif de 35 pour mille. En 2019, le nombre de cas avait un peu augmenté pour s'établir à environ 230 millions et celui des décès a dépassé 400'000.
Milliards de dollars mais insuffisants
En une vingtaine d'années, l'incidence a reculé de 30%. Au total, 1,5 milliard de cas et 7,6 millions de décès ont pu être évités, soit une baisse de 60%. Près de 85% des malades et plus de 90% des victimes ont été observées en Afrique.
Pour autant, la situation est en retard par rapport aux objectifs établis en 2016 pour 2030. Ceux-ci prévoyaient une diminution de la mortalité de 40% d'ici cette année, alors que le recul n'est que de 18%. De même que pour l'incidence, là où elle n'a diminué que de 3%. En revanche, l'élimination dans dix pays atteints et l'absence d'un retour dans ceux libérés de malaria devraient être honorées.
Egalement selon l'OMS, le financement insuffisant menace davantage d'avancées. Plus de 3 milliards de dollars au total ont été dépensés l'année dernière, dont 1,2 milliards injectés par le Fonds mondial, mais loin des 5,6 milliards prévus, déplore l'organisation.