Manifestations «Alertes féministes» contre l'extrême droite en France

ATS

23.6.2024 - 18:22

«Alertes féministes contre l'extrême droite»: des dizaines de milliers de personnes, selon associations et syndicats, ont manifesté dimanche à Paris et en France pour dénoncer le «danger» pour les droits des femmes que représenterait une victoire du RN, à une semaine des législatives.

Associations féministes, syndicats et ONG dénoncent le «féminisme de façade» de l'extrême droite, accusations rejetées par le Rassemblement national (RN), qui fustige des «caricatures».
Associations féministes, syndicats et ONG dénoncent le «féminisme de façade» de l'extrême droite, accusations rejetées par le Rassemblement national (RN), qui fustige des «caricatures».
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Dans la capitale, selon l'estimation des organisateurs, «75'000 personnes» ont défilé sous le soleil entre République et Nation à l'appel de plus de 200 associations (Fondation des femmes, Planning familial, #Noustoutes...), ONG (Oxfam, France Terre d'Asile...) et syndicats (CGT, CFDT...).

A 17h00, les autorités n'avaient pas communiqué de chiffrage pour Paris mais, en régions, 14'000 manifestants ont été recensés dans 41 rassemblements, selon une source policière.

Associations féministes, syndicats et ONG dénoncent le «féminisme de façade» de l'extrême droite, accusations rejetées par le Rassemblement national (RN), qui fustige des «caricatures».

«Quand je vois l'historique du parti, on ne peut pas dire qu'il défend les femmes. Il faut rappeler que ce sont eux qui ont parlé d'avortement de confort, qui attaquent sans cesse le Planning familial», a fustigé Morgane Legras, 28 ans, militante à #Noustoutes et ingénieure dans le nucléaire, dans le cortège à Paris.

Stéphanie, 51 ans, qui «ne manifeste jamais d'habitude», s'est mobilisée face à «une vraie menace». À ses côtés, l'une de ses deux filles, Héloïse, 11 ans, tee-shirt kaki barré de l'inscription «mes libertés en danger» avec le sigle RN barré.

«Un ripolinage»

L'«alerte féministe» s'est matérialisée symboliquement par une alarme et des sifflets activés par les manifestants arborant pour beaucoup du violet, une couleur emblématique du féminisme.

Avec dans le cortège parisien, des pancartes «Ni mari ni patron, ni Marine ni Macron», «le machisme fait le lit du fascisme», et dans la sono un tube de Clara Luciani, co-signataire avec plusieurs centaines d'artistes d'une tribune appelant à faire barrage à l'extrême droite.

Dans la foule, une majorité de femmes mais aussi des hommes, voire quelques garçons avec leur mère.

Suzy Rojtman, porte-parole du Collectif national pour les droits des femmes et militante depuis 1974, a pointé l'importance d'"alerter la population des femmes, mais pas que, contre une imposture, un ripolinage» du RN sur les droits des femmes.

«À chaque fois que l'extrême droite arrive au pouvoir quelque part, elle s'attaque au droit à l'avortement, je ne vois pas pourquoi il y aurait une exception française», a déclaré à la presse Sarah Durocher, présidente du Planning Familial.

Les leaders de la CFDT Marylise Léon, de la CGT Sophie Binet, du Snes-FSU Sophie Venetitay ont aussi défilé à Paris pour dénoncer «le véritable visage du RN», comme l'Insoumise Clémentine Autain, l'ex-ministre Najat Vallaud Belkacem ou l'actrice Corinne Masiero, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Egalement présente, l'actrice Judith Godrèche, engagée contre les violences sexuelles et sexistes.

«Se mobiliser»

À Bordeaux, quelque 2000 manifestants selon la préfecture se sont retrouvés derrière une banderole «L'extrême droite doit reculer, pas nos droits».

«Evidemment que nos droits sont menacés, mais ils l'étaient déjà avec la droite conservatrice. Le plus important, c'est de se mobiliser», a expliqué à l'AFP Vanessa Laboutade, 49 ans, militante de gauche et membre du Collectif contre les abus policiers CLAP33.

A Toulouse, entre 880 personnes, selon la préfecture, et 1500, selon les organisateurs, ont manifesté dans une ambiance festive. «Femme et jeune, la double peine» ou «Lesbiennes contre le fascisme», pouvait-on lire sur des pancartes.

«Le RN est contre les femmes, il incite à la haine. Il est contre l'avortement. Des choses dont on ne devrait même pas discuter à notre époque», a déclaré Sarah, 33 ans.

Ils étaient aussi quelques centaines à Rennes et à Strasbourg (450 selon la préfecture) avec parmi eux Christine Poret 65 ans, enseignante à la retraite, qui estime que le RN souhaite «la domestication de la femme, (...) le retour de la femme dans ses fonctions primaires, biologiques».

Pointé du doigt, le Rassemblement national a dénoncé cette semaine des «caricatures» et des «mensonges». Dans une vidéo adressée à «toutes les femmes de France», son président Jordan Bardella a accusé mardi «l'extrême gauche» de «s'arroger le monopole des droits des femmes».