Allemagne «AKK» fait taire les critiques à la CDU

ATS

22.11.2019 - 17:41

«Remontons nos manches et commençons à travailler», a lancé Annegret Kramp-Karrenbauer aux délégués de la CDU réunis à Leipzig.
«Remontons nos manches et commençons à travailler», a lancé Annegret Kramp-Karrenbauer aux délégués de la CDU réunis à Leipzig.
Source: KEYSTONE/EPA/CLEMENS BILAN

La présidente des conservateurs allemands Annegret Kramp-Karrenbauer, considérée comme une dauphine d'Angela Merkel, a réussi vendredi à faire taire les critiques à son égard. Elle s'est momentanément assurée la loyauté de son parti en menaçant de démissionner.

En posant cette «question de confiance» dès l'ouverture d'un congrès du Parti démocrate-chrétien (CDU), celle que l'on désigne sous ses initiales AKK, a repris la main après des mois très compliqués pour elle: la favorite d'Angela Merkel a souvent paru au bord de la rupture face à ses détracteurs, qui doutent de sa capacité à succéder au plus tard fin 2021 à la chancelière.

Cette passe d'armes illustre plus généralement les difficultés qu'éprouve le premier parti d'Allemagne à gérer «l'après-Merkel», dans un contexte de recul électoral continu, notamment au profit de l'extrême droite dans le pays. Si le parti ne partage pas sa vision de l'Allemagne et son cap politique, «alors arrêtons dès aujourd'hui, ici et maintenant», a lancé à Leipzig la présidente, tenante d'un cap modéré.

Les délégués lui ont répondu par une ovation debout de près de sept minutes, signifiant qu'il n'était pas question à ce stade de la voir partir, à peine un an après sa prise de fonction à la tête de la CDU en remplacement d'Angela Merkel. «On décidera l'an prochain du candidat à la chancellerie, mais aujourd'hui, Annegret Kramp-Karrenbauer s'est clairement positionnée», a indiqué un militant local de Bergisch Gladbach, près de Cologne.

Bilan de Merkel défendu

Face aux critiques récurrentes, y compris en interne, «AKK» a défendu l'héritage d'Angela Merkel au pouvoir depuis 14 ans, jour pour jour. Désavouer ce bilan revient à «dire aux citoyens que tout était négatif ces 14 dernières années», a-t-elle argué. «Ce n'est pas une stratégie électorale à succès», a-t-elle prévenu.

Celle qui est aussi ministre de la Défense est sous pression suite à des claques électorales ces derniers mois au profit des Verts lors des européennes, puis de l'extrême droite lors de scrutins régionaux dans l'ex-RDA. Elle est au plus bas dans les sondages de popularité.

Lors du congrès, la chancelière lui a discrètement apporté son soutien. Mais signe des tensions au sein du parti, six motions réclamant l'organisation de primaires pour désigner le candidat à la chancellerie lors des prochaines élections ont été déposées.

Il s'agit d'un tabou à la CDU, où cette question a toujours été réglée loin des militants. Et d'un affront pour AKK, qui en tant que présidente peut logiquement prétendre à la chancellerie. Elle a aussi perdu en crédibilité après plusieurs dérapages, parmi lesquels une attaque contre la liberté d'expression sur internet.

Pour beaucoup en interne, la solution passe par un état des lieux sans états d'âme avec le gouvernement actuel de coalition entre conservateurs et sociaux-démocrates, très impopulaire.

Loyauté

C'est en tous les cas le calcul de Friedrich Merz, avocat de 64 ans et vieil ennemi de la chancelière. Il fut battu de justesse il y a un an par AKK pour la présidence du parti mais n'a pas renoncé à ses ambitions et attend son heure. Ce partisan d'un net virage à droite, pour récupérer les électeurs conservateurs votant désormais pour l'extrême droite, a jugé récemment «nullissime» l'image donnée par l'exécutif et reproché à Angela Merkel un «leadership défaillant».

Vendredi, il a préféré faire allégeance. «Nous sommes loyaux envers notre présidente, la direction de notre parti et le gouvernement», a-t-il dit, louant le discours «combattif, courageux et tourné vers l'avenir» d'AKK. Tous les prétendants à la chancellerie ont encore besoin de temps pour préparer l'après Merkel, et dans ce contexte, une fin prématurée du gouvernement actuel de coalition paraît aujourd'hui improbable.

Car ni les conservateurs ni le SPD en pleine crise n'ont intérêt à des élections anticipées qui les sanctionneraient, au vu des sondages, de nouveau au profit de l'extrême droite et des Verts.

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